En Syrie, faute d’engagement de Washington, Paris a dû en rester au niveau des gesticulations de circonstances, assistant impuissant aux négociations, sur le dossier, entre grands.
L’humiliation est quand même digérée et aucun signe de mécontentement n’a été signifié à Barak Obama, pour le mépris affiché envers le plus zélé des satellites. Il en sera de même concernant la crise en Ukraine où le gouvernement français, parmi les membres de l’Union européenne, fait plutôt office de figurant. Et l’aventure de reconquête est toujours un projet en cours. Les opérations au Mali et en Centrafrique ont paraphé le retour de l’armée française, en tant que gendarme en Afrique. Et ça trépigne dans les hautes sphères de l’Hexagone.
Peut-être qu’il y a urgence à un redéploiement, au-delà des frontières, face à une situation intérieure plutôt inquiétante. Car donner des leçons de gouvernance économique aux autres, ne signifie pas du tout que l’on soit soi-même un maître en la matière. Depuis plus d’un mois, la France est " placée sous surveillance renforcée ". La mesure a été communiquée par le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn. Ceci à cause du fait de "ses déséquilibres macro-économiques" qui n’ont pas été corrigés. En clair, l’Elysée avait fait la promesse de réduire le déficit budgétaire à 3 % du Produit Intérieur Brut (PIB) à la fin 2015, alors qu’il ne sera pas en mesure d’y parvenir, selon les prévisions de l’U.E. Pis, le PIB ne progressera que de 1 % en 2014 et de 1,7 % en 2015, bien en dessous des taux globaux des 27.
En conséquence, le chômage touchera au moins 11 % de la population active, dans les deux prochaines années et la dette passera à 96,1 % du PIB cette année, puis à 97,3 % en 2015.
Pendant ce temps, la presse française quasi unanime s’est mise au chevet de l’Algérie, pour y dénicher les ingrédients économiques d’une explosion sociale, annoncée aussi à sa décharge par de doctes intellectuels ou ex-Premiers ministres algériens. Une explosion qui pourrait bien se produire sous les yeux, les fenêtres de ces journaux bien ;avant qu’Alger ne brûle, si elle doit brûler.
En guise d’ingrédients, autour de 350 000 ménages d’Ile-de- France, selon l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de cette région, ne peuvent faire face aux dépenses alimentaires et d’habillement en même temps que les dépenses d’habitation. Plus largement, à en croire la Fondation Abbé Pierre, dans son rapport annuel en janvier, plus de 10 millions de personnessont touchées par la crise du logement. Sur le chapitre de l’exclusion sociale, le tableau est encore plus édifiant. Pour la seule France métropolitaine, par exemple, à Roubaix, la pauvreté touche 45 % des ménages. A Marseille, dans le 3ème arrondissement, ce taux atteindrait 55 %, et respectivement 43 % et 44 % dans les 1er et 2ème arrondissements. Il atteint 33 % à Béziers, 32 % à Perpignan, 30 % à Avignon et 29 % à Nîmes. Et pourtant il n’y a pas de sonnette d’alarme.
Ahmed Halfaoui