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La responsabilité des États-Unis dans l’instabilité du monde arabe

Selon le quotidien italien Corriere della Sera, plus de deux cents marines ont été transférés d’une base militaire étasunienne en Espagne vers celle de Sigonella, en Sicile. Ces mouvements de personnel font suite aux tensions survenues entre Washington et la Libye après le raid qui a conduit à la capture d’Abou Anas al-Liby, l’un des leaders d’Al-Qaïda les plus recherchés par le FBI. Ils ont pour but de prévenir toute menace potentielle pour la sécurité de la mission diplomatique étasunienne en Libye.

Dimanche 13 octobre 2013

La situation est en effet quelque peu tendue entre Washington et Tripoli. Le gouvernement libyen a convoqué l’ambassadrice Deborah Jones ; il exige des précisions sur la capture du chef terroriste Nazih Abdul Hamed al-Raghie (nom de guerre d’Abou Anas al-Liby), capturé le week-end dernier à Tripoli par les forces spéciales étasuniennes en pleine journée. « Un véritable rapt » pour les autorités libyennes, décidé qui plus est à leur insu. Des informations officieusement démentis par le Pentagone, qui a toutefois réaffirmé « le droit de poursuivre les terroristes sans limites ni frontières ».

« Celui qui a kidnappé mon père parlait un dialecte libyen », a déclaré le fils d’Abou Anas, témoin de l’enlèvement. Pour les médias étasuniens, l’opération est l’œuvre des fameux Navy Seals, les forces spéciales qui ont capturé et tué Oussama Ben Laden avec l’aide de la CIA et du FBI. Abou Anas a été amené au bord du San Antonio, un navire de guerre de la marine américaine stationné en Méditerranée, pour y être interrogé. « Abou Anas est désormais prisonnier des États-Unis », a déclaré le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, en précisant que le raid avait été approuvé par le président Obama en personne.

Amnesty International a dénoncé la capture d’Abou Anas, car « elle viole les principes fondamentaux des droits de l’homme », et a demandé à Washington de « confirmer immédiatement son lieu de détention et lui fournir l’accès à un avocat ».

Tripoli fait manifestement la grosse voix. Mais le gouvernement a une souveraineté limitée ; il a en effet été mis en selle par l’OTAN sous le bruit des bombes. Difficile dans ces conditions d’exister en dehors de l’Oncle Sam. La Libye « libérée » de Kadhafi est quotidiennement humiliée par des milices armées qui se disputent son territoire. Il y a quelques jours encore, alors que le gouvernement libyen a minimisé la portée d’un attentat à la bombe dernière l’hôpital al-Jala de Benghazi, le Pentagone a fait savoir qu’il avait envoyé un nombre non précisé de marines sur la base de Sigonella. On a parlé initialement de cinq cents hommes ; ils ne sont finalement « que » deux cents. Une véritable opération militaire, loin des entraînements de routine, qui relance le débat sur ​​la finalité de la base sicilienne que les États-Unis utilisent depuis le 15 juin 1959. Plus de 7.000 militaires et leurs familles y ont élu domicile. Le gouvernement italien reste étrangement silencieux, peut-être pour ne pas trop faire de publicité à sa politique belliqueuse. Sigonella accueillera en effet prochainement un centre étasunien de traitement de drones.

Abou Anas vivait tranquillement en Libye depuis deux ans. Une prime de cinq millions de dollars planait au-dessus de sa tête. Il est accusé de complicité dans les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie (11 morts et 70 blessés) et au Kenya (213 morts dont 12 citoyens étasuniens) en 1998. Indésirables à l’époque de Kadhafi, de nombreux musulmans radicaux ont quitté le pays dans les années 90 pour s’installer en Afghanistan ou en Irak, où ils sont entrés en contact avec Al-Qaïda avant de retrouver leur terre natale, en 2011. Avoir combattu aux côtés de l’OTAN contre la Jamahiriya libyenne leur a donné voix au chapitre. S’appropriant un arsenal militaire impressionnant au moment de la « guerre de libération », ils ont formé des milices armées et construit des camps d’entraînement pour les jeunes Libyens et les étrangers en partance pour les combats en Syrie. Ces groupes seraient devenus si puissants qu’ils n’ont désormais plus besoin de s’associer avec Al-Qaïda, préférant suivre leurs propres émirs locaux. Le groupe salafiste Ansar al-Sharia, enraciné dans l’est du pays, serait ainsi responsable de l’attaque contre le consulat américain à Benghazi le 11 septembre 2012 qui a coûté la vie de l’ambassadeur Chris Stevens et de trois autres Étasuniens.

La « fragmentation territoriale » fait désormais partie intégrante de la nouvelle stratégie étasunienne dans le monde islamique : elle consiste à détruire tous les États en favorisant la « balkanisation » de pays entiers. L’Irak et la Libye en sont des exemples concrets, et il s’en est fallu de peu que la Syrie ne connaisse le même sort. Peu importent les vies brisées et les conflits tribaux ou confessionnels qui découlent d’une telle instabilité : les vastes territoires que plus aucun gouvernement ne contrôle ne représentent plus aucun problème pour la politique extérieure de l’Oncle Sam. Mais celle-ci se doit d’être armée face aux bandes rebelles et aux terroristes… qui sont des pions géopolitiques utilisés à dessein par les États-Unis et son complexe militaro-industriel. Pourtant, Barack Obama s’est vu officiellement attribuer le prix Nobel de la paix 2009 « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples ». Nous sommes décidément en guerre : la propagande bat son plein !

Capitaine Martin

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