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Stratégie de la tension !

Les attentats souvent meurtriers de ces dernières années, ne sont-ils pas, sous leur aspect spectaculaire, la partie perceptible d’une guerre invisible qui se livre par groupes jihadistes interposés ?

Le postulat n’est pas aussi absurde que cela puisse paraître, si l’on excipe du fait que ces guerres voulues ou provoquées, entrent de plain-pied dans des stratégies de maintien de certaines régions du monde dans de perpétuels affrontements qui ne permettent pas leur développement intrinsèque tout en entretenant leur retard – souvent incommensurable – aux plans économique, social et politique.

Ce qui est vrai pour le monde arabe visé par les troubles. Ces tensions sont donc entretenues pour des raisons géopolitiques évidentes. Ce que les experts qualifient de guerres de basse et moyenne intensité, des guerres contrôlées et maîtrisables alimentées par des puissances dont les intérêts économiques et militaires militent pour la prolongation de tels conflits qui, tout en reconduisant indéfiniment un abcès de fixation, permettent aux complexes militaro-industriels d’écouler leurs productions et continuer d’exister. En fait, les armes, y compris les plus sophistiquées, se vendent carrément à la criée dans certains lieux et régions. Ainsi, des groupes terroristes comme Al Qaîda et le tout nouveau venu autoproclamé « Etat islamique » (EI/Daesh) imposent une terreur atypique qui – est-ce un paradoxe ? – remplace le terrorisme d’Etat des grandes puissances capables des plus vils forfaits afin de parvenir à leurs fins ou maintenir leur ascendant politique, économique et militaire sur les pays et les peuples. La fin de la Guerre froide tout en mettant un terme à l’affrontement (indirect) des deux superpuissances de l’époque (les Etats-Unis et l’Union soviétique [aujourd’hui disparue]) qui maintenaient à son plus haut niveau la machine de guerre – qui écrasait par ailleurs les peuples – a créé un vide qu’il fallait absolument combler au risque de voir s’asphyxier la manne qui permettait, singulièrement, aux Etats-Unis d’asseoir leur hégémonie sur le monde. Il fallait donc recréer la fameuse « red scare » ou « peur du rouge » (communisme) avec sa chasse aux sorcières aux Etats-Unis et l’équilibre de la terreur (atomique) qui justifia tous les crimes de l’Occident en général, des Etats-Unis en particulier. Faut-il dès lors s’étonner de l’avènement – dès 1990 et l’effondrement du bloc soviétique – de la « green scare » (peur verte, islamiste) créée de toute pièce dans les laboratoires de la CIA notamment ? Au lendemain donc de la chute du communisme apparut un autre ennemi sous la forme de la nébuleuse islamiste « Al Qaîda » qui servit de couverture notamment aux attentats antiaméricains de septembre 2001.

Tous les experts en urbanisme sont désormais d’accord pour dire que la destruction des Tours jumelles de New York est par trop sophistiquée pour avoir été l’oeuvre d’Al Qaîda et de l’ermite (Oussama) Ben Laden qui, nous dit-on, vivait dans des grottes reculées des montagnes de l’Afghanistan. Les attentats de New York correspondaient en fait, on ne pouvait mieux, à la stratégie de tension utilisée par les Etats-Unis soit pour faire adopter des lois répressives (ce qui a été le cas avec l’adoption d’une loi antiterroriste « Patriot Act » (« Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act »), soit pour contraindre les Etasuniens à accepter l’entrée de leur pays en guerre (cf ; Pearl Harbor, quoique sachant l’imminence d’une attaque japonaise, les Etats-Unis ont laissé faire pour justifier leur entrée en guerre en 1941). De fait, les Etats-Unis sont spécialisés dans ce genre de méfaits qui se sont multipliés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci a été immédiatement prolongée par ce qui était connue sous le vocable de « Guerre froide » jusqu’à la disparition du bloc soviétique. Ainsi, ces stratégies de la tension sont devenues un des éléments clés que l’Occident a mis à profit pour le maintien de situations tendues au plan diplomatique. Plusieurs opérations ont été menées pour atteindre ce but. L’une de ces opérations, les plus macabres, a été au début des années 1950 l’ « Opération Glavio » qui recommandait « (...) d’attaquer des civils, les gens, femmes, enfants, des personnes innocentes, inconnues et étrangères à tout jeu politique ». Il fallait forcer le public à se tourner vers l’État pour demander plus de sécurité. Cette opération était supervisée par l’Otan sous l’égide de la CIA et du MI6 (service secret britannique) pour « parer à une menace soviétique ». Cela étant, il convient de replacer l’apparition d’Al Qaîda et de Daesh dans le contexte de cette stratégie de la tension qui donne à ses commanditaires de faire souffler le chaud et le froid. Dès lors, les dires de l’espion américain Edward Snowden acquièrent du sens quand il révéla que les services secrets de trois pays - les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël - ont collaboré ensemble afin de créer une organisation terroriste capable d’attirer tous les extrémistes du monde vers un seul endroit selon une stratégie baptisée « le nid des frelons ». Ce « nid de frelons » est désormais opérationnel et il le montre. Alors qu’est-ce qu’on nous cache ?

22 Novembre 2015

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