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Montréal : Les orphelins de Mao en congrès

Au milieu de cette misère « populaire » et ouvrière, deux cent congénères universitaires se sont recueillis à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) – ce temple de la renommée de la social-démocratie pédante et insignifiante – pour une cérémonie des thuriféraires de Lionel Groulx, Maurice Duplessis, Pierre Bourgeault, René Levesque et Charles Gagnon, échangeant gauchement à propos de l’indépendance nationale québécoise vue du côté gauche du cerveau, la voie royale pour distraire le petit peuple de sa misère.

Braire au cœur de la crise

La crise économique du capitalisme bat son plein et s’approfondit davantage chaque matin, ce qui soulève la résistance ouvrière et populaire, la résistance des étudiants, des chômeurs, des retraités, de milliers de gens menacés par la pauvreté du salarié. Tous ces gens étriqués entre les soupes de quartiers et les friperies d’appauvris ; coincés entre le chômage et l’emploi précaire et sous-payé ; déchirés entre les taxes, les surtaxes, les impôts, les cotisations et les dettes personnelles abyssales additionnées à la dette gouvernementale.

Au milieu de cette misère « populaire » et ouvrière, deux cent congénères universitaires se sont recueillis à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) – ce temple de la renommée de la social-démocratie pédante et insignifiante – pour une cérémonie des thuriféraires de Lionel Groulx, Maurice Duplessis, Pierre Bourgeault, René Levesque et Charles Gagnon, échangeant gauchement à propos de l’indépendance nationale québécoise vue du côté gauche du cerveau, la voie royale pour distraire le petit peuple de sa misère. Hier l’empereur susurrait « Du pain et des jeux pour la plèbe du Colisée ». Aujourd’hui le « bobo » murmure : « Du chauvinisme nationaliste et des gabegies crypto-fascistes pour la populace ».

Ils étaient tous rassemblés pour reprendre du service comme dans les années soixante-dix, le temps d’une crise du capitalisme. Comme on dit : « Tout est possible », à condition d’en sortir de cette tour d’ivoire universitaire déconnectée de la vie. Pour consulter le programme de leur ébats éclectiques, visitez : [http://www.cahiersdusocialisme.org/2013/05/04/tout-est-possible/].

Ils fourbissent leurs armes

Il n’y avait rien de vulgaire ma chère dans cet aréopage de pseudos experts des chaires universitaires en recherches sociales et ouvrières. Cette Université « populaire » où tout était possible – y compris d’entendre des antimarxistes parler de Marx – est une sorte de cénacle organisé chaque année par les Nouveaux cahiers du socialisme qui n’ont rien de socialiste évidemment.

Les mandarins regroupés dans ce gourbi se disent « socialistes ». Leur spectre gauchisant s’étendant du Parti québécois à Québec Solidaire en passant par le Nouveau Parti Démocratique et par de vieux bonzes trotskystes souverainistes retardataires ; sans oublier quelques défroqués du groupe En Lutte in memoriam ; ainsi que du Parti Communiste Ouvrier – trépassé – d’ex-Mao orphelins du Grand Timonier.

Dans la vie vous êtes toujours à la gauche de quelqu’un. Ainsi, un conférencier – Gilles Bourque – expliquait qu’il était à gauche de Maurice Duplessis et d’Andrée Ferretti et qu’il avait été en 1964 le premier chauvin québécois, « pure laine », à écrire dans la revue Parti Pris à propos du Marxisme aux valeurs authentiquement Québécoises-fleurs de lys royales (!). Le cacique « has been » trotskyste – titulaire universitaire – n’avait jamais entendu parler du député communiste Fred Rose (Montréal, 1943) ni de la Loi du cadenas (Québec, 1937) – disqualifiant tout syndicat soupçonné d’allégeance communiste.

Un conférencier, un autre « has been illuminé » a très bien résumé l’assemblée : « Une rencontre marxiste sans Marx et sans marxiste »… ou presque… Je confirme. Car malgré le titre des ateliers et en dépit du renom surfait des orateurs, je n’ai rien entendu dans ce galetas qui n’aurait fait retourner Marx dans sa tombe. N’importe quoi et son chat, voilà le fatras de ces ébats universitaires auxquels n’étaient pas conviés les damnés de la Terre.

Même les orphelins de Mao (En Lutte, PCO, PCC (ML)), venus écornifler, semblaient avoir perdu l’inspiration. Bien entendu, nombreux sont ceux qui citaient Gramsci, Althusser, Badiou, Balibar, Poulantzas, Lukacs, Trotski et Marx mais aucun ne semblait savoir de quoi il discourait. Tout cela sonnait faux et hors propos, non assumé, jamais inhalé. Seuls leurs étudiants catéchumènes, leurs agents de recherche obséquieux et leurs chargés de cours cérémonieux semblaient apprécier les propos de leurs patrons, les bonzes universitaires sur le retour.

Quelques perles glanées au fil de ces journées

Voici quelques perles éructées par les pseudos marxistes participant à cette Université d’été » : « La classe dirigeante et la classe dominante du capitalisme », « L’économisme c’est de ne songer qu’à l’économie dans la vie », « Les marxistes sont tombés dans le chaudron du nationalisme québécois », « L’impérialisme c’est un projet politique expansionniste », « La révolution c’est de quitter son emploi pour être libre dans ses choix », « la financiarisation de l’économie c’est d’imprimer beaucoup de monnaie », « La valeur c’est la monnaie », « L’arnaque du capitalisme c’est la substitution de la valeur d’usage par la valeur d’échange totalisante » (!) « L’instrument du bien commun c’est l’État », « Les pays scandinaves sont des modèles de la réussite socialiste », « Les capitalistes contrôlent tout y compris la crise économique », « Le travail est aliénant, vive le farniente », et enfin « Le capitalisme pur c’est l’économie sans producteur ni consommateur ». Tout le reste coulait de la même source putride.

J’arrête ici cette litanie d’arguties n’ayant évidemment rien à voir avec la science marxiste. Le pire dans tout ceci, c’est que ces niaiseries étaient le plus souvent écrites par des professeurs ou des doctorants ignorants…de la science marxiste.

La question nationale vue du coin de la rue « chauvine »

Karl Marx aurait répudié cette assemblée de prétentieux dignitaires se défaussant d’un problème encombrant. La dernière plénière de ces agapes mortuaires portait sur la question nationale québécoise.

La problématique bourgeoise du national-chauvinisme les a tous fait trébucher entre 1970 et 1984 (leur âge d’or). Encore aujourd’hui, trente ans après, ces gens prétendent que la classe ouvrière est préoccupée par cette thématique alors que c’est la crise économique qui préoccupe réellement le peuple du Québec comme de tous les pays à travers le monde. Ces Gill, ces Martin et ces Letourneau vivent en serre chaude très loin du quotidien des malandrins.

Chacun des conférenciers soi-disant « marxistes » s’est pointé à la barre avec exactement le même refrain qu’en 1970, le nez collé au derrière de la petite bourgeoisie syndicale et nationale, afin qu’elle accepte de partager leur tribune et leurs annales.

Un militant est bien venu rompre cette belle harmonie complaisante en s’excusant cependant de ne pas être séparatiste pour cause que le nationalisme de droite lui faisait panique, suppliant expressément de ne pas le chasser car il pouvait encore s’amender.

De la salle surgit enfin un premier propos marxiste : « En autant que la classe ouvrière est concernée (classe totalement absente de cette assemblée il va sans dire) il n’y a pas de question nationale québécoise car il n’y a pas d’oppression nationale contre la nation québécoise. La nation québécoise a par deux fois eu l’occasion de se prononcer démocratiquement pour ou contre sa « libération » jusqu’à et y compris la sécession ; et par deux occasions la classe ouvrière québécoise a refusé de mandater la bourgeoise nationale chauvine pour renégocier les termes du pacte confédéral canadien et québécois conclu en 1867 avec la pleine complicité de la bourgeoisie canadienne comprenant sa section québécoise francophone devenue depuis impérialiste (AANB)".

La nation québécoise a le droit de tenir un troisième vote référendaire – mais aucun « indépendantiste-souverainiste-séparatiste » ne tiendra un 3e référendum perdant car une dégelée terrible attend ces aspirants aux oripeaux nationaux en lambeaux.

Le prolétariat québécois n’est ni opprimé ni aliéné par le prolétariat canadien du ROC (Rest of Canada) mais il est opprimé et exploité par la classe capitaliste monopoliste canadienne comprenant sa section québécoise francophone.

Enfin, quant à traiter de la question nationale, ajoutons que le prolétariat québécois doit supporter le prolétariat autochtone des onze nations amérindiennes vivant sur le territoire du Québec afin que chacune de ces nations opprimées obtienne le droit de disposer d’elle-même jusqu’à et y compris la sécession si tel est le désir des ouvriers de ces Premières nations.

Voilà la position marxiste sur la question nationale au Québec que pas un de ces pédants soupirants n’a jamais entendue ni défendue, jusqu’à et y compris les groupies de Charles Gagnon, Rashi, Beaudet et tutti quanti venus galvauder cette assemblée.

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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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