Ses réunions internes sont perturbées par ses propres militants que des vigiles expulsent tandis que son université d’été est prudemment annulée. Des cartes d’adhérents sont déchirées (le PS a perdu 25 % de ses effectifs depuis 2012). Ses parlementaires sont désavoués sur le terrain par leurs électeurs. Les ministres se font huer dès qu’ils approchent d’une usine sous bonne escorte casquée. Au sein du gouvernement, des dissensions apparaissent entre les ministres sur ce qu’il faut négocier. Le MEDEF rejoint les mécontents (mais pour d’autres raisons). Le Conseil constitutionnel censure partiellement le texte de loi dont la CGT rappelle qu’il n’est pas conforme au droit international établi par l’OIT et l’ONU.
Il ne manque qu’une déclaration du pape François invoquant la parabole biblique de « L’homme riche vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie » pour fustiger Emmanuel Macron, passé directement de chez « mon adversaire la finance » au ministère de l’Economie avec son costume que-les-chômeurs-peuvent-se-payer -en-se-levant-tôt.
A l’instar d’un Juppé droit dans ses bottes qui voulait s’en prendre en 1995 aux retraites et à la Sécurité sociale, Valls se montre raide dans son corset. Dans une vidéo qui circule sur le Net, une manifestante l’interpelle : « On n’en veut pas, de votre loi El Khomri ! ». Et lui, goguenard, sans tourner la tête vers elle, comme bloqué par une minerve : « Bah, eh bien, vous l’aurez ! ».
Jean-Jacques Rousseau (« Du contrat social ») avait vu les défauts de l’absence de disposition intermédiaire de contrôle des élus par les citoyens : « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l’est que durant l‘élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien ».
Cependant, la rue reste un inaliénable espace d’expression démocratique. A peine finie la fête de l’Humanité, la mobilisation reprendra (le 15 septembre), pour la journée d’action décidée par une intersyndicale qui porte la voix du peuple, elle.
On ne verra pas, on ne verra jamais des partisans de Myriam El Khomri défiler avec des pancartes favorables à la casse du Code du travail. Le risque serait trop grand de ne compter dans le cortège que quarante-neuf virgule trois manifestants (selon les organisateurs) ou trois pelés (1) et un tondu (selon moi).
Maxime VIVAS*
NOTE
(1) ... dont un flic en civil de la Bac et un cédétiste discipliné préparant un avenir doré à son secrétaire général Laurent Berger.
*Dernier livre paru (éditions Golias) : « Les déchirures » (sur France Télécom, Goodyear, Air France, Continental…).