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Victoire éclatante de Barmitt Robobam : Que reste-t-il du Rêve Américain ?

« Les promesses n’engagent que ceux qui y croient » - Jacques Chirac

C’est en application de cette boutade de Jacques Chirac, sur la réalité de la démocratie pour prendre en charge les «  aspirations des peuples » que plus de 215 millions d’Américains ont été appelés aux urnes dans la nuit de mardi à mercredi 7 novembre pour élire leur futur président. Ils ont choisi entre Barack Obama, le président sortant, et le challenger républicain Mitt Romney. On dit que le scrutin a été particulièrement serré. Obama a bénéficié de plusieurs atouts, notamment la reprise de la croissance. Les électeurs votent aussi pour les membres du Congrès de la Chambre des représentants, les gouverneurs. Pour l’élection présidentielle, il faut avoir 270 grands électeurs pour passer. Obama est déjà assuré du vote de 243 grands électeurs en sa faveur (208 pour Romney). L’Ohio le Nevada, la Virginie sont des Etats-clés. Obama a une politique à l’européenne avec une dimension sociale que nous avons vu dans l’adoption de la loi sur la protection médicale pour 50 millions d’Américains.Tandis que Romney est adepte de la doctrine de Reagan. Pas d’Etat, périssent les faibles et les ratés.

La démesure du gaspillage pour la campagne et la misère de l’Amérique profonde

Deux Amérique s’affrontent ; celle des riches appartenant à la classe moyenne et à la classe de l’élite de l’argent et celle de l’Amérique profonde des laissés-pour-compte. Le marqueur le plus significatif est la débauche de la campagne, où tous les coups sont permis par spots, kermesses et émissions, voire spots interposés. A elle seule, la campagne présidentielle a coûté 2,6 milliards de dollars. Une dérive liée à l’engagement financier sans limite des superdonateurs. Jamais dans l’histoire, une campagne électorale n’aura coûté aussi cher : 6 milliards de dollars en 2012, selon les calculs du Center for Responsive Politics (CRP), un organisme indépendant basé à Washington. Jamais la vie politique américaine n’avait généré un tel niveau de dépenses. Pour arriver à ce chiffre effarant, le CRP a additionné les budgets des deux candidats à la Maison-Blanche, Barack Obama et Mitt Romney, mais aussi les budgets de ceux qui ont fait campagne pour entrer au Sénat ou à la Chambre des représentants. A l’arrivée, l’addition est particulièrement salée. Elle est même supérieure de 7% à celle des élections de 2008. (...) » (1)

Il faut s’interroger sur ce que l’on peut faire avec 3 milliards de dollars pour soulager la misère de ces laissés-pour-compte qui ont honte de dire qu’ils sont pauvres. On apprend ainsi, que plus de 40 millions d’Américains vivent sous le seuil de pauvreté. Une contribution du journal Marianne est particulièrement éloquente : « Alors que les deux candidats achèvent la campagne présidentielle sans s’être vraiment intéressés à eux, nous sommes allés les voir, dans l’Ohio, l’un des Etats où se joue l’élection. (...) Ainsi va l’Amérique en 2012, à Athens (sud-est de l’Ohio), où une mère célibataire, élevant son cadet de 11 ans dans une caravane sans confort, hésite encore à se définir comme « pauvre ». Jack Frech, directeur du département de la famille et du travail du comté, connaît bien cette réticence propre à de nombreux Américains. : « Dans ce pays, « pauvre » est un mot tabou, un gros mot, et se l’appliquer à soi-même, c’est se déconsidérer », se désole-t-il. De fait, tout au long de la campagne présidentielle, il aura été rarement question des 46 millions d’Américains vivant sous le seuil de pauvreté (11.170 dollars de revenus annuels pour une personne seule) tant les deux candidats ont semblé ne s’adresser qu’à la classe moyenne censée incarner l’idéal national. (...) Et pourtant, le comté caracole en tête des plus misérables de l’Ohio, avec près d’un tiers de la population vivant sous le seuil de pauvreté, soit le double de la moyenne nationale. (...) » (2)

« L’armée des pauvres », dit-il, augmente inexorablement et ses services aident près de 20 000 personnes sur les 60 000 habitants dans le comté (...) Issue d’une famille très modeste, Lisa Roberts affirme avoir toujours vu et fréquenté des « pauvres » autour d’elle. Pourtant, Friends And Neighbors a suscité l’intérêt de plusieurs médias américains et, à chaque fois, Lisa a raconté des histoires semblant tirées des romans de Dickens. Comment, par exemple, son bricoleur de mari a dû fabriquer un cercueil pour deux frères incapables de payer le premier des 4000 dollars exigés par une société de pompes funèbres pour les obsèques de leur mère : « Vous voyez, de la naissance à la mort, on en bave ! ». (2)

On sait que les Américains - tous, pauvres comme riches - placent la propriété au-dessus de tout et que chacun acquière la sienne, chacun est le forgeron de son bonheur. On n’aime pas les losers, d’autant plus que ceux-ci pourraient quémander de l’aide, ce qui coûterait de l’argent à ceux qui possèdent. De fait, comme signalé par un internaute à la suite de cet article du journal Marianne pointant du doigt le néolibéralisme prédateur, : « Il n’y a pas qu’aux US où les pauvres n’ont pas tendance à se considérer comme tel, vous retrouvez le même phénomène en France en milieu rural, où l’on constate qu’une part importante de gens en-dessous du seuil de pauvreté ne font même pas la demande de RSA et de la CMU, attitude ayant pour origine, tantôt une méconnaissance de leurs droits, un refus d’être assisté qui est considéré comme très dévalorisant, un mélange de résignation et de fatalisme qui les fait accepter une situation comme « faisant partie de la vie », Cette dernière manière de penser est la grande force du libéralisme, moins vous êtes politisés, moins vous êtes informés sur le fonctionnement et l’organisation d’une société et plus vous pensez que votre situation résulte de votre responsabilité, de votre « destin » et tue en vous la tentation de la critique de la société, de sa responsabilité et de la révolte qui pourrait en découler. On pourrait même paraphraser la célèbre boutade d’un humoriste : « Salauds de pauvres ! ».

Obama - Romney : deux faces d’une même médaille

On dit que la plus grande réussite d’Obama est d’avoir rendu la santé à près de 50 millions d’Américains par la loi « Obamacare ». une sorte de sécurité sociale pour les plus démunis. De ce côté, Romney est net, il va détricoter cet acquis. Il ira jusqu’à casser l’Etat fédéral comme l’écrit David Bernstein : « Imaginons un instant que nous sommes en été 2013. Mitt Romney est président depuis six mois. (..) On imagine plutôt que ces six mois vont nous ramener au temps de George W.Bush, avec des entreprises qui revoient de fond en comble les systèmes de réglementation et de surveillance auxquels elles sont soumises ; des vautours du secteur énergétique qui ravagent l’environnement ; et un penchant pour la guerre préventive - en l’occurrence, des frappes aériennes contre l’Iran. (...) L’époque, sous Bush, où les entreprises dictaient les réglementations auxquelles elles devaient se soumettre reviendra vite - mais avec une influence des autorités publiques bien plus forte. « Il existe un parallèle avec Ronald Reagan » (...) » (3)

Si Barack Obama l’emporte, selon toute vraisemblance face à Mitt Romney lors de l’élection présidentielle américaine, il devra sa victoire, à , au moins cinq facteurs. L’ouragan Sandy qui a interrompu la dynamique de Mitt Romney dans les sondages. Barack Obama délaisse son rôle de candidat pour endosser le costume de président en poste. Le gouverneur du New Jersey Chris Christie salue son travail « formidable » et le maire de New York Michael Bloomberg lui apporte même son soutien dans le duel présidentiel. Détail : ce sont deux républicains de poids. Le deuxième atout:Les statistiques du mois d’octobre montrent que le moral des ménages s’est encore amélioré, que l’activité des industries manufacturières s’est accélérée « Trois autres atouts sont cités : « Parmi les électorats-clés, deux « segments » de la population américaine devraient voter majoritairement pour Barack Obama. Les femmes d’abord : plus favorables au démocrate et à ses positions progressistes sur le plan social, les Latinos, eux, ont déjà soutenu Barack Obama en 2008 à 65% et devraient le faire à 70% en 2012. Malgré une campagne peut-être meilleure que Barack Obama ne l’avait prévue Mitt Romney n’a pas réussi à lever le brouillard sur sa personnalité. Trop de changements de position, de « flip-flops », trop de gaffes, trop de mystère sur sa religion mormone et sur sa fortune personnelle. Enfin. Marie Simon pense à un dernier atout : « Il a sorti les Américains d’Irak, le retrait d’Afghanistan est engagé, Ben Laden est mort, 40 millions de personnes sans couverture maladie devraient en disposer dans les mois ou années à venir grâce à sa réforme. » (4)

L’Amérique regarde vers le Pacifique, la vieille Europe ignorée

Beaucoup d’analystes européens sont frustrés par le fait que les deux candidats ont totalement ignoré l’Europe. Certains font un plaidoyer concernant le volume des échanges économiques, la proximité des idéologies, l’appartenance à l’Otan. Le contraste est saisissant. Alors que les médias européens scrutent avec anxiété la moindre variation des sondages de l’élection présidentielle américaine et qu’ils ont suivi minute par minute la météo au-dessus de New York, le mot Europe n’a été prononcé qu’une seule fois lors du dernier débat entre Barack Obama et Mitt Romney. « Les relations, lit-on sur le journal italien « Il Sole 24 ore » de Milan, économiques et politiques avec le Vieux Continent ne devraient pas changer sensiblement. (...). L’heure serait-elle à l’euro-bashing, à taper sur l’Europe ? (...) Et si c’était Obama le vainqueur ? Est-il pour ou contre l’Europe ? Que fera-t-il de son second mandat ? Réservera-t-il une fois encore sa première visite à l’étranger à l’Asie, reléguant l’Europe au second plan ? Quand on se penche sur les chiffres, on s’aperçoit que les liens entre l’Europe et les Etats-Unis sont si forts et si ramifiés qu’ils rendent ces polémiques absurdes. Les investissements directs des Etats-Unis vers l’Europe et vice-versa sont bien supérieurs à ceux de la Chine et du Japon réunis ; les échanges commerciaux ont bondi de 14% pour atteindre 636 milliards de dollars [près de 500 milliards d’euros] en 2011, l’économie des deux blocs transatlantiques génère un chiffre d’affaires de 5 000 milliards de dollars et fournit du travail à 15 millions de personnes ; la recherche et le développement des deux blocs représente 65% du secteur au niveau mondial. L’économie transatlantique, c’est aussi 54% de la production mondiale et 40% du pouvoir d’achat. Il est vrai que les grandes puissances économiques que sont la Chine et les Etats-Unis sont en train de nous passer devant. (...). » (5)

D’autres analystes conseillent à l’Europe de se tourner dans la plus pure tradition coloniale vers le Bassin méditerranéen et l’Afrique pour se refaire une santé économique et financière. C’est un fait entendu, Barack Obama symbolise un tournant, celui d’une Amérique qui ne sent plus d’affinités avec le Vieux Continent. (...) Mais les Européens continuent de "voter" Obama. Pour un continent post-historique, mieux vaut des relations apaisées que le fracas bushien ou le conservatisme si peu compréhensible de Mitt Romney. Quel que soit le locataire de la Maison-Blanche pour les quatre prochaines années, l’Europe doit accepter ce constat : elle n’est plus une priorité stratégique pour les Etats-Unis. Elle doit donc renforcer sa défense commune et mener une diplomatie volontaire envers la Russie et la Méditerranée, assure un éditorialiste français. Quel que soit l’élu du 6 novembre, le prochain président américain pensera Pacifique et non plus Atlantique, Asie et non pas Europe, et le meilleur signe en est que lors de leur débat de politique étrangère aucun des deux candidats n’a même évoqué l’Europe ou l’Otan, un allié et une alliance sur lesquels toute la diplomatie américaine reposait depuis quelque sept décennies. L’Amérique a tourné toute son attention vers l’Asie émergente où elle a des positions industrielles à s’assurer et une puissance concurrente, la Chine, à circonscrire avant qu’elle n’ait imposé sa prééminence à ses voisins et rivaux de ce nouveau Nouveau Monde ». (6)

« Maintenant que l’Urss appartient à l’histoire, c’est une bataille de titans qui s’engage entre l’Amérique et la Chine.(...) Pour les premiers, il s’agira avant tout de construire, face à l’Asie, un front des Amériques en les unifiant dans un marché commun s’étendant de l’Argentine à l’Alaska et d’opposer à la Chine un renforcement de leurs alliances avec le Japon, l’Asie du Sud-Est et, si possible, l’Inde (...). Le nouveau siècle a commencé dans le Pacifique et s’amorce parallèlement en Eurafrique, autour de ce lac commun qu’est la Méditerranée. Si l’Europe veut stabiliser l’autre rive de la Méditerranée, si elle veut accompagner la croissance naissante en Afrique et les premiers pas de la démocratie arabe, si elle veut s’ouvrir des marchés, tarir l’immigration illégale et définitivement tourner la page du jihadisme, il lui faut investir au Maghreb, au Machrek et en Afrique noire, se les attacher en en faisant des partenaires économiques de long terme. (...) C’est là que se jouera l’avenir de l’Europe, comme celui des Etats-Unis se jouera en Asie. (6)

Obama, les Arabes, le monde musulman et le drame palestinien

Le monde entier vote Obama, BBC News Online a justement effectué un grand sondage pour savoir qui des deux candidats les habitants des autres pays que les Etats-Unis aimeraient voir gagner. Le verdict est sans appel. Obama emporte une adhésion quasi universelle. Le Pakistan est le seul pays à préférer Mitt Romney. Ce n’est pas tant par enthousiasme pour Romney que par déception vis-à -vis d’Obama, qui a intensifié l’utilisation meurtrière des drones sur le territoire pakistanais. Cette technologie, qui épargne certes, des vies américaines, a en fait conduit à de très nombreuses bavures et pertes civiles. (7)

Le Monde arabe, l’Afrique et l’Amérique du Sud n’ont pas été sollicités dans ce sondage. Que deviennent les promesses d’Obama envers les Palestiniens et plus largement le monde musulman ? Bin Laden éliminé, l’Afghanistan et l’Irak toujours dans le chaos. Il faut y ajouter la fabrication des printemps arabes qui se son soldés par le chaos un peu partout (Libye, Syrie, Tunisie, Egypte Bahrein, et la partition du Soudan. On peut vraiment dire qu’Obama s’est bien « occupé » des Arabes, au point qu’il compte récidiver avec l’Iran... Enfin, que va faire Obama pour la Palestine ? On sait qu’il a totalement mis de côté ce dossier. C’est peut-être une des raisons de sa réussite pour un second mandat. Romney et lui sont d’accord pour laisser Israël imposer sa solution, à savoir, le parcage immoral des Palestiniens dans un banthoustan, où ils seront maintenus en apnée. De ce point de vue, rien de nouveau sous le soleil. Pour les Arabes un seul vainqueur Barmitt Romobam !

Chems Eddine Chitour

1. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/ pourquoi-les-elections-americaines-sont-les-plus-cheres-de-l-histoire_358633.html ?xtor= EPR-175-[XPN_18h]-20121106-1789313@218183044-20121106194638

2. http://www.marianne.net/Etats-Unis-ces-pauvres-oublies-par-les-candidats_a223768.html

3. David S. Bernstein : Les ravages d’une présidence Romney 2012The Phoenix 6.11.2012

4. Marie Simon, Victoire d’Obama : 5 raisons...L’Express.fr 02/11/2012
http://forumdesemocrates.over-blog.com/article-victoire--obama-5-raions-pour-lesquelles-il-peut-gagner-l-election-americaine-112037267.html

5. http://www.presseurop.eu/fr/content/article/2993581-obama-ou-romney-c-est-du-pareil-au-meme

6. http://www.presseurop.eu/fr/content/editorial/2985521-obama-un-allie-sans-eclat

7.http://www.courrierinternational.com/breve/2012/11/06/le-monde-entier-vote-obama


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Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire.

Lénine

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