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Je te prie d’accepter mes excuses, au nom d’un maillon du PCF dramatiquement affaibli

Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon

Lettre du communiste Jean Ortiz, suivie d’un complément (12/04/2016) : une lettre de Kevin KIJKO, cheminot toulousain membre du PG.
La première s’adresse à Jean-Luc Mélenchon, la seconde à Olivier Dartigolles.

Cher camarade,

Dans le quotidien béarnais à grand tirage, « La République des Pyrénées » (28 mars 2016), un dirigeant local et national de mon parti, le PCF, tient des propos méprisants à ton égard, te conseillant de « partir ensemble en pèlerinage à Lourdes », avec le centriste Jean Lassalle, « puisqu’apparemment ils (vous) entendent des voix ».

Ce n’est ni très élégant ni très respectueux. « La présidentielle rend fou », dit ce dirigeant. Le quotidien évoque la longue absence de la vie politique béarnaise de ce dernier et qualifie son « retour » de « tranchant ». Laissons ce type de tranchant aux longs couteaux des ambitions politiciennes. Ce n’est pas notre monde.

Ni nos valeurs, ni nos pratiques.

Camarade Mélenchon,

Je me souviens des grands meetings à Pau où tu contribuas à rassembler des milliers de Béarnais, Basques, Landais... C’était l’époque du forcing « pour avoir Jean-Luc », au service bien entendu d’ambitions politiques. Et tu étais là, mouillant la chemise.

Militant communiste à Pau depuis 25 ans, j’en connais les « spécificités » locales, les ressorts de chacun, l’obsession de certains pour « la com », les photographes, les caméras... au détriment du terrain.

Si je m’en tiens aux voix, aux voix communistes et Front de gauche, aux municipales comme aux régionales, à Pau et au-delà, beaucoup ont manqué au rendez-vous. La politique se nourrit d’idées, mais elle passe aussi par les hommes. Au lieu d’invectiver un partenaire, de le jeter désormais comme un kleenex, balayons devant notre porte. Les coups bas aux effets désastreux ajoutent à l’atomisation de la gauche de transformation sociale, au manque de confiance entre camarades, aux fractures déjà béantes, et nuisent à l’indispensable dynamique anticapitaliste. Cette gauche de rupture, au-delà de ses divisions actuelles, veut sortir du cadre capitaliste pour construire une société solidaire, juste, de partage, d’inclusion sociale, écologique, de biens communs, de socialisations, d’implication citoyenne, à tous les niveaux...

En tant que communiste palois, je tiens à te dire, camarade Mélenchon, combien les propos tenus à ton égard par un dirigeant communiste, m’ont indigné. Je te prie d’accepter mes excuses, au nom d’un maillon de ce parti dramatiquement affaibli et pourtant si nécessaire aux combats de classe d’aujourd’hui, le PCF ; au nom aussi de ce bel idéal communiste qui structure et structurera ma vie jusqu’au bout.

Jean ORTIZ  ; Maître de Conférences honoraire, PAU.

EN COMPLEMENT

Lettre d’un cheminot à Olivier Dartigolles

Cher Monsieur Dartigolles,

Moi qui ne suis qu’un simple militant syndical et politique, un simple citoyen, je lis depuis quelques temps vos mots à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon. Vous le taxez d’être un homme seul à l’Ego surdimensionné et vous le sommeriez presque de rentrer dans le rang, votre rang. Belle erreur que de penser qu’il agit en homme seul. Belle erreur de ne pas nous prendre en compte, nous les plus de 90000 personnes qui soutenons l’idée qu’il puisse se porter candidat pour nous représenter, ou nous les 50 syndicalistes devenus plus d’un millier à avoir appelé à soutenir la démarche de « La France Insoumise ». Belle erreur de croire que ceux qui ont placé leurs espérances en cette France Insoumise puisse rejoindre une quelconque « Tambouille d’appareil », comme vous avez voulu croire en un Front de Gauche à géométrie variable ce qui l’a conduit tout droit à ce qu’il est devenu au lieu de croire à un Front de Gauche uni, vivant et qui fait bloc pour porter un programme, notre programme à tous. Cette France Insoumise, nous l’espérions tous depuis longtemps, elle ne fait que se placer dans la continuité de l’élan populaire qui s’est levé lors de la campagne de 2012. Alors un peu de dignité en ne crachant pas sur un mouvement qui redémarre dès lors que l’ère du Peuple pointe son nez !
Vous préférez rester dans des tambouilles d’appareils entre partis ? Libre à vous ! Retournez à cette « Valls » d’étiquettes menée à la baguette depuis l’Elysée et Solferino. Continuez dans ces Primaires qui ne feront qu’entériner le bipartisme, utiliser l’extrême droite comme leurre pour le vote utile et permettre de fossiliser un peu plus cette cinquième république à l’agonie, le tout en ne permettant pas un vrai débat démocratique qui ferait en sorte d’en tourner la page. De plus, vous faites partie de ceux qui veulent unir la « Gauche », mais quelle gauche ? Celle qui défend la déchéance de nationalité ? Celle qui défend la destruction des conquis sociaux ? Ou celle qui s’abstient à toutes les lois régressives au lieu de s’y opposer ? Personnellement je ne me reconnais pas dans ces « Gauches » là ! Alors, il me semble que le temps n’est plus au compromis, mais à la rupture avec tout ce faste, ce dédain du peuple qui caractérise l’oligarchie de la cinquième République. A la rupture avec ces politiques ultra-libérales, à ces luttes des places qui ne servent que des ambitions personnelles. Alors oui, comme beaucoup je ne crois plus en cette république où des hommes censés nous représenter qui ont eu notre mandat, oublient les intérêts communs pour un confort personnel et bafouent leurs promesses de campagne. Avec eux je ne veux plus rien avoir affaire et je leur dis basta haut et fort !
Comme je l’ai dit plus haut rassembler ces « Gauches » qui n’ont plus rien à voir entre elles et que quasiment tout oppose, pour moi la solution n’est pas là. « Où est-elle alors ? » allez-vous me dire. Et bien pour une fois pourquoi ne pas rêver un peu et vouloir vraiment aller de l’avant. Voir grand et fédérer cette France qui croit en un meilleur avenir et qui lutte ! Cette France qui bat le pavé, qui veut sauver ses outils de travail de la vindicte des capitalistes. Cette France qui montre du doigt les abus ! Bref tous ces citoyens, ces syndicalistes, ces lanceurs d’alertes qui travaillent à porter des idées novatrices ! Et la France Insoumise, c’est celle-là. Et celle-là, elle n’est pas qu’un homme seul comme vous essayez de le faire croire. Elle est près de 900 groupes de personnes qui s’assemblent pour réfléchir à l’avenir, notre avenir à tous.
Vous parlez de « nuit debout », un superbe mouvement qui se construit pas-à-pas avec des idéaux de vraie démocratie, de vie meilleur et d’une autre société. Mais ce mouvement qui commence et s’organise, qui se trouve ses propres porte-paroles, il me donne raison de croire en la France Insoumise, car il défend les mêmes idéaux que les miens comme bon nombre de ce qui y placent leur espoir.
Enfin, vous parlez sans cesse de construire ensemble et de collectif. Regardez bien cette France Insoumise que je vous ai décrite. Regardez bien, elle se construit collectivement ! Alors, au lieu de vous entêter sur des primaires jouées d’avance et destructrices pour les idées de progrès sociale, rejoignez-nous ! Et pourquoi pas que tous les militants communistes se joignent à la France Insoumise, pour travailler ensemble à un projet progressiste : la Sixième République sociale, écologique et citoyenne.

Kevin KIJKO

Cheminot insoumis et fier de l’être !

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