La liste des entreprises, petites et grandes, qui procèdent aux licenciements collectifs ne cesse de s’allonger (1). Et l’avenir reste sombre pour les salariés qui possèdent encore un emploi. La politique d’austérité menée par Sarkozy et poursuivie par Hollande ne peut qu’aboutir à ce désastre économique et social. D’autres travailleurs seront sacrifiés sur l’autel du profit. Aucune autre classe sociale ne subit autant que la classe ouvrière les conséquences de la crise du capitalisme et les politiques d’austérité qui l’accompagnent menées par les gouvernements successifs. Et pourtant, c’est bel et bien cette classe qui est à la base de toutes les richesses produites dans la société. Cette oppression qui s’exerce sur la classe ouvrière reflète et résume à elle seule les tares de la société capitaliste.
Alors que la résistance ouvrière s’organise un peu partout contre cette brutalité patronale, Hollande et son gouvernement s’inquiètent non pas pour l’avenir des ouvriers, mais des risques « d’implosions ou explosions sociales ». Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, va jusqu’à menacer les ouvriers qui se battent pour sauvegarder leurs emplois : « Il n’y a pas de place pour la violence, et je lance évidemment un avertissement, la police, elle fait son travail, mais on ne peut pas admettre qu’on cherche à casser l’outil de travail » déclarait-il sur Europe1. Ce sont les patrons qui ferment les usines, détruisent les emplois et condamnent les travailleurs au chômage et à la misère et ce sont les salariés qui sont accusés de vouloir « casser l’outil de travail » !
Mais le gouvernement ne se contente pas d’accuser, il envoie ses troupes mater les salariés en lutte comme les patrons envoient leurs vigiles briser les grèves ouvrières. Face à la détresse des travailleurs, le pouvoir en place n’a rien d’autre à offrir que la répression. Ainsi lors d’une manifestation internationale devant le parlement européen à Strasbourg, la police de Hollande et de Valls n’a pas hésité à tirer des balles en caoutchouc à hauteur d’homme sur les métallos d’ArcelorMittal. John David, un jeune travailleur belge de 25 ans a perdu définitivement l’usage de son oeil. Les cars des métallos ont été arbitrairement arrêtés à la frontière et fouillés de fond en comble dans des conditions humiliantes. Ces provocations policières et cette violence gratuite à l’encontre des travailleurs montrent, si besoin est, à quel point cette classe est méprisée.
Les médias bourgeois, de leur côté, ne cessent de présenter les salariés en lutte contre les licenciements comme des « casseurs d’emplois », des « irresponsables » qui font « régner la terreur » dans les ateliers PSA à Aulnay-sous-Bois par exemple (2). Leur combat contre le despotisme patronal est déformé, dénigré et méprisé par une presse possédée et dirigée par des groupes puissants (Bouygues, Lagardère, Dassault, Arnault, Bolloré etc.). L’angoisse des salariés d’être reclassés ou précipités dans le chômage est soigneusement occultée. Les médias bourgeois connaissent très bien les traumatismes et les drames qui ravagent au quotidien la vie des chômeurs. Mais ces souffrances sont délibérément ignorées ou présentées comme étant liées à des problèmes personnels ou psychologiques. Ils savent que le chômage tue et parfois d’une manière violente et tragique. Certains chômeurs vont jusqu’à mettre le feu à leur propre corps ; d’autres, plus nombreux, se suicident pour protester contre la situation inhumaine que leur impose la société bourgeoise (3). Les chômeurs n’ont plus de place dans cette société qui les méprise ; ils sont déjà morts socialement. L’ouvrier doit souffrir et le chômeur mourir pour que la société bourgeoise continue à vivre.
Patrons, gouvernement et médias sont ainsi unis contre les travailleurs qui ne font que défendre dignement leurs emplois.
Malgré des conditions de lutte difficiles et un rapport de force largement favorable aux patrons, les travailleurs restent debout et mènent un combat formidable. Leur résistance commune contre les capitalistes et leurs représentants politiques et médiatiques forge et aiguise leur conscience de classe. Dans la lutte, les travailleurs apprennent à ne compter que sur eux-mêmes. Ils savent qu’ils sont seuls face à la bourgeoisie et les pouvoirs immenses dont elle dispose. Cette opposition irréductible entre patrons et ouvriers, entre oppresseurs et opprimés n’est que l’expression d’une lutte de classe contre classe. L’histoire et l’actualité la plus immédiate enseignent aux travailleurs qu’ils forment une classe particulière non seulement exploitée, mais aussi méprisée, humiliée et réprimée par la bourgeoisie. Cette oppression montre à l’évidence que nous vivons dans une société fondée sur l’antagonisme de classes. La bourgeoisie prétend partout représenter la société toute entière, alors qu’elle ne représente en fait que ses propres intérêts comme le prouve l’existence d’une autre classe sociale asservie et dominée. Les travailleurs du monde entier n’ont rien à attendre de cette société. Leur combat quotidien contre les agressions du capital est nécessaire et indispensable. Mais il ne s’agit là que des luttes contre les effets inévitables du système qui les transforme en marchandise vendable sur le marché. Les travailleurs doivent oeuvrer en même temps à la transformation radicale de la société. Dans ce combat « les prolétaires n’ y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner » écrivaient Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste.
Mohamed Belaali