Et comptez sur la Justice pour que quelques-uns soient punis : « lourdement » a dit Hollande en se substituant au juge. Et comptez sur les CRS pour leur cabosser la tête à la prochaine manif et faire couler leur sang sur leur chemise. Mais on s’en fiche des chemises des prolos ! Cela ne compte pas. Vous avez déjà entendu parler dans les médias d’une chemise d’ouvrier déchirée, avec ou sans le gars dedans ? Non, on s’en fiche des pue-la-sueur et des sans-dents. L’Etat PS n’a pas vocation à les protéger et à visiter l’usine où l’accident a eu lieu. L’équipe gouvernementale solférinienne visite les lieux de catastrophes naturelles et les lieux où des adhérents du MEDEF ont eu la trouille. C’est tout !
Air France. Comptez sur les médias pour jurer que le DRH « a failli être lynché » alors qu’il n’a pas une égratignure et qu’il n’est même pas allé voir un médecin. Peut-être un psychologue, demain. A condition qu’il le laisse travailler sans l’accabler de son mépris.
Mieux vaut en rire avec la chanson de Zebda : « Tomber la chemise » enrichie d’un clip filmé devant les locaux d’Air France.
https://www.youtube.com/watch?v=tyXi8AVXJDI
Bien sûr, le PS est indigné, lui qui est responsable de la détresse des salariés, de plus en plus nombreux, et de ceux d’Air France en particulier parce que l’Etat, actionnaire à 17 %, pouvait intervenir avant que le volcan n’explose. Il pouvait parler, conseiller la Direction, faire usage de son droit de blocage. Mais l’Etat est macronisé.
Et voici trois exemples du traitement de l’information par les médias.
1) Ici, Jean-Luc Mélenchon est sommé de condamner les salariés d’Air France, mais il met en parallèle la violence faite au DRH et celle faite aux salariés. Il refuse de dire que la mise en lambeaux d’une chemise est grave et, écartant l’exhortation faite par le journaliste de BFMTV, il refuse de condamner la colère de ceux qui ont obligé le DRH a abandonner sa veste, sa cravate et sa chemise pour être plus à l’aise dans la course à pied et l’escalade. Et il dit « merci aux salariés d’Air France ».
https://www.youtube.com/watch?v=2POOjn_bMxs
2) Ici, c’est Philippe Martinez secrétaire général de la CGT qui est cuisiné par Olivier Mazerolle sur RTL. Noter la crapulerie d’Yves Calvi qui, alors que l’émission est terminée (à 7mn10), à cette phrase ambiguë : « Et Martinez, monsieur Martinez vient de nous dire : j’aime l’entreprise ; ça veut dire j’aime les patrons » (7mn19). Le secrétaire de la CGT peut in extremis protester : « C’est Valls, qui dit ça ! ».
https://www.youtube.com/watch?v=VOmJfojcxS8
3) Ici, c’est le journaliste de Public Sénat qui veut que Pierre Laurent, dirigeant du PCF, condamne les brutalités jugées inacceptables par Valls :
http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/air-france-pierre-laurent-denonce-l-attitude-provocatrice-insupportable-direction-1071
Et puis, cette vidéo qui sera un collector ; on ne s’en lasse pas. Les chaînes de télé (bien obligées par le succès de la vidéo sur Internet) en diffusent des courts passages (les moins intéressants, pardi). Ah ! cette hôtesse en colère devant les dirigeants d’Air France, méprisants, hautains, bien obligés de se taire et qui ne savent pas où se mettre physiquement, baissant la tête à tour de rôle, cherchant où poser leur regard. Ah, les péteux devant une femme seule, véhémente et polie ! Ah ! comme on les voit tels qu’ils étaient dans leurs bureaux peu avant, bouffi de puissance et de sentiment d’impunité.
https://www.youtube.com/watch?v=fcbY5uOUBNA
La provocation de la direction d’Air France a commencé en septembre 2014, lors des« Entretiens de Royaumont » qui se veulent « Le rendez-vous de la réflexion politique ».
C’est ici :https://vimeo.com/116748738
Si vous voulez savoir pourquoi deux dirigeants d’Air France ont été molestés par la foule des salariés désespérés, c’est cette vidéo qu’il faut revoir, celle ou le PDG fait rire un aréopage de patrons en disant, avec une mimique d’impuissance navrée, qu’au Qatar les salariés comme ceux qui l’embêtent sont en prison. C’est dans cette vidéo qu’il s’interroge sur l’interdiction du travail des enfants : « On a d’abord interdit aux enfants de moins de huit ans de travailler, puis l’interdiction a été portée à douze ans, puis à seize. (…) Qu’est-ce que c’est qu’un enfant ? Est-ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler ? Pas sûr ».
Et voir l’article du GS à ce sujet : http://www.legrandsoir.info/quand-alexandre-de-juniac-pdg-d-air-france-klm-remet-en-cause-l-interdiction-du-travail-des-enfants.html
Le mot de la fin à un socialiste :
Vladimir Marciac