La Libye sombre dans le chaos, l’Ukraine n’est guère mieux lotie, alors que la Syrie fluctue entre accalmie et explosion de violence. Voilà donc trois places fortes géopolitiques sur trois continents qui font l’actualité et menacent la stabilité et la sécurité dans le monde. Coïncidence ? Peu probable ! En Libye (Afrique), en Syrie (Asie) et en Ukraine (Europe) trop d’intérêts sont engagés pour estimer un seul instant que cela relèverait du hasard ou d’une simultanéité douteuse. Surtout lorsque l’on sait que les acteurs des événements sanglants dans ces trois pays sont en accointance avec l’Occident - Etats-Unis et France en particulier - qui ne veut pas que du bien aux Ukrainiens, Syriens et Libyens. Ce qui est encore plus étonnant est le fait que l’on retrouve derrière ces déstabilisateurs des services occidentaux, en particulier la CIA très active en Libye et en Ukraine. Elle est aussi accusée de n’être pas étrangère dans la formation des milices rebelles qui combattent le régime syrien. En Libye, il y a eu, vendredi dernier, la réapparition impromptue d’un personnage que d’aucuns estimaient être passé par pertes et profit des bas fonds de l’Histoire. Ainsi, le « général » Khalifa Hafter est réapparu à la tête d’une « Armée nationale de Libye » menant un curieux « coup de main » contre des islamistes à Benghazi. Mais qui est Khalifa Hafter ? Colonel dans l’armée du guide libyen, Maâmar El Gueddafi, Hafter participa à la guerre libyco-tchadienne, pour le contrôle de la bande d’Aozou, à la fin des années 1980. Il se fait capturer avec son contingent de soldats. Libéré avec ses hommes, sur intervention de Washington, Khalifa Hafter est pris en charge en Virginie (Etats-Unis, où il séjournera près de trois décennies) par la CIA. En fait, Hafter est tout simplement un agent des renseignements américains. Ce qui est aussi le cas de l’ancien Premier ministre Ali Zeidan et de l’ex-président du Parlement (CGN) Mohamed El-Megaryef qui ont rompu avec le régime d’El Gueddafi dans les années 1980. De fait, Hafter, Zeidan et Megaryef ont des passeports américains. Aussi, la réapparition de Hafter (qui a reçu son étoile de « général » de l’ex-CNT Conseil national de transition) ajoute à la confusion et au chaos en Libye où un millier de milices surarmées font la loi et où chaque ville s’est érigée en Etat. Cette situation a été générée par les Etats-Unis (via la CIA) qui sont derrière ledit « Printemps arabe » en Libye.
C’est le même processus qui fut de mise en Syrie avec comme maître d’oeuvre le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie, sous supervision des Etats-Unis et son bras armé, la CIA. C’est aussi le même schéma et scénario qui mirent l’Ukraine à feu et à sang avec, là aussi, comme maître des « cérémonies », l’inévitable CIA dont le chef, John Brennan, paya de sa personne en faisant le déplacement du Maidan à Kiev, haut lieu de la subversion. Nous l’avons déjà écrit dans ces colonnes. Ce qui s’est passé à Kiev était un coup d’Etat fasciste et néonazi dont les meneurs étaient connus en Europe. Etats-uniens et Européens ont donc fait alliance, en connaissance de cause avec des néonazis. D’ailleurs, la majorité des membres des nouvelles autorités de Kiev sont des actifs du Parti Svoboda (ex-Parti national socialiste, néonazi), du Parviy Sektor (Secteur de droite, fasciste) et du Mouvement d’autodéfense ukrainienne (UNA-Unso). Pour couronner le tout, le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, ne cache nullement son appartenance aux néonazis, qui occupa entre 2005 et 2007 les postes de ministre de l’Economie et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Viktor Iouchtchenko issu de la « Révolution orange ».
Ce qui se passe en Syrie (l’Occident a toutefois échoué à placer au pouvoir à Damas, ladite « Coalition » de l’opposition syrienne toute dévouée à ses mentors occidentaux), en Libye et en Ukraine a de fait été sciemment planifié et diligenté par l’Occident qui espérait faire main basse sur ces trois places stratégiques au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Il y eut cependant un sérieux accroc dans la réalisation de ces projets : la résistance des peuples des pays sus-cités et surtout le « Non ! » de la Russie.
En fait, la bipolarité a été rétablie au lendemain de la « révolution » en Syrie qui remet en selle la Russie comme partenaire incontournable. Piégée dans le cas de la Libye, Moscou ne permet plus aux Etats-Unis de mener le jeu à leur guise. De fait, la page de l’hégémonie états-unienne sur le monde a été définitivement tournée. Reste à savoir si les Etats-Unis accepteront la nouvelle donne. A contrario, sont-ils prêts à aller à une troisième guerre mondiale ? Toute la question est là, dès lors que Washington n’est pas parvenu à imposer sa suprématie sur le monde.
Karim MOHSEN