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Je l’ai rêvé, il va le faire.

Françaises, Français

Je vous ai compris. Je viens de battre le Front National à plate couture. J’ai enfin réglé le problème. Le fascisme n’est plus à nos portes (jusqu’à la prochaine fois). Nous n’avons pas eu à prendre les armes, d’ailleurs mes amis ont montré leur pacifisme aux moments les plus durs de notre histoire.

Plutôt le marché que l’ultra marché. Nous pouvons désormais reprendre le fil, un temps interrompu, de la seule politique possible, le néolibéralisme décomplexé, cette politique qui depuis les « Chicago boys » au Chili de Pinochet a permis à dames et sieurs Reagan, Thatcher, Gonzalez, Sarkozy, Merkel, Valls, Hollande, El Khomri, d’éviter le pire à leur peuple : « l’extrême gauche », le « populisme », le « castro-chavisme », tous ces uberlulus qui croient en ces vieilles lunes de la « révolution » et de la lutte des classes.

Moi je suis contre l’affrontement des classes en primaire et en secondaire. Les meilleurs élèves, doués par naissance, doivent le rester. Quant à la révolution, si elle permet à des sans dents de vivre avec dentier et comme un rentier, avec un SMIC par jour, je m’y oppose. Que se mettront les autres sous la dent ? Ne confondons pas « cent dents » et « sans argent ». Ne confondons pas justice sociale et laxisme, progrès et charité, richesse et patrimoine, souffrance et jouissance, ENA et ETNA, douleur et masochisme, colère et terrorisme. Le laxisme peut opérer comme un laxatif et faire le jeu « des extrêmes », une expression que j’aime bien, mais je me garde bien de bien l’expliciter.

Je vous ai compris. Fort de votre immense adhésion, de ce flot ininterrompu vers le seul sauveur qui m’aille, sans autre barrage que mon aspect popu, je défendrai les acquis de mes amis. A la force du poignet, ils se les ont gagné. Respectons donc, et donc, et encore donc, la finance et la propriété d’autrui si nous voulons être respectés. Moi, produit du système, c’est parce que j’en connais les entrailles que je suis devenu un anti-système systémique, partisan de le changer afin qu’il reste en place. Je sais : il faut beaucoup de soumission pour faire un peuple libre.

Comptez sur ma soumission à nos amis trumpistes et merkéliens, aux guerres du pétrole. François m’a montré le chemin. « Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent ». Sartre vous ment.

Je vous ai compris. Je vais désormais tomber le masque et montrer mon vrai visage. Avec moi et même, qui mieux est, de surcroît, et en plus, avec moi, nous irons tous au pays des bisounours, des réformes généreuses en forme de bulles financières, des réformes équilibrées mais douloureuses, oui, mais pour votre bien demain, oui, pour votre bien demain ; un pays de l’administration enfin au travail, avec moins d’effectifs, cela cent ans, une économie de la flexibilité pour mieux presser et jeter ces poids morts : les flexibles, les tire au flanc, les précaires, les retraités, les immigrés... Le 49-3 deviendra le 98-6 pour davantage de démocratie et moins de rigidité. Je vais réconcilier la France.

Je vous ai compris. Avec modestie, sans morgue ni arrogance, j’opèrerai la seule révolution qui vaille : une révolution conservatrice afin de conserver nos acquis : le MEDEF, le CAC 40, les grands groupes éditoriaux, le mentir médiatique, les régimes spécieux, les banquiers d’affaires, le code de la richesse...

Comment donner la pièce aux salariés si ceux qui entreprennent, nos forces vives, ne réalisent pas des profits copieux ? Il faut bien qu’ils mangent et qu’ils nourrissent des millions de pauvres hères. D’ailleurs Jaurès lui même défendait l’entreprise, comme je l’ai dit à Albi, patrie de Pompidou, et qui n’est pas une île. Albi, pas Pompidou. Malgré les sbires de cette CGT dont j’aimerais tant me débarrasser, j’ai pu m’esbaudir devant « la Goulue » au musée Lautrec. Goulue, goulus goulus mes amis.

Je vous ai compris. Comme promis, je m’attaquerai au problème des banlieues, ces territoires d’Outre France, hors la loi, qui doit être la même pour tous... Je m’engage à ripoliner toutes les façades et à apprendre les bonnes manières à ces si mal polis, ces barbares à nos bas de portes. Par ordonnance, dès cet été, je supprimerai le « tombé du camion ». Les camions seront désormais déchargés par du personnel qualifié et cela créera 136.798 emplois.

Enfin, je serai le guide si jeune (l’âge du Christ lorsqu’il rendit l’âme, ou presque), si blême, d’une France enfin sans faim.

« Je l’ai rêvé cette nuit, il va le faire ».

P.S. Toute ressemblance avec des faits et personnes existantes est vraiment fortuite. Le droit à la fiction m’apparaît inaliénable.

Jean ORTIZ

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