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Maurice Audin et le général

“ Ils ” ne veulent toujours pas dire à Josette Audin où ils ont enterré Maurice. Ils sont capables de cela. Peu lui chaut qu’un journaliste dévoile que son mari a été tué. Comme s’il fallait lui apprendre la chose.

Les sordides détails sur la mort du jeune militant communiste ne font que raviver les blessures. Elles servent, au mieux, à fabriquer un best-seller, c’est ce qu’elle pense cette femme-courage, qui a fini par abandonner l’idée de savoir la vérité sur la mort de son compagnon, pour demander à ce que la lumière soit faite sur toutes les exactions de l’armée coloniale contre la population algérienne. Pour que la barbarie ne soit pas réduite aux simples actes de la soldatesque et des généraux qui la commandaient.

Car la barbarie est inscrite dans le système que les soldats servaient et qu’il avait envoyé " pacifier " un peuple qui avait décidé de ne plus la subir. La barbarie qu’une chanson de Jacques Brel dénonçait en son temps par ces vers :

Pourquoi cette fanfare
Quand les soldats par quatre
Attendent les massacres
Sur le quai d’une gare
Pourquoi ce train ventru…
Pour partir en soldats
Pourquoi ce train de pluie
Pourquoi ce train de guerre
Pourquoi ce cimetière
En marche vers la nuit
Nous n’irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n’allons pas au bois nous allons la tuer…

Au bout du voyage, ces hommes sortis de leur quotidien, sans histoires pour beaucoup, seront transformés en criminels, en machines à torturer et à tuer. Et ils le feront, pour beaucoup aussi, avec le plus grand zèle et surtout avec le sentiment de devoir obéir aux ordres et de servir leur pays, représentés par ceux qui les ont enrôlés dans l’aventure. Même général, un soldat reste un soldat, un homme " commandé " qui exécute les ordres et qui rend compte à ceux qui l’ont désigné pour sa mission. Cette trivialité est superbement ignorée et ne sont mis en avant que les exécutants pas les commanditaires, en l’occurrence, le gouvernement qu’ils servent. Celui-là qui les a mis dans le train de la chanson et qui a voulu qu’il y ait de la musique qui agrémente le départ vers l’Algérie martyre.

Qui a voulu qu’ils soient assurés de partir pour une noble cause, au service de la patrie, contre des ennemis qu’il leur faut réduire. Et ils s’y sont attelés avec le sentiment d’être du côté du droit face à des ennemis qui le bafouent ou plus, du côté de la justice contre le crime, celui que commettent ces Algériens de vouloir se libérer du pire déni d’humanité qui soit. Alors quand Maurice Audin est tombé entre leurs mains, ils ne se sont pas fait prier pour lui infliger le sort qu’il a subi. En prime, ils considéraient que c’était un traître, en plus d’être communiste. Car il est inconcevable pour un tueur, comme Massu, qu’un " Français " puisse s’engager de l’autre côté de la barricade. Il n’a pas rencontré les catégories mentales qui lui auraient permis de s’expliquer ce type de comportement. De comprendre ce que signifie le combat pour l’humain, pour un monde où l’humain serait au-dessus de tout.

Cela n’a pas été le cas, sinon Massu n’aurait pas été un général dirigeant une " bataille " où il s’agissait plus de terroriser un peuple que de faire la guerre à une armée.

Ahmed Halfaoui

»» http://lesdebats.com/editions/130114
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Les éditocrates - Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Aude Langelin
Vous les connaissez bien. Leur visage et leur voix vous sont familiers. Ils signent tous les jours un éditorial dans la presse écrite ; ils livrent une chronique chaque matin sur une antenne de radio ; ils occupent les plateaux des grandes - et des petites - chaînes de télévision ; chaque année, voire plusieurs fois par an, leur nouveau livre envahit les tables des librairies. « Ils », ce sont les « éditocrates ». Ils ne sont experts de rien mais ils ont des choses à dire sur (presque) (…)
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(...) quelqu’un a dit il y a vingt ans : "vous pouvez croire tout ce qu’on raconte sur cet homme, sauf qu’il est mort".

(...) Ce lieu sera pour toujours un témoignage de lutte, un appel à l’humanisme. Il sera aussi un hommage permanent à une génération qui voulait transformer le monde, et à l’esprit rebelle et inventif d’un artiste qui contribua à forger cette génération et en même temps en est un de ses symboles les plus authentiques.

Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

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