La plupart des reproductions sont horribles : mauvaise balance des couleurs, taille ridicule en comparaison de l’original ce qui enlève quantité de détails, aucun rendu du relief de la peinture, pour ne parler que des principaux. Bien sur, cela peut faire joli dans le salon et bien peu de gens ont la place pour mettre des peintures de 5 mètres de haut comme nous pouvons en voir dans certains musées.
Le principale problème des reproduction est que leur qualité médiocre enlève une bonne partie de l’affectif de l’oeuvre. Quand au musée du Prado, on se retrouve en face du Saturne de Goya, celui-ci est grandeur nature, et l’on ressent un véritable coup de poing à l’estomac. De plus, dans un musée, il y a des petits panneaux explicatifs qui placent les oeuvres dans le contexte de leur époque. On apprend ainsi que si le Colosse ou Saturne s’appellent ainsi, ce n’est pas l’oeuvre d’un fou comme les bourgeois voudraient nous le faire croire, mais simplement un moyen simple pour échapper au foudres de la censure de l’époque, censure que Goya, malgré son statut de peintre royal, ne pouvait ignorer.
Ainsi, le Saturne ne représente rien d’autre qu’un père de famille en train de manger son fils ou celui du voisin pour ne pas crever de faim, et le Colosse ne représente rien d’autre que l’élite de l’époque se fichant totalement de la famine, des épidémies et des guerres que subissait le peuple. Le Colosse est pour moi la plus intemporelle et la meilleure des oeuvres d’art car en une image elle résume toute notre société, tout en étant pas trop abstraite ce qui la rend compréhensible par tout le monde. Cela ne veut pas dire que je la mettrais dans ma chambre, elle est bien dans un musée où tout le monde peut la voir.
Quand aux détails sur une oeuvre d’art, ils sont importants car ils permettent de se rendre compte que ce qui n’est que des taches de couleur sur une reproduction sont des broderies sur la robe de la bonne et des pierres précieuses sur l’habit de son maître. Enfin, la peinture permet de donner du relief à ces détails, ce qu’aucune photographie ne peut faire.
Ceci dit, je reconnais qu’une reproduction permet de rendre accessible une oeuvre à un plus large public. Mais les rendre accessible est une chose, les placer dans leur contexte comme il est possible de le faire dans un musée en proposant un véritable voyage dans le temps en est une autre.