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Le grand Monopoly de l’industrie capitaliste agricole

Voici la 1ère des analyses que nous allons développer concernant les dangers de l'accord transatlantique que le gouvernement s'apprête à signer, et qui va ruiner des décennies de luttes, de droits et d'acquis...

Ce samedi 6 septembre 2014 sur la chaine Arte, est passé un saisissant reportage sur la tragédie paysanne, une description de la réalité de ces petits éleveurs détruits par le capitalisme, détruits par les banques, détruits par les industriels de la terre.

Rarement, même si le Modef ou la revue La Terre existent, les communistes parlent de cette situation dans nos campagnes, car le monde paysan, même les petits producteurs et éleveurs en France, mais c’est le cas dans de nombreux pays, sont rarement communistes. Souvent, ils se sentent gardiens d’une tradition multiséculaire, celle de la possession de la terre... pourtant là aussi le capitalisme et l’industrialisation productive des terres agricoles ont créé des empires, notamment dans l’agriculture céréalière et légumière mais aussi dans celle des plantes bien plus rentables, destinées à l’agrochimie en dépit des besoins alimentaires de la planète, en substitut du pétrole (voir le texte de Fidel Castro de 2007 sur http://www.latinreporters.com/cubapol30032007.html )

Désormais il n’est plus rare dans les campagnes de notre région, d’avoir des agriculteurs bourgeois et libéraux, qui roulent en 4x4 luxueux, jouent avec les cours de la bourse, et utilisent des machines impressionnantes en puissance et en technologie pour remplacer les travailleurs et cultiver des milliers d’hectares qu’ils intoxiquent et arrosent en permanence.

Une course à la mort s’est mise en place, il n’y a aucun tabou à avaler celui d’à côté pour récupérer des terres, le graal qui donne la puissance et donc l’argent. Depuis 20 ans nous sommes entrés dans un grand Monopoly agricole européen où la course à la productivité maximum est à son apogée. La France comme d’autres pays voisins, reconduisent les erreurs des USA où les terres sont tellement usées qu’elles ne peuvent produire qu’avec l’aide des substrats chimiques.

Pour les éleveurs, c’est la même situation, qu’elles soient laitières, avicoles, porcines, ovines ou bovines... l’industrialisation et l’élevage intensif dans des bâtiments-usines font recette au détriment des petits paysans éleveurs-producteurs avalés les uns après les autres, c’est la description bien réelle du reportage qui montre la détresse de ces paysans prolétaires ou reprolétarisés par un système européen et bancaire nuisible et opportuniste, complétement inféodé à la dictature des marges et des firmes de distribution.

Aussi, il suffit de parcourir nos villages pour voir qu’un grand nombre de fermes ont disparu, les hangars ont été transformés en abris à caravanes et les étables sont vides et parfois même réhabilitées en habitation ou en gîte... Les paysages ont même été transformés par les remembrements imposés par les chambres d’agriculture au nom de la rationalisation, la destruction des talus et le rassemblement des petites parcelles ont préparé la mort des petits paysans incapables de suivre le rythme de cette course effrénée et sans limite à la production intensive dans des champs qui peuvent atteindre des centaines d’hectares.

Désormais dans de nombreux villages, plus une seule vache ni un seul cochon, mais des grandes parcelles et des bâtiments de stockage, et s’il reste des pâturages, c’est pour le bien-être des chevaux des petits bourgeois citadins en mal de nature. Certes, il reste des résistances mais combien de temps tiendront-elles dans cet enfer où la concurrence est exacerbée ? Notamment quand toutes les nouvelles normes prophylactiques et autres, que l’Europe sous pression des lobbies et des firmes, va imposer pour répondre aux exigences du marché transatlantique, mais aussi pour satisfaire les plus gros et achever les plus petits.

Les savoir-faire disparaissent au même rythme que les vrais paysans et les gestionnaires issus des grandes écoles capitalistes ont remplacé la dextérité du monde rural, le goût et la couleur, la beauté et la saveur, sont désormais réservés à une catégorie sociale qui a les moyens de s’offrir des produits 20% plus chers issus de l’agriculture et de l’élevage biologique... pour les autres, c’est le bas de gamme issu des productions industrielles gavées de produits chimiques et d’OGM et des élevages-usines où les animaux sont nourris par des matières qui créent des catastrophes sanitaires (ex de la vache folle) et bourrés d’antibiotiques et de vitamines chimiques...

Il est certain que s’il existe la médecine et l’éducation à deux vitesses, il existe aussi la nourriture à deux vitesses, celle pour les riches, celle pour les pauvres... mais à force de jouer au Dr Folamour, les industriels de la terre poussés par l’appât du gain et la production des produits à haute plus-value, n’accompliront plus la tâche historique de l’agriculture, à savoir la nourriture pour les hommes.

Pour mieux comprendre ce qui est décrit ci-dessus, nous proposons l’écoute de cette émission de radio.

Quand une partie de la gauche de la gauche nous parle de la production agricole ou d’élevage, elle emploie des nouveaux mots : raisonnée, mesurée, participative, équitable, écologiste, distributive... s’appuyant sur de fausses idées venues d’Amérique Latine où le mouvement des « sans-terres » partiellement socialiste, a pris depuis quelques années, une dimension internationale et agité les paysans spoliés d’Afrique.

Mais, ce qui peut être applicable dans cette partie du monde, ne l’est pas forcément ici dans l’Occident du capitalisme sauvage, et ces mots qui sommes toutes paraissent justes et sincères, servent les intérêts capitalistes et collaborent à empêcher l’emploi des termes étatique et collectiviste. Il est important de la faire la différence entre l’agriculture de survie pour nourrir sa famille avec sa propre production et l’agriculture de profits. Comme on ne peut comparer les productions intensives des grands bassins fertiles et plats, avec celles quasi folkloriques – sans vouloir être méprisant car difficiles – de moyennes montagnes, caillouteuses et pentues... tout est matérialiste puisque tout dépend de la terre, de la pluie et du climat.

D’ailleurs dans les brochures destinées aux touristes ou sur les cartes postales, rares sont les photos des grandes plaines dénudées du Nord ou de la Beauce, les greniers céréaliers, et rares sont les photos des élevages intensifs de porcs en Bretagne...

Il faut bien comprendre que le patronat agricole, la FNSEA est largement implantée et tire sa grande puissance des lieux et régions où la production est capitaliste quand la Confédération Paysanne et le MODEF sont plus enracinés dans les endroits plus pauvres où la culture et l’élevage ne dégagent pas les profits exigés par une « agriculture moderne et efficace »... Il n’y a aucune différence entre les capitalistes de nos usines et les capitalistes « paysans »... seul l’appât du gain les fait avancer, le reste alors qu’ils se définissent comme des nourrisseurs qui empêcheraient la fin dans le monde, n’est que chimères et chants de sirène.

Ce capitalisme agricole est sous la coupe des grandes firmes de l’agrochimie et des monopoles multinationaux de la grande distribution, mais aussi des traders et donc des spéculateurs... puisque les cours des céréales qui servent autant à la nourriture humaine qu’à celle des animaux et à la pharmacie, sont indexés sur le cours du pétrole, sur les pétrodollars.

Alors, même si la nouvelle mode écologiste est le commerce équitable d’une agriculture raisonnée, qui certes permet à des paysans, de vendre leurs denrées à un meilleur prix dans des circuits de distribution participatifs... tout ceci n’est que microscopique en rapport avec l’agriculture intensive, souvent en monoculture ou en mono-élevage, selon des plans stratégiques, qui est pratiquée par les nouveaux seigneurs de nos campagnes, défenseurs des OGM, manipulateurs de pesticides et d’engrais, Dr Mabuse des hormones et des antibiotiques, pollueurs patentés et rarement inquiétés, et même parfois victimes mortellement de leurs excès. Ces seigneurs mettent en péril l’avenir même de l’humanité car leurs pratiques insensées et leurs manipulations, détruisent le biotope et aujourd’hui rien ne permet de dire que ce qui est détruit sera un jour à nouveau cultivable.

En fait tout ceci est organisé depuis des lustres par un capitalisme sauvage qui après avoir été freiné par les grandes révolutions russe puis chinoise, s’est complétement débridé. Pour preuve l’AMI (projet d’accord multilatéral sur l’investissement) avait été négocié sen secret entre 1995 et 1997 par les 29 Etats membres de l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, pour paraphraser Lénine, est aujourd’hui décomplexé et prêt à tout car comme l’affirmait Marx : « Le capital maudit l’absence de profit ou un profit minime, comme la nature a horreur du vide. Que le profit soit convenable, et le capital devient courageux : 10% d’assurés, et on peut l’employer partout ; 20%, il s’échauffe ; 50%, il est d’une témérité folle, à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines ; à 300%, et il n’est pas de crime qu’il n’ose commettre ».

20 ans après la tentative échouée de l’AMI, la France et de nombreux gouvernements européens se disent prêts à signer l’accord transatlantique de libre échange et de libre concurrence non faussée. Qui aujourd’hui peut imaginer que des multinationales traînent en justice des gouvernements qui refuseraient leurs produits ? Et pourtant, cet accord, s’il était signé, permettrait à ces multinationales sans scrupule d’obtenir des compensations financières à cause des droits du travail et des législations trop contraignants, poussant les gouvernements à céder, et les grands lobbies et industriels de la terre sont déjà à l’avant-garde pour dénoncer le coût du travail et les contraintes administratives, c’est bien une guerre de classes.

Cercle Ouvrier du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais

n°131/10/09/14

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»» http://www.communcommune.com/articl...
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