La problématique est tristement connue et désespérément tenace. Relancer l’emploi, le pouvoir d’achat tout en équilibrant les comptes nationaux et assurer une « certaine » pérennité de la Sécu et des retraites. Autant dire que cocher toutes les cases relève de l’imaginaire et croire le contraire de la cour de récréation.
Reste que le jeu de dupe auquel se livre tout animal politique est de cultiver les espoirs de ses mandants sur l’air de « demain on rase gratis » en colmatant tant bien que mal les brèches béantes du présent. Et du passé.
Parfois, l’affaire se complique. Ainsi François Hollande, l’homme qui taxe plus vite que son ombre, vient avec son tout récent arbitrage sur les allocations familiales, de taper on ne peut plus franchement sur le « social » et sur les classes moyennes. Ou, du moins, sur ce qu’il en reste.
Il y a, en effet, peu de chances que l’arbitrage retenu - quotient familial abaissé de 2.000 à 1.500 euros, prestations d’accueil du jeune enfant coupée en deux pour les ménages dont les revenus dépassent 4.000 euros mensuels, réduction d’impôt pour frais de scolarité – touche les Français les plus riches. Mais qu’il va faire fléchir une nouvelle fois la consommation à travers ceux qui la soutenait encore peu ou prou.
Il va donc y avoir du boulot pour atténuer les effets de cette mesure sur l’image « sociale » du gouvernement qui essaie déjà de les faire passer en assurant qu’elle ne va toucher que « les riches ». D’autant que la prochaine « surprise » va toucher les retraites, déjà « réformées » par Sarko mais pas suffisamment aux dires des deux derniers gouvernements.
CAGNOTTE JOSPIN VIDEE A DROITE COMME A GAUCHE
Vraiment pas suffisant, semble-t-il, et ce malgré que les gouvernements successifs aient tapé dans la « cagnotte Jospin ». Peu s’en souviennent mais le Premier ministre socialiste de Chirac avait créé un Fonds de réserve pour les retraites (FRR) qui ne devait pas être utilisé avant 2020, étant alors doté de la bagatelle de … 300 milliards d’euros.
Las ! Nourri initialement d’une partie du fruit des privatisations et de prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine, fructifié par la Caisse des Dépôts mais soumis aux aléas de l’évolution des marchés financiers, le FFR représentait 33 milliards à la fin 2010.
Mais au lieu de la laisser grossir, Eric Woerth, ministre du Budget de Sarko, a choisi de la pomper allègrement au motif que, du fait de la crise, le déficit des retraites est arrivé dix ans en avance …. Et la gauche a poursuivi cette œuvre commencée sous la droite. Encore des poussières sous le tapis.
A la lumière de ce type de manipulations, aux responsabilités partagées, il est aisé de comprendre que de chaque côté de l’échiquier politique on évite à toute force de soulever ces « poussières ».
Côté UMP, n’ayant plus assumer la gestion du pays, on essaie de balayer les doutes légitimes sur la capacité de l’appareil à être en ordre de marche pour récupérer les rênes avec assurance en 2017.
Laurent Wauquiez, vice-président « fillonniste » du parti de droite dite traditionnelle, conteste la décision de Jean-François Copé et François Fillon de soumettre aux militants la question d’un nouveau vote pour la présidence du parti, y voyant une manière de …. « mettre la poussière sous le tapis ». Décidément.
L’ancien Premier ministre et le « président » de l’UMP entendent demander aux militants de se prononcer fin juin sur l’opportunité de revoter en septembre, comme le prévoyait l’armistice signée entre eux en décembre, ne doutant pas que leur réponse sera négative. Si les militants refusaient le vote de septembre, Jean-François Copé irait jusqu’au bout de son mandat, en novembre 2015.
Ce qui, précisément, gêne Wauquiez qui se voit bien candidat à la présidence de l’UMP en cas de retour aux urnes pour la présidence de l’UMP, si toutefois Fillon décidait de concentrer ses forces sur la présidentielles de 2017. Et maintenant voilà Nathalie Kociusko-Morizet qui pointe son nez avec l’investiture UMP pour les municipales de 2014 pour la capitale alors que Sarkozy ne veut pas lâcher l’affaire.
Qu’il est dur d’exister !
Une belle unité donc dans les rangs de l’opposition et on ne parle même pas de l’UDI de Borloo qui fait ce qu’elle peut pour exister dans le marasme actuel et de l’ombre grandissante de Marine Le Pen.
Il y a gros à parier que, malgré tous les efforts de parts et d’autres, d’ici le choix du futur président la poussière aura eu le temps de s’accumuler sous les tapis ...