Les « preuves » ont été fournies par la CIA, la même qui, il y a dix ans, fournît la documentation photographique, montrée par Colin Powell au Conseil de sécurité, sur la possession par l’Irak de 500 tonnes d’armes chimiques et biologiques et de laboratoires mobiles pour la guerre biologique. On a découvert ensuite, comme a reconnu Powell lui-même, que de telles armes n’existaient pas et que les laboratoires mobiles étaient en réalité des générateurs de gaz pour des ballons aérostatiques à usage météorologique.
Mais désormais les jeux étaient faits : les « preuves » de la CIA avaient servi à justifier la guerre contre l’Irak. Peu importe donc si, une fois la guerre gagnée contre la Syrie, on découvrait que ce sont les « rebelles » qui ont utilisé des armes chimiques, comme a déclaré Carla Del Ponte de la Commission ONU sur les crimes de guerre.
D’après le jugement sans appel de Washington, la Syrie a franchi la « ligne rouge » et le président Obama, à contrecœur, a décidé de fournir des armes aux « rebelles ». En dissimulant le fait, émergé de l’enquête du New York Times (26 mars), que depuis janvier 2012 la CIA fournit des armes aux « rebelles », en les faisant arriver par un pont aérien en Turquie et Jordanie et en entraînant là les forces infiltrées en Syrie. C’est sur ce fond que se déroule « Eager lion », une véritable manœuvre de guerre avec forces aériennes, aérotransportées, navales, amphibies et terrestres, comprenant plus de 8mille hommes. Parmi lesquels des militaires italiens, y inclus probablement le 185ème régiment Reconnaissance Acquisition Objectifs de la Brigade Folgore (foudre). Aux côtés de militaires d’une foi démocratique exceptionnelle, tels que saoudiens, yéménites, qataris et autres. Tous aux ordres du Commandement central des États-Unis, dont l’ « aire de responsabilité » embrasse Moyen-Orient et Asie Centrale (y compris Syrie, Irak, Iran et Afghanistan), plus l’Égypte.
Ce qu’est l’objectif réel de « Eager Lion » est démontré par le fait que, la manœuvre finie, le Pentagone laissera en Jordanie les chasseurs F-16 et les missiles terre-air Patriot. Ceux-ci viendront s’ajouter aux Patriot étasuniens, allemands et hollandais déjà déployés en Turquie à la frontière avec la Syrie. Tout est prêt pour une « no-fly zone limitée », étendue à 40 Kms à l’intérieur de la Syrie, qui –selon des fonctionnaires Usa interviewés par le Wall Street Journal- servira à « protéger les camps d’entraînement des rebelles et la fourniture des armes ». La no-fly zone sera imposée par les chasseurs étasuniens qui, décollant de Jordanie et des porte-avions, pourront détruire avec leurs missiles les avions et les défenses anti-aériennes de la Syrie sans survoler son territoire. La no-fly zone, donc, « ne requerra pas une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ». Le coût prévu est de « seulement » 50 millions de dollars (37 millions d’euros) par jour qui, assure Washington, seront payés aussi par les alliés. On ne sait pas encore quel sera le pourcentage italien, mais le gouvernement trouvera les sous, en pressurant les caisses publiques et en faisant de nouvelles coupes dans les dépenses sociales.
Manlio Dinucci
Édition de mardi 18 juin de il manifesto http://www.ilmanifesto.it/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio [1]