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Le 11 Septembre et la politique du Grand Satan au Proche-Orient

Le Manifest Destiny (en français : « destin manifeste » ou « destinée manifeste ») est une idéologie selon laquelle la Nation américaine a pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation vers l’Ouest. Le président Théodore Roosevelt a repris le concept au début du XXème siècle afin de justifier l’expansionnisme et l’interventionnisme des États-Unis hors de leurs frontières. La liste de ces interventions est longue : certaines ont pu être menées soit directement (guerres, envoi de forces armées), soit indirectement (soutien à des gouvernements liges, activité des services secrets, etc.). La guerre du Vietnam et ses épandages de napalm, les coups d’État organisés par la CIA (renversement par exemple des présidents Mossadegh en Iran en 1953 ou Allende au Chili en 1973) et le soutien à toutes les dictatures réactionnaires d’Amérique du sud ont marqué les esprits.

Mais la période contemporaine est marquée par un événement qui en 2001 rebattra toutes les cartes : les attentats du World Trade Center. Véritable déflagration stratégique, le 11 Septembre fera désormais passer les États-Unis du rang d’agresseur à celui de victime. Ce qui permit à l’Oncle Sam de lancer la guerre contre le terrorisme et, pour le dire clairement, de mener une authentique croisade contre le monde musulman en déstabilisant au passage toute une région.

Dans les faits, les musulmans sont les premières victimes de la tragédie orchestrée par Washington, l’objectif n’étant pour la Maison blanche que d’instaurer dans le monde arabe des régimes à sa botte. L’Iran a toujours été une épine dans le pied de l’Oncle Sam qui aurait bien évidemment voulu y instaurer une démocratie libérale à l’américaine. Le mouvement contestataire né des manifestations post-électorales de 2009 a pu lui faire penser un moment que la déstabilisation était enfin en bonne voie. Ce ne fut en réalité et à son grand dam qu’un pétard mouillé.

Washington continue logiquement de travailler d’arrache-pied à un changement de régime en Iran. La CIA a été directement sollicitée pour cela : quelque 400 millions de dollars ont ainsi été débloqués pour des activités allant de l’espionnage du programme nucléaire iranien au soutien à des groupes subversifs. Brian Ross et Richard Esposito, des fonctionnaires de la communauté du renseignement étasunien, ont affirmé en 2007 que « la CIA avait reçu l’approbation présidentielle pour lancer une opération secrète en vue de déstabiliser le gouvernement de Téhéran. Le président Bush avait pour cela signé une autorisation à but « non létal » de mettre en œuvre une campagne coordonnée de propagande, de désinformation et d’intervention sur le rial (la monnaie iranienne, NDLR) et les transactions internationales ». Le président George Bush officialisait d’ailleurs cette démarche quelque temps plus tard.

L’Iran est une cible de choix et les intrigues contre la république islamique sont monnaie courante. À ce jeu-là, le néoconservateur Kenneth Timmerman est en bonne place. Il fonde en 1995 la Fondation pour la démocratie en Iran dont le but est clairement le renversement du régime. Des personnages préalablement bien impliqués ne tardent pas à le rejoindre parmi lesquels Peter Rodman (un ex fonctionnaire de la Maison blanche et du département d’État), Joshua Muravchick (qui a appelé Washington à bombarder l’Iran dans un article du Los Angeles Times intitulé « Bomb Iran ») et des expatriés affiliés à l’organisation des moudjahidines du peuple iranien, un mouvement de résistance armé au gouvernement légitime mais qui ne figure curieusement plus sur la liste des organisations terroristes.

Kenneth Timmerman n’y va pas par quatre chemins. Il écrit que « la fondation nationale pour la démocratie (National Endowment for Democracy) a dépensé des millions de dollars au cours de la dernière décennie pour promouvoir des révolutions colorées dans des pays tels que l’Ukraine et la Serbie et pour former des gens rompus aux techniques de communication et d’organisation. Une partie non négligeable des sommes allouées semble être tombée dans la poche des groupes pro Moussavi, qui ont des liens avec d’autres organisations non gouvernementales en-dehors de l’Iran ».

Washington a accueilli comme on pouvait s’y attendre les soubresauts que connaît actuellement cette région du globe et semble plus que jamais avoir mené à bien ses projets de déstabilisation. La Syrie a bien évidemment été considérée par l’Empire comme un objectif qui s’imposait à lui bien que réputé peu accessible. Compte tenu du fait que le pays figure de lien quasi naturel entre le Liban et l’Iran, les États-Unis ont mis le paquet. Il y a même eu une convergence d’intérêt entre la CIA, le MI6 britannique et le Mossad pour renverser le régime syrien. L’affaire s’avèrera finalement beaucoup plus complexe que prévue.

Il va sans dire que la République islamique d’Iran est parfaitement consciente des agissements étasuniens. Dans un discours tenu mi-février à l’adresse des commandeurs des forces aériennes du pays, l’ayatollah Ali Khamenei a prudemment rendu compte des dénégations du gouvernement des États-Unis sur cette question : « les responsables américains prétendent qu’ils ne s’intéressent pas à un changement de régime politique en Iran, nous savons qu’ils mentent... parce que s’ils avaient le pouvoir de le faire, ils n’hésiteraient pas une seconde ».

L’opportunité d’un changement de régime en Iran et en Syrie a aujourd’hui atteint son niveau le plus bas. Au moment où les think-tanks étasuniens parient tous sur un affaiblissement de la prédominance de l’Oncle Sam sur la région, l’influence de la République islamique a atteint un niveau jamais atteint jusque-là. L’échec de Washington dans une transition politique en Iran est patent. Toute autre tentative en ce sens s’opposerait de facto à la colère du peuple iranien et à celle de la communauté internationale. Les paroles du défunt imam Khomeiny nous reviendraient alors inévitablement à l’esprit : « l’Amérique est le grand Satan ».

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