RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Du « sang contaminé » à Sarkozy-Bettencourt : L’insoutenable légèreté de la Haute Justice

Nul ne peut préjuger encore de ce que vont décider les juges Gentil, Ramonatxo et Noël dans l’affaire Sarkozy - Bettencourt. Mais les informations faisant état d’une requête de non-lieu effectuée par le Parquet au bénéfice de l’ancien président de la République mis en examen pour « abus de faiblesse » sur la femme la plus riche d’Europe donnent une drôle, et habituelle impression. Le politique s’en sort toujours. Ou presque.

L’édition électronique du Parisien croit savoir que le Parquet de Bordeaux a transmis à la Chancellerie, précisément à la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), un rapport en ce sens.

Certes, la décision de Parquet n’est pas vraiment une surprise car selon des sources recueillies par l’AFP depuis le 21 mars, date de la mise en examen de l’ancien premier magistrat de France, les confrontations organisées entre Sarko et d’anciens membres du personnel de la maison Bettencourt n’avaient « rien » donné de concluant. Au sens du Parquet, du moins.

Il s’agissait de s’avoir si Nicolas Sarkozy avait pu rencontrer la vieille-dame-pas-vraiment- dans-le-besoin à plusieurs reprises en 2007 et si cette dernière avait été abusé dans le but de financer la campagne du Leader Minimo.

L’entrevue de celui-ci avec le juge Jean-Michel Gentil ne se serait pas très bien terminée. Le puissant mis en examen s’était fait un brin menaçant : « ne vous inquiétez pas, je n’en resterai pas là  », aurait-il dit à l’encontre du magistrat instructeur (à qui, soulignons le, reste la décision finale d’un renvoi devant les bois de justice contre l’avis du Parquet).

Mais pour l’heure, ledit Parquet entend calmer le jeu et en…rester là .

Sa décision a fuité en pleine affaire Cahuzac-Moscovi-Hollande-Iles Caïmans (liste non exhaustive et sans doute loin d’être close). Faut-il voir un rappel à la loi, aveugle et implacable, de la magistrature « debout » en direction des foules ébahies et « humiliées » -selon le mot de Jean-Luc Mélanchon - face aux carambouilles « présumées » des grands de l’Hexagone ?

JUSTICIABLE LAMBDA

Est-il besoin de rappeler que les sanctions opposées aux méfaits de l’Homme d’Etat, lorsque qu’elles ne se résument pas à un « non-lieu » ne sont pas très … dissuasives ?

La Cour de Justice de la République (CJR), habilitée à juger les membres du gouvernement ayant commis une infraction dans l’exercice de leur fonctions, rend des arrêts à faire pâlir d’envie le justiciable lambda.

Crée en 1993, à la suite du scandale du « sang contaminé » et les « affaires » secouant la Mitterrandie (Pechiney, Société Générale, ett…) , par une loi de révision constitutionnelle, le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’a pas été raide comme la Justice.

Ca commence par une « non-constitution » des délits d’atteintes involontaires à la vie ou à l’intégrité physique des victimes du sang contaminé à la charge de Laurent Fabius (Premier ministre) et de Georgina Dufoix (Ministre de la Santé). Edmond Hervé (sous-ministre à la Santé) est, lui, reconnu coupable mais …dispensé de peine au motif qu’il n’avait pas pu notamment « bénéficier totalement de la présomption d’innocence ». Le ton était donné.

Ségolène Royale, poursuivie en diffamation par des enseignants de Marseille a été relaxée.

Mais, tenez-vous bien, Michel Gillibert (secrétaire d’Etat aux handicapés entre 1988 et 1993) a été condamné pour escroquerie au préjudice de l’Etat (1,3 million d’euros). Trois ans avec sursis et 20.000 euros d’amendes. Ca vaut le coup !

Pasqua se retrouve devant la Haute juridiction pour « complicité et recel d’abus de biens sociaux » (affaire du transfert du siège de GEC-Alstom), « corruption passive par une personne dépositaire de l’autorité publique » (affaire du casino d’Annemasse), « « complicité et recel d’abus de biens sociaux » (affaire de la Sofremi). Relaxe prononcée pour les deux premiers dossiers et une année de prison avec sursis pour la troisième. C’est la vie de château pourvu que ça dure !

Ces sanctions, pour terribles qu’elles soient, laissent quand même un peu de chaleur et de joie dans le coeur des Hauts justiciables.

Même si, au moment de la sortie médiatique des « affaires » la grogne s’empare de la rue au point que l’on s’interroge sur la solidité des mandatures de l’instant, à l’instar de ce qui se passe aujourd’hui avec Cahuzac, la Haute Justice, comme le temps, fait son oeuvre. Elle ne laisse sur le sable de l’histoire que des traces fugitives.

Il y aurait de quoi saisir le manche du balai que nous proposent certains, non ?

Denis Thomas

URL de cet article 20040
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Éric Dupont-Moretti : "Condamné à plaider"
Bernard GENSANE
Il a un physique de videur de boîte de nuit. Un visage triste. De mains trop fines pour un corps de déménageur. Il est toujours mal rasé. Il sera bientôt chauve. Parce que ce ch’ti d’origine italienne est profondément humain, il est une des figures les plus attachantes du barreau français. Il ne cache pas sa tendance à la déprime. Il rame, il souffre. Comme les comédiens de boulevard en tournée, des villes de France il ne connaît que les hôtels et ses lieux de travail. Il a décidé de devenir avocat le (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Lorsque j’ai pris mes fonctions, j’étais déterminé à faire entrer les Etats-Unis dans le 21ème siècle, toujours comme le plus grand facteur de paix et de liberté, de démocratie, de sécurité et de prospérité."

Bill Clinton, 1996

"A travers le monde, chaque jour, un homme, une femme ou un enfant sera déplacé, torturé, assassiné ou "porté disparu", entre les mains de gouvernements ou de groupes politiques armés. Et la plupart du temps, les Etats-Unis en sont complices. "

Amnesty International, 1996

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.