« Kill Mittal » propose aux joueurs d’entrer dans la peau d’un ouvrier pour contrecarrer avec ses camarades, les projets du célèbre « patron voyou indien ». Pour de l’innovation, c’est de l’innovation !
A première vue, on se frotte les yeux. Mais le créateur de Kill Mittal, Alexandre Grilleta, souffle le chaud et le froid en présentant son bébé. Le Lorrain explique d’un côté, dans l’introduction du jeu en ligne, que « Mittal a fait main basse, puis fermé la majorité des aciéries mondiales, mettant à la rue des milliers de métallurgistes » .
Mais, prudent, il ajoute que « ce jeu n’est pas une incitation à la violence ou à taper sur les grands patrons. J’ai volontairement choisi le style cartoon et on ne voit jamais de sang », se rattrape en vitesse l’inventeur lorrain.
Ici pas de Kalachnikov, de lance roquettes ou de couteaux entre les dents de brutes en treillis bardées de muscles : juste des barils, des poutres ou des carcasses de voitures à utiliser judicieusement contre … les forces de l’ordre.
Pour sauver l’outil de travail, le joueur doit également rallier le plus grand nombre de ses copains métallos à la Cause et les inciter à la rébellion syndicale.
Le magnat indien et fossoyeur de la sidérurgie mondiale – et particulièrement mosellane – est représenté assez sagement sous les traits d’un robot, le robot Mittal : "Le Boss".
Le choix « dessin animé » pour présenter permettra sans doute d’éviter des démêlés judiciaires car le satirique et la « caricature » sont généralement accueillis avec bienveillance par le juge.
ADDICTIF
On attend, en effet, un peu d’anxiété la réaction de Mittal devant la sortie de ce jeu très simple mais plutôt addictif. Quatre touches pour se déplacer et la souris pour se défendre.
Le papa de Kill Mittal, lui-même fils d’ouvrier se défend par avance des avocats de l’homme d’affaires indien. « L’histoire des ouvriers de Florange était tout simplement un bon sujet, avec des héros et un méchant, les ingrédients pour faire un bon jeu vidéo ».
On ne sait pas si l’équipe de Lakshmi Mittal aura gardé une âme d’enfant, joueuse et sensible à la poésie vintage du trait de crayon de Grilleta. Pas plus que les pouvoirs publics devant leurs forces de l’ordre repoussées à coups de barricades par les ouvriers « cartoon » dans leur désormais célèbres tenues orange …
Reste que le combat des ouvriers de Moselle sur écran puise dans une morale d’une terrifiante actualité. Car un fois que le « Boss » Mittal est à terre, terrassé par le courage de « ses » ouvriers, un autre voyou prend sa place, venu de l’univers tentaculaire de l’économie mondialisée. Encore plus destructeur ?
Lors de la possible ( ?) conception de la version II de « Kill Mittal », Grilleta devra peut-être songer à fournir à ses héros des armes de défenses plus définitives que des bidons et des parpaings …
Réf : http://www.killmittal.com