RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

L’attentat de Marrakech et le mouvement populaire au Maroc

L’attentat du 28 avril 2011 a fait 16 victimes innocentes. On peut les considérer déjà comme des martyrs des révoltes populaires qui secouent le monde arabe. Quels que soient les commanditaires qui se cachent derrière cet acte odieux, c’est l’aspiration de tout un peuple à plus de dignité et à plus de liberté, portée par un mouvement pacifique, qui est en dernière analyse visée.

L’attentat intervient après trois grandes manifestations qui ont vu descendre dans la rue des centaines de milliers d’hommes et de femmes pour réclamer pacifiquement un véritable changement démocratique et pour un Maroc débarrassé des pratiques du passé qui entravent sa marche vers le développement économique, social et politique.

Le processus revendicatif est enclenché. Et à la veille du premier mai, où la classe ouvrière marocaine se préparait avec d’autres couches du peuple à descendre dans le rue, le pouvoir et le patronat ont décidé d’augmenter les salaires de 15 %, les pensions minimales de 67 %, et les fonctionnaires verront, dès le premier mai, leur rémunération augmenter de 600 DH net (1). Mais la grande victoire du mouvement populaire réside
dans son existence même. C’est dans ce cadre général qu’il faut situer l’attentat de Marrakech.

Le Mouvement du 20 février a condamné de toutes ses forces cet acte barbare. Il a organisé le lendemain de l’attentat un rassemblement sur la place « Jemaa el Fna » par solidarité avec les victimes et pour dénoncer cet « acte criminel et revendiquer une enquête judiciaire transparente afin que toute la vérité soit faite » (2). Le Mouvement
appelle également à une marche nationale à Marrakech le 8 mai contre la violence d’où qu’elle vienne et pour le changement démocratique(3).

Le Mouvement a tiré les leçons de l’attentat de mai 2003 à Casablanca, qui a permis au régime de procéder à des arrestations massives et souvent arbitraires. A la violence des poseurs de bombes répondait la violence de l’État. Les procès expéditifs, menés au nom de la lutte antiterroriste, ont détruit des familles entières qui n’avaient aucun lien avec le terrorisme. Aujourd’hui, le Mouvement, qui a toujours appelé à des manifestations pacifiques, craint que l’appareil sécuritaire du pouvoir n’exploite l’odieux attentat de Marrakech pour briser l’élan revendicatif du peuple marocain. Le réflexe sécuritaire
que le Maroc a connu dans le passé risque de se reproduire. Le régime procédera alors à des arrestations des militants et des militantes connus et anonymes, interdira toutes formes de manifestations, musellera la presse indépendante, bref, utilisera toute la panoplie dont dispose l’appareil policier et répressif pour casser la dynamique du changement enclenchée par le Mouvement du 20 février. Dans ce cas, le Maroc fera
un énorme bond en arrière sans pour autant mettre un terme aux activités des poseurs de bombes. La répression n’a pas pas empêché les attentats de se produire. La meilleure manière peut-être, sinon de mettre un terme à la violence et à l’obscurantisme, du moins de diminuer leur acuité, est de répondre aux revendications du peuple à plus de dignité, de démocratie et à plus de justice dans la répartition des richesses. Ces valeurs restent un rempart contre l’injustice et la violence. Une société forte de ses institutions réellement démocratiques résistera nettement mieux aux situations comme celle que vient de connaître le Maroc, qu’une société qui ne compte que sur la police et la répression.

Les partisans du tout sécuritaire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pouvoir, ne manquent pas au Maroc et déploieront tout leur zèle pour pousser le régime dans cette direction. Ils n’ont aucun intérêt dans le changement qui risque d’emporter dans son sillage tous leurs privilèges et toutes leurs fortunes trop rapidement amassées dans l’opacité la plus totale. Les tentations répressives et sécuritaires sont réelles. Mais
cette folle envie de changement qui s’est emparée du peuple marocain sera peut-être plus forte que les forces réactionnaires et rétrogrades qui veulent faire tourner la roue de l’histoire en arrière.

Mohamed Belaali

(1) http://www.medi1.com/infos/actualite/actualite.php?idinf=3472

(2) http://www.20minutes.fr/article/715583/monde-attentat-marrakech-malgre...

(3) http://www.emarrakech.info/Une-marche-nationale-conter-le-terrorisme-a...

URL de cet article 13553
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Julian Assange parle
Karen SHARPE
200 citations qui reprennent les mots d’Assange, privé de la parole depuis si longtemps maintenant. A travers différentes thématiques, on comprend l’homme et les raisons qui ont poussé les États-Unis à le poursuivre sans raison. APPEL POUR JULIAN ASSANGE De Julian Assange vous avez beaucoup entendu parler. Souvent en mal. Mais lui-même, l’avez-vous entendu ? Savez-vous ce qu’il a vraiment dit et fait, pourquoi il a fondé Wikileaks, ce qu’il pense de la guerre, d’Internet, du journalisme et de bien (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.