Déjà renommé néolibéralisme, il symbolisait, à travers la toute puissance des États-Unis, le mode de gouvernance idéal. Bon gré, mal gré, la majeur partie des nations s’est soumise à ses règles.
Sous la pression politique, les menaces ou tout simplement la dépendance alimentaire, les gouvernements ont entrepris, presque partout, de se mettre à l’heure du règne du marché salvateur et de l’ouverture incontournable. Très rapidement, les premiers craquements se sont manifestés.
Les Argentins se sont révoltés, après avoir docilement attendus les bienfaits des nouvelles recettes appliquées dans leur pays. Quelques années plus tard, ce fut le monde entier qui découvre l’ampleur du problème. L’économie mondiale s’effondre par pans entiers, à partir du quartier général du capitalisme. Dès lors, ce ne sont plus les pays du tiers-monde, peuplés des damnés de la Terre, qui sont tenus de mettre en œuvre les dispositifs d’ajustements structurels, destinés à conforter les grands agrégats économiques, éléments fondamentaux de ce que sont les mythiques « grands équilibres », ces critères de bonne gouvernance chers aux FMI et autres « experts ». Le but, assurer la « solvabilité » financière à l’égard des banques privées, seules prêteurs agréés dans le monde dit développé. Des peuples nantis, jouissant des progrès inouïs qu’a connus l’humanité durant le dernier siècle, bercés par l’illusion que la misère avait définitivement installé ses quartiers au Sud, où le profit est allé trouver les conditions de sa prospérité, sont frappés de plein fouet par l’impitoyable réalité du néolibéralisme.
Bien pire, la démocratie, elle-même, ne semble plus être un rempart contre l’injustice. Entre élus parjures et diktats des pouvoirs financiers, il n’y a aucune place pour des actions en défense des principes démocratiques élémentaires. La question n’étant pas, en soi, dans ce qui est considéré comme le « moins pire des systèmes politiques », mais dans le fait que la démocratie, telle qu’elle existe, a pu fonctionner sans que la multitude se rende compte réellement que c’est une élite, toujours la même, qui la dirigeait et décidait pour elle. Un état de fait rendu possible par l’extrême richesse qui n’en finissait pas de s’accumuler et de permettre que de grosses miettes pouvaient être concédées à la consommation de masse, moteur du marché.
Cela n’étant plus le cas, c’est le retour à la vérité économique qui dévoile la nature d’une démocratie au service des puissances de l’argent. À telle enseigne que l’artificiel clivage traditionnel « droite-gauche » apparaît comme étant superfétatoire. La classe politique dominante est, en fait, un bloc indifférencié dans son essence. Seul dirigeait l’intérêt d’une ploutocratie insatiable et peu encline à sacrifier le moindre de ses privilèges et qui exige, désormais, que lui soit restitué le dernier euro ou dollar.