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L’endiguement de l’Iran et les accords sur le nucléaire

Pour tout événement historique d'importance, la bourgeoisie présente une exégèse de droite et une interprétation de gauche dont s'emparent les plumitifs (journalistes stipendiés et analystes médiatisés) à la solde des médias "mainstream" pour les propager. C'est au milieu de ces écueils savamment disposés sur le sentier de la vérité que les communistes révolutionnaires doivent naviguer...

afin d’analyser les informations convergentes et divergentes qui ne peuvent manquer de "suinter" de la réalité. Ainsi, il est difficile (mais pas impossible) d’interpréter l’accord sur le nucléaire iranien sans connaître la teneur de l’entente secrète signée en marge de l’accord officiel.

Voici ce que la bourgeoisie propose comme interprétation de gauche pour cet accord de droite. Lisons l’analyse repiquer du Wall Street Journal qu’un commentateur colporte : "L’accord de Vienne conclu le 14 juillet 2015 entre l’Iran et les « P5 + 1 » (les 5 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU – Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie – plus l’Allemagne) conclut 12 ans de négociations sur le dossier nucléaire iranien. Initiées en 2003 par l’administration Bush, l’année même de l’invasion de l’Irak, les accusations selon lesquelles l’Iran aurait un programme nucléaire militaire clandestin et aspirerait à obtenir la bombe atomique était tout aussi infondées que celles qui furent portées contre les prétendues armes de destruction massive de l’Irak. Ces allégations, démenties par toutes les données et par tous les observateurs internationaux, servaient seulement de prétexte à une agression qui devait constituer le dernier acte du projet de Nouveau Moyen-Orient redessiné selon les desiderata de Washington. Un Moyen-Orient dans lequel il n’y aurait de place pour aucun État et aucune force qui puisse représenter un danger pour l’hégémonie américaine et son contrôle des ressources et des axes stratégiques de la région" (1).

Tout y est, la parodie des centrifugeuses maudites et le mythe du "Projet de Nouveau Moyen-Orient" de Bush que tout gauchiste devrait vilipender faute de pouvoir le répudier. Pourtant, si les analystes de gauche ouvraient les yeux au lieu d’ânonner les mantras que refilent les médias américains, ils verraient que nous possédons tout de même beaucoup d’informations qui ne mentent pas.

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1. L’affaire des centrifugeuses et de la concentration d’uranium enrichi en vue de produire quelques bombes nucléaires iraniennes n’a jamais été que le fallacieux prétexte de cette confrontation interblocs impérialistes pour rallier l’Iran dans un camp ou dans l’autre. En effet, peu chaud aux États-Unis, munis de 3500 ogives nucléaires de 4e génération disséminées à travers 700 bases militaires, que l’Iran dissimule sur son sol, grand comme quatre états américains, quelques bombes de première génération, sans vecteurs de lancement efficaces.

2. Israël et l’Arabie Saoudite sont les deux puissances réellement préoccupées par l’arme atomique iranienne. Mais ni l’une ni l’autre de ces alliées de l’Amérique n’a été conviée aux pourparlers. Les "conspirationstes", qui croient que les sionistes dirigent le monde à partir de Bilderberg, en son quitte pour concocter un nouveau compendium à propos des ploutocrates dirigeants la superpuissance américaine à partir de l’AIPAC et de la Knesset.

3. Les accords (publique et secret) Iran - Groupe interimpérialiste prouvent, comme les communistes révolutionnaires l’affirment depuis des années, qu’une puissance alignant huit millions d’habitants, un PIB de 304 milliards de dollars et 200 ogives nucléaires, n’impose pas son diktat à une puissance représentant 314 millions d’habitants, un PIB de 16 000 milliards de dollars et 3 500 bombes thermonucléaires.

4. Le pétrole, les énergies fossiles, la monnaie du commerce international étaient les véritables enjeux de cette saga qui débuta en 1979, avec l’insurrection iranienne et le repositionnement géostratégique de ce pays entre le bloc impérialiste de l’Ouest, dirigé par les États-Unis, et le bloc social impérialiste soviétique périclitant (il s’effondrera en 1989).

5. Déjà, à cette époque, le bloc soviétique déclinant n’offrait pas un havre d’accueil intéressant pour l’Iran qui préféra jouer l’agent libre et ne se rallia à aucun camp impérialiste si ce n’est le panier de crabes des pays non-alignés (sic) - tous alignés sur le mode de production capitaliste (incluant la Chine impérialiste).

6. En 2003, l’Iran poussa l’outrecuidance jusqu’à s’inquiéter de la fluidité de ses réserves de dollars et proposer, lors d’une assemblée secrète de créanciers, à laquelle assistait la France (rapporteur ou transfuge ?), de remplacer le dollar US par un panier de devises pour le commerce des hydrocarbures.

7. Aussitôt Israël reçu l’ordre de Washington de clamer son indignation face à l’enrichissement de l’uranium iranien et d’intimer (sic) le Pentagone et la Maison-Blanche d’en faire autant. "Impératif" auquel Washington se plia de bonne grâce (sic). Débutait alors la fourberie des tractations à propos du nucléaire iranien. D’un côté, une série de sanctions économiques douloureuses furent imposées à l’Iran des mollahs milliardaires - dont le gel de leur fortune placer à l’étranger ; isolement économique et diplomatique du pays ; perte de revenus du pétrole ; dépenses de défense importantes ; inflation et dévaluation du Rial. De l’autre côté, difficulté d’approvisionnement en Europe, perte de juteux contrats en Iran ; déstabilisation en Irak et dans tout le Moyen-Orient où l’Iran joue le matamore (ce que les mythomanes conspirationnistes appellent le "Plan de réaménagement du Grand Moyen-Orient", qui ne se réaménagera jamais tant que l’Iran y dominera).

8. Pendant ce scénario tragique pour la population iranienne le bouffon israélien s’activait, telle la mouche du coche dans son rôle d’agitateur et de père Fouettard. Comme les communistes révolutionnaires l’ont déjà dit, Israël n’a absolument pas les moyens d’une guerre contre l’Iran, même pas contre le Hezbollah, sa sentinelle au Levant.

9. Doucement, pendant dix ans, la puissance iranienne a été poussée dans les filets des grandes puissances. Entre temps, la puissance américaine déclinait alors que la puissance chinoise se confortait. Le dilemme iranien devenant dantesque, finalement l’Iran s’est rangé du côté de l’Occident en attendant que la Chine ose affirmer sa puissance montante.

10. La France et l’Allemagne, arrimer au rafiot américain entendent bien tirer les marrons du feu des juteux contrats et des marchés alléchants en Iran.

11. L’entente publique, paraphée le 14 juillet 2015, aura comme conséquences de :

A) dégeler les avoirs à l’étranger des milliardaires iraniens (les ouvriers iraniens n’ont aucune fortune à l’étranger - que leurs enfants qui ont migré pour travailler).
B) D’ouvrir le marché iranien aux investisseurs impérialistes étrangers - si le marché iranien peut encore en absorber (!?)
C) De faire chuter le prix du pétrole par un afflux de carburant par ailleurs déjà trop abondant.
D) De créer des difficultés supplémentaires aux pétrolières américaines et mondiales dont les taux de profits périclitent inexorablement.
E) De permettre aux multinationales industrielles de respirer quelque peu en payant moins cher leur carburant. Cependant, les consommateurs surendettés et sous-employés ne seront pas au rendez-vous pour acheter et consommer (d’où les baisses de taux d’intérêt afin de souffler le mistral du crédit sur les braises de la crise systémique).
F) La devise américaine devrait se raffermir quelque peu compte tenu de l’augmentation des échanges pétroliers en dollars US (pour un temps seulement).

12. Maintenant que le front du Moyen-Orient a été éclairci, la bataille pour contrôler et endiguer l’État Islamique (EI) sera renforcée, car l’Iran n’entend pas tolérer ce parasite dans son environnement. Ce sont de mauvaises nouvelles pour l’Arabie Saoudite, le Qatar et Israël pourvoyeur de l’EI. Le gendarme aurait-il été remplacé ?

13. Les États-Unis ayant un peu délaissé le front du Moyen-Orient, on devrait assister au cours des prochains mois à une intensification des agressions économiques et militaires contre la Russie l’un des dirigeants de l’alliance impérialiste concurrente, toujours intéressée à recruter l’Iran dans son camp. Poutine, voilà un oligarque à la mesure de l’Amérique. La Chine sera la cible suivante.

Rien dans tout ceci n’est de bon augure et rien ne conforte les intérêts de la classe ouvrière iranienne, française ou américaine. Cessons de deviser à propos de la petite puissance qui tient tête à la grande puissance sur le dos, chacune, de leur classe ouvrière- chair à canon. Nous communistes révolutionnaires n’avons rien à y faire. Poursuivons la préparation de l’insurrection.

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Pour en apprendre davantage sur notre plateforme politique : Robert Bibeau (2014). Publibok. Paris. http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520

(1) http://sayed7asan.blogspot.ca/2015/07/accord-sur-le-nucleaire-iranien-le.html et Une victoire pour l’Iran. (2015) http://www.france-irak-actualite.com/2015/07/accord-de-vienne-sur-le-nucleaire-une-indubitable-victoire-pour-l-iran.html

»» http://www.les7duquebec.com/7-au-fr...
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Karl Marx, Le Capital, chapitre 22

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