RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Ebola, le Pentagone s’installe en Afrique (Il Manifesto)

Washington annonce la naissance d’un centre de commandement militaire au Libéria

Face à l’« épidémie sans précédent d’Ebola, qui se répand de façon exponentielle en Afrique occidentale », le président Obama a annoncé que « à la demande du gouvernement libérien », les Etats-Unis établiront « un centre de commandement militaire au Liberia ». Il s’agit d’un « quartier général de commandement de la force conjointe » spécifie le Commandement Africa des Etats-Unis (dont l’« aire de responsabilité » couvre tout le continent, sauf l’Egypte). Le quartier général, aux ordres du général Darryl Williams (déjà sur le terrain au Libéria) disposera d’au moins 3000 militaires étasuniens, d’un pont aérien et d’un centre de tri au Sénégal. C’est ce quartier général qui exercera la fonction de « commandement et contrôle » de l’opération internationale anti-Ebola, qui prévoit l’envoi de personnel médical et d’hôpitaux de campagne. Selon Obama, c’est « un exemple de ce qui se passe quand l’Amérique prend le leadership pour affronter les plus grands défis mondiaux ». Qu’il a listés dans son récent discours urbi et orbi, affirmant que seule les États-Unis ont « la capacité et la volonté de mobiliser le monde contre les terroristes de l’Isis », de « battre le rappel mondial contre l’agression russe », et de « contenir et anéantir l’épidémie d’Ebola ».

Même si la possibilité qu’Ebola se diffuse aux Etats-Unis est extrêmement basse, a souligné Obama dans le discours qu’il a prononcé au Centre de contrôle et de prévention des maladies[1] à Atlanta (Georgie), en Afrique occidentale il a provoqué la mort de « plus de 2400 hommes, femmes et enfants ». Evénement certes tragique, mais limité si on le rapporte au fait que l’Afrique occidentale a une population d’environ 350 millions d’habitants et toute la région sub-saharienne presque 950 millions. Si l’on pense que chaque année meurent dans la région à cause du sida plus d’un million d’adultes et d’enfants ; que la malaria provoque chaque année plus de 600 mille morts, en majorité chez les enfants africains ; que dans l’Afrique sub-saharienne et dans l’Asie méridionale la diarrhée tue chaque année environ 600 mille enfants (plus de 1600 par jour) de moins de cinq ans. Ces maladies et quelques autres, toutes « maladies de la pauvreté », qui provoquent chaque année en Afrique sub-saharienne des millions de morts prématurées et de cas d’invalidité, sont dues à la sous-alimentation et à la malnutrition, au manque d’eau potable, aux mauvaises conditions hygiéniques-sanitaires dans lesquelles vit la population pauvre, qui (selon les données de la Banque mondiale elle-même) constitue 70% de la population totale, dont 49% se trouve en conditions de pauvreté extrême. La campagne d’Obama contre l’Ebola semble donc instrumentale.

L’Afrique occidentale, où le Pentagone installe son propre quartier général avec la motivation officielle de lutter contre l’Ebola, est très riche en matières premières : pétrole au Nigéria et Bénin, diamants en Sierra Leone et Côte d’Ivoire, phosphates au Sénégal et Togo, caoutchouc, or et diamants au Libéria, or et diamants en Guinée et Ghana, bauxite en Guinée. Les terres les plus fertiles sont réservées aux monocultures de cacao, ananas, arachides et coton, destinées à l’exportation. La Côte d’Ivoire est le plus grand producteur mondial de cacao. De l’exploitation de ces grandes ressources quasiment rien n’arrive à la population, car les revenus sont partagés entre multinationales et élites locales, qui s’enrichissent aussi grâce à l’exportation des bois précieux avec de graves conséquences environnementales dues à la déforestation.

Les intérêts des multinationales étasuniennes et européennes sont cependant mis en danger par les rebellions populaires (comme celle du delta du Niger, provoquée par les conséquences environnementales et sociales de l’exploitation pétrolifère) et par la concurrence de la Chine, dont les investissements sont pour les pays africains beaucoup plus utiles et avantageux. Pour conserver sa propre influence dans le continent les Usa ont constitué en 2007 le Commandement Africa qui, derrière le paravent des opérations humanitaires, recrute et forme dans les pays africains des officiers et des forces spéciales locales par l’intermédiaire de centaines d’activités militaires. Une base importante pour ces opérations est celle de Sigonella (Sicile), où a été déployée la Task force du Corps des Marines qui, dotée d’avions hybride Ospreys, envoie en rotation des escadrons en Afrique, notamment occidentale.

Edition de jeudi 18 septembre 2014 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/ebola-il-pentagono-si-sistema-in-africa/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Selon http://fr.wikipedia.org/wiki/Centres_pour_le_contr%C3%B4le_et_la_pr%C3%A9vention_des_maladies

« L’origine des CDC (Centre pour le Contrôle et la Prévention des maladies) est d’abord militaire. Aux États-Unis, les institutions militaires, pour la protection de l’US Army ont joué un rôle important en matière de santé et surtout d’épidémiologie, via d’abord le suivi et l’étude de la santé des soldats, puis par l’étude des épidémies en tant que pouvant être utilisées par le bioterrorisme ou comme arme de destruction massive » (Note – et italiques – de la traductrice pour la version française).

[1] Center for Disease Control and Prevention http://www.cdc.gov/

18 septembre 2014

URL de cet article 26978
   
Même Thème
Les guerres scélérates : interventions de l’armée US et de la CIA depuis 1945
William BLUM
Le livre "KILLING HOPE - U.S. Military and CIA Interventions Since World War II" de William Blum vient ENFIN d’être traduit en français. Editions Parangon "Nous possédons environ 60% des richesses mondiales, mais seulement 6,3% de la population mondiale... Notre tâche dans l’avenir est...de maintenir cette situation de disparité." George KENNAN, responsable de la planification du département d’Etat, 1948 "Ce livre très documenté relate plus d’une cinquantaine d’interventions (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

La convention qui rédigea la Constitution des Etats-Unis était composée de 55 membres. Une majorité d’entre eux étaient des avocats - pas un seul fermier, ouvrier ou paysan. 40 possédaient du Revolutionary Scrip [monnaie émise pour contrer la monnaie coloniale]. 14 étaient des spéculateurs de terrains. 24 étaient des prêteurs. 11 étaient des marchands. 15 possédaient des esclaves. Ils ont crée une Constitution qui protège les droits de propriété, pas les droits de l’homme.

Senateur Richard Pettigrew - "Plutocratie Triomphante" (1922)

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.