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Dis Papa, c’est loin l’Amérique du Sud ?« Ne te tais pas et lutte ».

Au Petit Quevilly, lorsqu’on y débarque (de la principauté bayrounaise du Béarn), on a l’impression que « c’est loin »... et vice-versa sans doute... et qu’il ne cesse jamais d’y tomber des gouttes d’eau, sorties tout droit d’un frigo normand ! Mais attention aux mirages : on est ici en terre rouge.

Ces gouttes ont la mémoire longue. La mémoire des luttes et des mobilisations ouvrières. Et cela se sent, se respire, se vit encore. Ce Petit Quevilly est grand par son histoire des prolos, des dockers, de l’anticolonialisme, des résistances à l’assassinat des industries, les unes après les autres, par les politiques néosociolibérales des fondés de pouvoir du marché. Et la saignée désindustrielle continue. 231 licenciements boursiers en cours chez Schneider (transfos), 196 dans le papier... Des fermetures éclair !! Au Petit Quevilly on en fabriquait jadis, pour braguettes et autres fermetures, 8450 km par an.

Et que fait celui qui se présentait comme le sauveur ? Laurent Fabius voudrait ici tirer toutes les ficelles. Le grand cacique, parachuté en 1976 (pourquoi ici ?), devenu maire de « Grand Quevilly » (oui : « Grand »), puis député, puis... puis... a placé ses petits « lieutenants » aux « postes clés ». Il a tenté de verrouiller cette région « trop rouge », de jeter l’étouffoir et/ou de capter son passé, de laminer les cocos, ces indécrottables lutteurs de classe.

Monsieur le ministre, je vous le dis, aucune OPA ne pourra effacer les combats d’hier et ceux d’aujourd’hui. Les communistes quevillais ont marqué leur ville au fer rouge des colères populaires, de l’altruisme, de l’humanisme, des élans internationalistes, des valeurs de solidarité...

Sur la rive gauche de Rouen, la gauche-gauche reste bien vivante, et bien « de gauche ». J’ai rencontré au Petit Quevilly des militants communistes en état avancé de réflexion et de construction, ouverts, rassembleurs, et même des cathos-cocos, des « Amis de l’Huma » pleins d’idées dans la caboche, des vieux potes de France-Amérique latine, toujours aussi engagés, généreux, des latinos... « Tu as vu ce monde ? ». La salle est « pleine » de toutes les sensibilités « de transfo sociale » , les cocos bien sûr, les PG, les « Ensemble », les Verts, les Verts et Rouges, les NPA, les UP (utopistes concrets), des « encartés nulle part », des jeunes (un tiers), et même « des gauchistes » !! Faut croire que le syndrome du piolet n’est plus ce qu’il était ! (provoc non gratuite).

J’ai eu le bonheur de participer à ces « Douze heures de « l’Humain d’abord » en solidarité avec les peuples d’Amérique du Sud. Et leurs révolutions...

« Tout est parti du fameux « consensus de Washington » des années 1990 : des « thérapies de choc », des « ajustements structurels » qui ont cassé les pays, affamé les peuples, tout privatisé »... Parmi les dix commandements du consensus létal : les privatisations, le « libre »-échange le plus débridé, la réduction des déficits publics, l’amputation à la hache de guerre des dépenses publiques, des budgets sociaux, la « libéralisation » des échanges, l’ouverture sans limites aux investissements étrangers, aux multinationales, la dérégulation tous azimuts, la soumission aux Etats-Unis...

Tiens, tiens, et si cela ressemblait aux terribles potions de « la troïka » ? Et ces potions, en Amérique du Sud, passèrent mal, provoquant des soulèvements populaires, en Argentine, au Venezuela, en Equateur, en Bolivie...

« Troïka trouduc, tu n’as donc rien inventé ». Les saigneurs de peuples se prennent pour des seigneurs jusqu’au jour où les peuples disent « basta ! ». 14 présidents mercenaires ne purent finir leurs mandats et s’envolèrent vers Washington... avant que de subir les foudres populaires...

Et puis... Et puis... les premières mesures des nouveaux gouvernements progressistes : engager des processus constituants afin de remettre les pays à l’endroit, les refonder, « réinventer la gauche », donner toute sa place au peuple, libérer la démocratie séquestrée par le marché...

Et l’Equateur qui refuse de payer , après audit (en 2008), la « part illégitime » (40%) de sa dette sangsue. Une économie de 7 milliards de dollars. « Le peuple d’abord ! ».

Avant la révolution, le pays consacrait 38% de ses ressources au remboursement de la dette, couteau sous la gorge... On peut donc envoyer se faire f. le FMI !

Et l’intégration continentale en marche (Alba, Unasur, Celac) à partir des cadres nationaux, sans aliéner la souveraineté des nations... et la difficile recherche d’une intégration hors libre-échange et mise en concurrence... et le projet politique devenu « central »... et la réinstallation du politique aux commandes... et... et la logique économique soumise à l’intérêt collectif, au bien commun... et la démocratie participative comme méthode de gestion de l’Etat... et... et

Et... la recherche de nouveaux paradigmes post capitalistes... et la perspective du « socialisme », de la « transition socialiste » (Garcia Linera la qualifie de « pont ») à nouveau dans le paysage (en Bolivie, en Equateur, au Venezuela...) dont il faut inventer les formes... Et le blocus, (sanction suprême) contre Cuba ... qui finalement isole... les bloqueurs !

Rien à voir avec la situation en Europe !!! (antiphrase). Rien à voir ! « Dis papa, c’est loin l’Amérique du Sud ? ». « C’est vraiment loin ? ».

Jean Ortiz

»» http://www.humanite.fr/blogs/dis-papa-cest-loin-lamerique-du-sud-564350
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Toute manifestation à Cuba (ou à Miami, d’ailleurs) qui ne commence pas par "Abajo el bloqueo" (quoi qu’on dise ensuite) est une escroquerie ou une croisade de fous. Et brandir un drapeau états-unien à Cuba, c’est comme brandir un drapeau israélien à Gaza.

Viktor Dedaj

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