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En Irak, les Etats-Unis sabotent la guerre contre l’État Islamique (Moon of Alabama)

Quelques 4000 soldats de l’armée irakienne et environ 25 000 miliciens chiites assiègent Tikrit en Irak. Il y a encore quelques civils dans la ville, mais environ 1000 combattants de l’Etat Islamique se sont barricadés au cœur de la ville et les en extirper serait une entreprise meurtrière et coûteuse. Jusqu’à ces derniers jours les États-Unis ne s’étaient pas impliqués dans la campagne de Tikrit.

Les conseillers iraniens qui accompagnent la milice ont donc décidé de ne pas prendre la ville d’assaut, mais de revenir à des tactiques de siège en coupant l’électricité, l’eau et en interceptant l’approvisionnement, pour affaiblir leurs adversaires. Ils se servent de l’artillerie contre les positions de l’Etat Islamique et envisagent éventuellement de prendre la ville d’assaut, mais ils ne pensent pas que cela soit urgent.

Mais cette situation, semble-t-il, ne convenait pas à Washington et les États-Unis ont décidé de prendre les choses en main. Ce qui met en danger toute la campagne militaire contre l’Etat Islamique. Certains se disent que c’est probablement le vrai but de l’entreprise.

Des éléments de l’armée irakienne, formés par les Etats-Unis, ont instamment réclamé des frappes aériennes américaines sur Tikrit. La milice chiite et ses conseillers ont souligné qu’elles n’étaient absolument pas nécessaires. Sous la pression des États-Unis, le premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a rejoint le camp des militaires irakiens formés par les Etasuniens et aurait ordonné au grand général iranien Suleiman de partir. Maintenant, les Etats-Unis bombardent la ville et la grande campagne militaire de Tikrit se disloque.

Voyez vous-mêmes ceci :

Le général Lloyd Austin, chef du Commandement Central étasunien, qui supervise les opérations en Irak, a déclaré jeudi au Comité Sénatorial des services armés que les Etats-Unis avaient exigé que les milices et leurs conseillers iraniens, y compris le haut commandant iranien, le général Qassem Suleimani, se retirent de la bataille avant d’accepter de lancer des frappes aériennes. Suleimani, autrefois une figure de l’ombre mais qui jouait un rôle de plus en plus clair en Irak, a quitté la région de Tikrit pendant le week-end et est peut-être retourné en Iran.

et ceci :

Les milices irakiennes qui ont mené la lutte contre les militants de l’État Islamique à Tikrit se sont opposées jeudi à l’intervention étasunienne en menaçant de dissuader des milliers de combattants sur qui ils ont de l’influence de se joindre à l’assaut sur la ville.
...
Washington a fait pression pour que les milices chiites quittent le champ de bataille, alors même qu’il est obligé de lutter contre leurs ennemis, les militants de l’État Islamique. Mais les milices chiites, dont beaucoup sont hostiles aux États-Unis, jouent un rôle prédominant dans les forces irakiennes. Autour de Tikrit, leurs combattants sont plus de six fois plus nombreux que les troupes régulières du gouvernement irakien.
...
"Toute la mobilisation populaire refusera de se battre tant que les frappes aériennes étasuniennes se poursuivront", a déclaré al-Kadhimi Moeen, chef du Comité de mobilisation populaire du conseil provincial de Bagdad. "Qu’ils se battent donc sans nous et on verra ce que ça donne. Les Etats-Unis essaient tout simplement de nous voler la victoire ".

Que le Etats-Unis veuillent leur "voler la victoire" n’est pas le plus grave. Une grande partie des volontaires de "Hashd" et de leurs dirigeants croient que les États-Unis ont créé l’Etat islamique et qu’ils ont intérêt à le maintenir vivant :

"Nous ne faisons pas confiance à la coalition dirigée par les Etasuniens pour lutter contre ISIS", a déclaré Naeem al-Uboudi, le porte-parole d’Asaib Ahl al-Haq, l’un des trois groupes qui a déclaré qu’il se retirerait de la ligne de front qui encercle de Tikrit. "Dans le passé, ils ont ciblé nos forces de sécurité et ont largué de l’aide à ISIS par erreur," at-il dit.

Le bombardement de Tikrit par les États-Unis a commencé hier. En voici déjà deux résultats. Comment pensez-vous que la milice volontaire qui lutte contre l’État Islamique va les interpréter ?

Elie J. Magnier@EjmAlrai :
#Dernières nouvelles : 6 tués et 13 blessés chez Kataëb Hezbollah #Irak et police fédérale du fait de la #coalition menée par USA, au sud de #Tikrit (dommages collatéraux)
12h02 - 26 mars 2015

Elie J. Magnier@EjmAlrai :
# Hashd al-Sha’bi Irakien # Brigade de Tikrit apparemmentt touchés par frappe aérienne aujourd’hui. Nombreuses victimes. Confiance entre #USA et Hashd au plus bas.
03h05 - 27 mars 2015

Les forces aériennes étasuniennes aux impressionnants moyens de reconnaissance et aux armes de haute précision hors de prix, ont réussi à larguer des bombes en plein sur les "forces amies" qui assiègent Tikrit. Et deux fois en moins de 24 heures ?

Qui va croire que ces frappes sont la conséquence d’une erreur et ne sont que des dommages collatéraux ?

Pourquoi les États-Unis insistent-ils pour jouer un rôle dans les affaires de Tikrit alors que, faute de soldats sur le terrain, l’entreprise ne peut que se solder par un échec retentissant ?

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

»» http://www.moonofalabama.org/2015/03/saudi-arabia-yemen-syria-.html
URL de cet article 28337
   
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Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment (…)
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