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Heurts à Jérusalem : Black-out médiatique et farce politique (Dissident Voice)

En dépit de leur violence, les heurts de vendredi dernier [9 mars 2013] dans l’enceinte du noble sanctuaire d’Al-Aqsa n’ont pas fait les grands titres dans le monde. Le black out médiatique est symptomatique de l’attitude des médias dominants envers Jérusalem d’une manière générale. Les officiels palestiniens affirment à juste titre que même les médias arabes négligent ce conflit. A chaque nouvel outrage perpétré contre la Mosquée d’Al-Aqsa, les tensions montent et elles vont finir par se déchaîner comme en septembre 2000 quand Ariel Sharon a déclenché la seconde Intifada en faisant une incursion sur l’esplanade de la Mosquée.

Le harcèlement permanent des Palestiniens aux checkpoints, la destruction de leurs maisons et leurs arrestations arbitraires par les forces israéliennes sont déjà assez durs. Mais la désacralisation délibérée des sites religieux et en particulier de la Mosquée d’Al-Aqsa est en train de faire déborder le vase. Ces derniers jours, Israël a franchi une étape supplémentaire dans les violations en multipliant les incursions dans la Mosquée et en profanant le Saint Qur’an.

Les choses peuvent-elles empirer ? Beaucoup de gens pensent que tout cela va finir par un drame. Selon l’Iman en chef de la Mosquée Al-Aqsa, Shaikh Ekrima Sabri, "L’arrogance des forces d’occupation israéliennes et ses incessantes provocations vont finir par déclencher un troisième soulèvement que personne ne sera capable d’endiguer."

Pour le moment, les Israéliens espèrent que Mahmoud Abbas et ses forces de sécurité empêcheront son déclenchement. Ils ont arrêté préventivement des dizaines de jeunes gens en Cisjordanie. Abbas assure qu’il ne laissera pas une autre Intifada se produire. Dans ce domaine, il est cohérent car il était profondément opposé au soulèvement de 2000. De plus, il y a aussi le spectre de ce qui est arrivé à son prédécesseur, Yasser Arafat, à qui il a été reproché d’avoir soutenu et encouragé l’Intifada d’Aqsa.

Il n’y avait toutefois aucune raison à la violence gratuite de la semaine dernière. Il n’y a pas eu d’attaques contre des biens israéliens. Le seul "crime" palestinien a été de manifester pour protester contre la profanation du livre du Qur’an par un soldat israélien filmé en train de donner un coup de pied dedans, il y a quelques jours.

L’attaque de vendredi contre les fidèles de la Mosquée d’Al-Aqsa a fait des dizaines de blessés. Les forces spéciales et les soldats israéliens ont tiré des balles en caoutchouc recouvertes de métal sur les fidèles réunis dans la Mosquée. On ne peut qu’en conclure qu’Israël était déterminé à augmenter les tensions avant l’arrivée du président étasunien Barack Obama qui devait venir si et quand Benjamin Netanyahu réussissait à mettre en place une nouvelle coalition gouvernementale.

Les terribles scènes qui se sont déroulées dans le troisième lieu saint de l’Islam ont été précédées quelques heures auparavant de la profanation de tombes d’érudits et de sages islamiques révérés dans le cimetière Ma’man Allah. 85% du cimetière a été saisi pour y construire des parcs, des musées et même des chenils. Deux récents développements illustrent le comportement incroyable des politiciens et gouvernements occidentaux face à ces crimes. Le premier a été la menace du gouvernement canadien de supprimer ses aides à l’Autorité Palestinienne s’il osait poursuivre Israël en justice devant un tribunal international. Le ministre canadien des affaires étrangères [John Baird] a fait cette déclaration à la conférence annuelle de l’AIPAC, le principal lobby israélien. Au même moment, en Angleterre, le leader de l’opposition, Ed Miliband, a déclaré qu’il était sioniste et a dit dans un discours devant le Conseil des députés juifs britanniques -l’équivalent de l’AIPAC pour ce côté-ci de l’Atlantique- que l’idée même d’une campagne de boycott contre Israël était inacceptable. Dans les deux cas le message à l’occupant est clair : continuez à vous comporter de manière de plus en plus illégale, nous sommes de tout coeur avec vous.

La Résolution 2787 de l’ONU demande "à tous les états qui défendent les valeurs de liberté et de paix d’apporter toute leur assistance matérielle, morale et politique aux peuples qui luttent pour leur libération, leur droit à disposer d’eux-mêmes et leur indépendance contre une domination coloniale étrangère" ; qu’est-il arrivé à ces beaux idéaux ? Des pays comme le Canada et l’Angleterre semblent les abandonner du moment qu’il s’agit d’Israël.

Sur le terrain, la coordination et la répartition des rôles entre l’armée israélienne, les colons juifs, le système judiciaire et les politiciens se poursuit sans freins. L’enceinte sacrée de la Mosquée Al-Aqsa est devenue, bon an mal an, un avant-poste de l’armée israélienne, en violation flagrante du droit universel à la liberté religieuse de tout être humain. De fait, quelques jours après la Journée de la femme, les forces d’occupation ont refusé aux Palestiniennes l’accès des cours dispensés dans les espaces ouverts de la Mosquée Al-Aqsa. Le silence de ceux qui reprochent sans arrêt à l’Islam d’opprimer les femmes est assourdissant quand la brutalité des soldats israéliens s’exerce contre les femmes de Palestine.

En l’absence de négociations politiques significatives, les politiciens devraient nous dire comment protéger les droits des Palestiniens. Mais tout ce qu’ils font, c’est de donner le temps à Israël de réaliser ses ambitions aux dépens des Musulmans.

Ces sacrilèges honteux continueront aussi longtemps qu’Israël jouira du soutien inconditionnel des Etats-Unis et de ses alliés. Le fait que la communauté internationale reste passive encourage Israël à accentuer son contrôle administratif sur la Mosquée d’Al-Aqsa et à décider qui peut accéder ou pas au site religieux et quand on peut y accéder. Les perpétuelles insultes et humiliations injustifiées et délibérées dont sont victimes les Musulmans ne peuvent qu’accroître l’instabilité régionale et conduire inexorablement à un conflit religieux.

Daud Abdullah

Dr. Daud Abdullah est le directeur de Middle East Monitor

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2013/03/news-black-out-and-political-farce-over-jerusalem-clashes/

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 19859
   
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