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Algérie : recul inquiétant de la liberté de la presse

Voici un podium dont l'Algérie se serait bien passée. Selon le dernier rapport établi par la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le pays figure parmi les dix Etats les plus dangereux au monde pour les journalistes. Durant les 25 dernières années, pas moins de 106 journalistes y ont été victimes d'attentats à la bombe ou d'assassinats ciblés. Dans ce macabre décompte, seuls l'Irak, les Philippines, le Mexique, le Pakistan et la Russie devancent l'Algérie. Si la page des « années de plomb » est désormais tournée, la situation de la liberté de la presse et, plus généralement, de la liberté d'expression en Algérie, ne laisse pas d'inquiéter observateurs, ONG et partis d'opposition. Pour ces derniers, la multiplication des atteintes aux libertés fondamentales des Algériens porte la marque d'un régime aux abois.

La liberté et l’indépendance de la presse attaquées

Ils sont les dernières victimes en date du régime Bouteflika : deux membres de la chaîne privée algérienne KBC ont été écroués, le 24 juin dernier. Il s’agit du directeur de la station de télévision et du producteur d’une émission satirique diffusée sur la chaîne, accusés par un juge d’instruction de « fausse déclaration » à propos des autorisations de tournage de l’émission en question. Un prétexte farfelu, selon la plupart des observateurs de la vie politique algérienne, qui décèlent dans ces arrestations une volonté de bâillonner une émission de télévision ne prenant pas de gants avec le pouvoir et osant mettre la lumière sur les problèmes vécus par les Algériens au quotidien.

Ainsi, pour l’ONG Human Rights Watch, « mettre des personnes en prison sous prétexte d’une irrégularité dans les autorisations de tournage est une mesure disproportionnée qui est plutôt destinée à museler les médias indépendants ». Même son de cloche du côté de Reporters sans Frontières, « indignés de cette nouvelle atteinte à l’indépendance de KBC », ou encore de la part d’Amnesty International, pour qui les accusations portées contre les journalistes « sont motivées par des raisons politiques ». L’ONG « appelle les autorités algériennes à respecter, protéger et promouvoir la liberté des médias, suite aux restrictions croissantes envers les médias et les journalistes indépendants ces derniers mois ».

Car le régime de Bouteflika n’en est pas à son coup d’essai. Bien que la Constitution algérienne garantisse la liberté de la presse et grave dans le marbre que « le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté », « l’affaire El-Khabar », du nom du deuxième quotidien algérien arabophone, a démontré que le pouvoir n’entend pas lâcher la bride sur les médias algériens. Alors que la première fortune privée du pays et opposant au quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, Issad Rebrab, se portait acquéreur du journal, le ministre de la Communication Hamid Grine a saisi la justice, le 27 avril, afin de faire annuler la vente du quotidien. Si l’action en justice se base sur une loi interdisant à une personne morale de droit algérien de posséder plusieurs médias généraux de même périodicité, beaucoup, parmi l’opposition et la société civile algérienne, y voient un moyen détourné de museler encore davantage la presse encore indépendante du pouvoir.

Pour le membre de l’opposition Ali Benflis, « dès que la survie (du régime) est en jeu, il s’attaque à la liberté d’expression. Aujourd’hui, il verrouille les médias publics et multiplie les pressions sur les journaux indépendants, car il se sait fragile ». L’instance de coordination et de suivi de l’opposition (ISCO), dont est membre le parti Talaie El-Hourriyet d’Ali Benflis, vient d’ailleurs de publier un « memorandum » au vitriol, portant notamment sur le « rétrécissement du champs des libertés » et le « recul du pluralisme politique » qui frappent l’Algérie.

L’opposition unie pour dénoncer une dérive autoritaire

Les pages de ce memorandum, rendu public le 3 octobre, ne sont pas tendres avec le régime algérien. Prenant « à témoin l’opinion publique sur la gravité de la situation politique, économique et sociale » de l’Algérie, les auteurs du texte y dénoncent, pêle-mêle, les « poursuites injustifiées pour diffamation et outrage au chef de l’Etat à l’encontre d’activistes », mais aussi « le harcèlement des autorités » sur les médias indépendants « du fait de leur ligne éditoriale, allant jusqu’à la fermeture abusive et autoritaire de chaines de télévision et d’organes de presse écrite et l’inculpation et la condamnation de (...) journalistes à des peines de prison pour punir l’insoumission » au régime.

L’opposition s’insurge également contre les atteintes portées à la liberté de manifestation et de réunions publiques, la « violation pure et simple des dispositions de la Constitution » et une « instrumentalisation de la justice » au « service des clans du pouvoirs ». Dans ces conditions, pour l’ISCO, il n’est point de pluralisme politique qui vaille. Et ce n’est pas la dernière trouvaille de l’Assemblée nationale, où règnent les partisans du chef de l’Etat, qui devrait contredire ce sévère diagnostic. Les députés ont ainsi adopté, en juin, un projet de loi qui limite la liberté d’expression des officiers généraux de l’armée algérienne à la retraite. Ceux qui ont tenté, à l’instar du général retraité Hocine Benhadid, de critiquer le régime, l’ont payé très cher : ce dernier est en détention préventive depuis plus d’un an. Ce qui fait dire à Ali Benflis que « la seule façon de sortir (l’Algérie) de l’impasse actuelle est l’établissement d’un Etat de droit, fondé sur le respect des institutions, de la citoyenneté et des libertés ».

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