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Cuba : Pourquoi blocus et pas embargo ?

Même si, formellement, le blocus total contre Cuba fut imposé par les États-Unis le 7 février 1962, déjà en 1959 notre pays était victime des politiques de blocus

LES actions hostiles du gouvernement des États-Unis contre Cuba n’entrent pas dans la définition d’ « embargo ». Au contraire, elles dépassent le sens étroit du mot et typifient un « blocus » qui en réalité cherche l’isolement, l’asphyxie, à encercler et harceler Cuba dans le but délibéré d’étouffer le peuple cubain et de le pousser à renoncer à sa décision de rester souverain et indépendant. Ces visées constituent précisément des éléments cardinaux dans le concept de « blocus », qui signifie siège, coupure de toute communication avec l’extérieur, isolement, autrement dit une guerre d’usure imposée pour d’obtenir une capitulation par la force ou par la famine.

Depuis la Conférence navale de Londres, en 1909, le blocus est considéré par le Droit international comme « un acte de guerre ». Et en tant que tel, il ne peut être utilisé que par les pays belligérants. Par ailleurs, aucune norme du Droit international ne justifie le dénommé « blocus pacifique » tel qu’il fut employé par les puissances coloniales au 19e siècle.

Ce concept controversé n’est pas non plus de tradition dans le Droit international accepté par les États-Unis d’Amérique, mais les autorités de ce pays semblent avoir la mémoire courte et oublient qu’en 1916, ils lancèrent cette mise en garde à la France : « Les États-Unis ne reconnaissent à aucune puissance étrangère le droit de mettre des obstacles à l’exercice des droits commerciaux des pays non intéressés, en ayant recours au blocus quand il n’y a pas d’état de guerre ».

Généralement, on appelle embargo un placement sous séquestre, une forme judiciaire de retenir les biens pour s’assurer de l’accomplissement d’une obligation contractée en toute légitimité. Il peut également s’agir d’une mesure de précaution à caractère patrimonial autorisée par le juge, un tribunal ou une autorité compétente, visant à obliger le débiteur à honorer ses obligations envers ses créanciers.

Cuba est-elle débitrice des États-Unis ? Cuba a-t-elle commis un crime justifiant la saisie et la liquidation de ses biens en faveur des États-Unis. La réponse ne saurait être plus claire et nette. Notre pays n’a jamais été ni ne constitue une menace pour la sécurité des États-Unis, si bien qu’il est contraire aux lois internationales d’appliquer des mesures de « légitime défense » alors que le Droit international ne reconnaît pas la légitime défense subjective, ni ne justifie la légitime défense consacrée par la Doctrine Monroe, qui prône une politique d’agression.

L’expression « embargo » ne fait que cacher un ensemble de mesures de coercition et d’agression économique découlant d’un blocus illégal exercé par les États-Unis contre Cuba.

Le gouvernement des États-Unis emploie le mot « embargo » pour ne pas reconnaître qu’il applique à Cuba des mesures de temps de guerre non déclarée contre le peuple cubain.

Le blocus contre Cuba relève d’un comportement génocidaire de la part du gouvernement étasunien, dont le but est de soumettre intentionnellement le peuple cubain à des conditions d’existence qui pourraient entraîner des préjudices physiques, totaux ou partiels pour affaiblir sa décision de lutter et de vaincre.

Même si, formellement, le blocus total contre Cuba fut décrété par les États-Unis le 7 février 1962, déjà en 1959 ce pays appliquait des politiques de blocus contre notre pays, destinées essentiellement à porter atteinte aux intérêts vitaux de la défense et de l’économie cubaine, telles que l’élimination du quota sucrier qui était le seul et le principal support de l’économie et des finances de l’île, et le refus de livraison et de raffinage du pétrole de la part des entreprises pétrolières nord-américaines qui exerçaient le monopole de cette activité énergétique. Paralyser le pays était l’objectif qu’ils n’ont pas pu atteindre, ainsi que le boycott pervers de l’achat de toute pièce de rechange destinée à l’industrie cubaine, qui étaient toutes de fabrication nord-américaine.

Face à l’échec du blocus partiel imposé pour faire plier le peuple cubain, le président des États-Unis J.F. Kennedy, sur instruction du Congrès, à travers la Section 620a de la Loi d’aide étrangère de septembre 1961, décréta le blocus total contre Cuba, le 7 février 1962.

Il y a donc un paradoxe, voire un antagonisme, entre l’objectif du blocus et le droit du peuple cubain d’exercer sa libre détermination, un droit consacré dans la Charte des Nations Unies, la Déclaration des droits de l’Homme et les articles 1 des Traités internationaux sur les droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que sur les droits civils et politiques de nos citoyens. Qui viole donc les droits humains du peuple cubain ?

De nombreuses résolutions des Nations Unies condamnent les actes d’agression.

Par exemple, la Résolution 2625 du 24 octobre 1970 de la 25e Période de sessions de l’Assemblée nationale des Nations Unies, stipule qu’ « aucun État ne peut appliquer ni encourager l’usage de mesures économiques, politiques ou de toute autre nature pour contraindre un autre État à subordonner l’exercice de ses droits souverains et pour obtenir de lui des avantages de quelque ordre que ce soit. Tous les États doivent aussi s’abstenir d’organiser, d’aider, de fomenter, de financer, d’encourager ou de tolérer des activités armées subversives ou terroristes destinées à changer par la violence le régime d’un autre État ainsi que d’intervenir dans les luttes intestines d’un autre État », et que « tout État a le droit inaliénable de choisir son système politique, économique, social et culturel sans aucune forme d’ingérence de la part d’un autre État ».

NOTE : Extraits tirés du livre Cuba-USA. Nationalisations et blocus, de la Dr Olga Miranda Bravo, Éditions Ciencias sociales, La Havane, 1996. Source : http://www.cubavsbloqueo.cu

Depuis 1992, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à une majorité croissante la Résolution intitulée « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique ». Depuis l’entrée en vigueur de cette politique criminelle contre l’Île, voici plus de 50 ans, le blocus a provoqué des dommages évalués à plus de 125 milliards de dollars au peuple cubain, selon le Rapport présenté par Cuba en 2016 à l’ONU.

»» http://fr.granma.cu/cuba/2017-02-03/pourquoi-blocus-et-pas-embargo
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