La conversation entre Victoria Nuland, sous-secrétaire du Département d’État des États-Unis d’Amérique (USA) et l’Ambassadeur US en Ukraine, Geoffrey R. Pyatt, a fait déjà le tour du monde et a mis à nu ce qui était déjà connu, à savoir que Washington orchestre un « changement de régime » à Kiev, et que comme il veut le faire à son compte, il doit « entuber », pour le dire vulgairement, ses alliés dans des sinistres taches : la tête de l’Union Européenne (UE) et plusieurs des gouvernements qui la composent.
Le texte complet de cette conversation téléphonique entre Nuland et Pyatt qui définit qui doit être la tête du nouveau gouvernement en Ukraine et qui ne doit y être, peut être consulté [1], et sans le moindre doute passera à la postérité comme l’un des documents qui synthétise le modus operandi de Washington en matière de déstabilisation de la vie politique et sociale d’ un pays pour provoquer des changements fondamentaux dans les gouvernements, ou pour les renverser et pour pouvoir y installer un homme politique à se convenance.
Qui est Victoria Nuland ? Un pur produit du bipartisme qui gouverne Washington : épouse (et compagne d’idées et d’ambitions) de Robert Kagan, un néoconservateur remarqué de l’ère Dick Cheney-George W. Bush et plus tard le conseiller en matière de politique extérieure de John McCain, candidat Républicain la présidence, ce qui n’enlève pas qu’il a été publiquement salué par le Président démocrate Barack Obama et qu’il a été conseiller pour la politique extérieure de l’ancienne secrétaire d’Etat Hilary Clinton.
Ce qui précède aide à comprendre le pouvoir de ces agents qui non seulement dirigent mais participent aux processus de déstabilisation de gouvernements que l’on suppose souverains.
Un pouvoir qu’il leur permet d’utiliser, comme cet enregistrement nous montre, au Secrétaire général de Ban ki-Moon, qui a accédé - selon Nuland - à nommer Robert Serry comme son envoyé en Ukraine pour que « il aide à coller cette chose » (c’est dire qui lui donne le timbre de légitimité à cette action subversive) et d’un coup aussi on peut « baisser l’UE ».
Et pour s’assurer que Yanukóvich cédera sous les pressions de Washington, la sous-secrétaire Nuland a demandé et aura à sa disposition la présence à Kiev du Vice-président des Etats-Unis, Joe Biden.
En définitive, avec cet enregistrement nous connaissons déjà les changements qui doivent survenir au sein du gouvernement du Président Víctor Yanukóvich, c’est-à-dire qui y sera et ceux qui n’y seront pas, et cela aide aussi à appréhender toutes les tentatives passées, et celles qui sont en cours, pour déstabiliser la situation politique et obtenir un « changement de régime » au Venezuela, en Équateur ou au Salvador, parmi beaucoup d’autres exemples possibles.
Nous savons aussi quel est l’objectif géopolitique de toute cette subversion qui a commencé avec des « manifestations pacifiques » de partis de droite, ultranationalistes et fascistes, et a été suivi par une longue et terrorisante démonstration de groupes fascistes de choc : transformer l’Ukraine en terrain de confrontation avec la Russie.
Il y a longtemps que l’Empereur va nu, comme c’est courant quand l’empire est en décadence, mais maintenant les peuples le voient partout plus nu et laid que jamais auparavant, au point que cet humble journaliste suggère au Président Obama de créer un sous-secrétariat des Excuses du Département d’État, pour ne pas distraire les fonctionnaires occupés à continuer de renverser des gouvernements démocratiquement élus, comme ceux de l’Ukraine ou du Venezuela, déstabilisant d’autres démocraties en Amérique du Sud, ou comme me le dit mon petit doigt, empêcher que le FMLN gagne le deuxième tour des élections présidentielles au Salvador, en mars prochain.
Alberto Rabilotta.
Montreal, Canada.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
(1) http://www.voltairenet.org/article182063.html