RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Tunisie : le limogeage du gouverneur de la Banque Centrale annonce-t-il la fin du dinar ?

Le limogeage du présent gouverneur de la BCT n’est-il pas l’arbre qui cache la forêt ? Après l’abolition de la Constitution de 1959, symbole de la république tunisienne, le dinar tunisien risque-t-il de suivre le chemin de cette Constitution ?

Le président provisoire de la République vient d’informer via un communiqué de la présidence que Monsieur Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), est relevé, ce mercredi 27 juin 2012, de ses fonctions. Ce communiqué précise, entre autres, que cette décision a reçu l’aval du chef de gouvernement provisoire conformément aux dispositions du premier et quatrième paragraphes de l’article 26 de la loi constitutionnelle n°6 de 2011, datée du 16 décembre 2011 et relative à l’organisation provisoire des pouvoirs publics. Cette même source n’a pas manqué de préciser que cette décision devra être validée par l’Assemblée Constituante dans un délai ne dépassant pas les 15 jours.

Pourquoi Marzouki cherche-t-il à écarter Mustapha Kamel Nabli pourtant ce dernier a obtenu la Trophée African Banker du Gouverneur de Banque centrale de l’année 2012 pour l’excellent travail accompli dans les circonstances très difficiles de la Tunisie durant la transition ? Bien que le président provisoire n’a aucune compétence reconnue en matière d’économie et des finances, il cherche à faire des éclats et des sorties pour dire qu’il existe et qu’il n’est pas si « Tartour » (insignifiant) que cela !

Par contre, le conflit est réel entre le gouvernement issu de la mouvance islamique et la BCT. Cette dernière garde une ligne de prudence pour contenir l’inflation et par voie de conséquence protéger le pouvoir d’achats des tunisiens. Le gouvernement cherche à adopter une politique monétaire expansionniste par l’intermédiaire d’un taux d’intérêt faible afin d’encourager la consommation des ménages et des entreprises. Cette politique crée forcément de l’inflation incompatible avec un taux d’intérêt faible.

Monsieur Nabli a clairement exposé les enjeux fondamentaux de l’indépendance de la BCT lors de son audition mardi 20 juin 2012 par la commission des finances, de planification et du développement à l’Assemblée nationale constituante, en précisant que « l’indépendance de la BCT n’est pas liée à la personne de son gouverneur, mais plutôt, à l’indépendance de l’institut d’émission dans la gestion de la politique monétaire du pays ». MKN a ajouté : « La BCT fait des efforts pour prendre les décisions que je qualifie de justes, dans la mesure où elles ont fait preuve d’efficacité, depuis les premiers mois de la révolution, et permis d’éviter l’effondrement de l’économie tunisienne ». De l’avis de tous les observateurs tunisiens et étrangers, MKN a géré avec brio les affaires financières du pays durant la transition.

Pourquoi l’exécutif n’accepte-i-il pas l’indépendance de l’institut d’émission ? Cherche-t-on à liquider, à moyen terme, cette valeureuse institution républicaine fondée le 19 septembre 1958, deux ans après l’indépendance du pays et instituant le dinar tunisien, belle réalisation de la République tunisienne indépendante.

Affaiblir le dinar tunisien en faisant de la planche à billets favorise-t-il sa liquidation pour le remplacer, dans six mois, par le Riyal qatari à l’instar du projet libyen ? En effet, en décembre prochain la monnaie libyenne sera remplacée par celle du Qatar, ce que nous qualifions de mainmise voire d’une « colonisation » déguisée.

Le limogeage du présent gouverneur de la BCT n’est-il pas l’arbre qui cache la forêt ? Après l’abolition de la Constitution de 1959, symbole de la république tunisienne, le dinar tunisien risque-t-il de suivre le chemin de cette Constitution ? Un démantèlement en bon ordre de toutes nos institutions républicaines serait-il à l’ordre du jour pour en faire de la Tunisie un Emirat dépendant de l’Etat Qatari, lui-même sous protectorat israélo-américain ? Le projet du président Bush-fils est en cours de se réaliser, cette fois-ci, dans le Grand Maghreb en attendant la liquidation du régime syrien pour concrétiser le Grand Moyen Orient allant du Maroc au Pakistan. Ce projet se résume : « changer les régimes », « redessiner les cartes », « piller les richesses pétrolières et gazières » et « faire des arabes des consommateurs des produits israéliens ». Israël est arrivé à ses fins, à peu frais, à imposer sa vision du Monde sans guerre et sans destruction massive.

Mustapha Kamel Nabli, homme compétent en matière économique s’avère aussi un fin stratège et un patriote hors pair à l’image de défunt Hédi Nouira, premier gouverneur de la BCT. En résistant à sa déstabilisation, il dit non à la destruction de la République et de ses institutions. Réussit-il à sauver la BCT et le dinar ? Serait-il capable de mobiliser le peuple tunisien pour défendre sa souveraineté ? Oui, espérons-le !

La Tunisie qui a enfanté Hached, Bourguiba et tant d’autres est toujours capable de produire de grands leaders. MKN sera certainement un parmi eux !

Mustapha STAMBOULI

URL de cet article 17106
   
Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme
Salim LAMRANI
En juin 2003, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre espagnol, José Marà­a Aznar, l’Union européenne décide d’imposer des sanctions politiques et diplomatiques à Cuba. Cette décision se justifie, officiellement, en raison de la « situation des droits de l’homme » et suite à l’arrestation de 75 personnes considérées comme des « agents au service d’une puissance étrangère » par la justice cubaine et comme des « dissidents » par Bruxelles. Le seul pays du continent américain condamné (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

La misère ne rassemble pas, elle détruit la réciprocité.

Wolfgang Sofsky

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.