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EUROPE : Pas d’alternative sur le continent sans un grand mouvement social européen.

EUROPE : Pas d’alternative sur le continent sans un grand mouvement social européen.

Réflexion post FSE d’Istanbul sur la transcroissance des luttes.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1186

Monter en petit comité un programme alternatif fait des multiples alternatives aux dominations subies n’est pas le plus difficile. Le plus important est de le co-construire avec les travailleurs voire avec les peuples-classe d’Europe. Pour cela les cadres programmatiques doivent être mis en débat dans les villes hors toute perspective électorale. C’est autrement plus difficile ! Mais faisable. Autre chose encore : monter un programme alternatif suppose aussi un mouvement populaire pour le porter, pour en assurer la pleine exigence. A défaut on sait ce qu’il en advient : la critique rongeuse des souris est radicale... C’est là que se pose la question du mouvement social européen.

I - De la crise de la représentation au mouvement social européen.

Le regretté Pierre BOURDIEU appelait de ses voeux la création d’un mouvement social européen (1) il y a plus de 10 ans dans les colonnes du Monde diplomatique. Mais ce texte n’a pas reçu la même grande audience que celui écrit par Ignacio Ramonet en décembre 1997 contre "la dictature des marchés financiers". C’est assurément une grande perte pour les peuples-classes d’Europe. Pourquoi ?

On pourrait ici accuser les pesanteurs nationales malgré la montée en puissance du cadre européen. Mais ce n’est pas l’élément fondamental qui a fait obstacle à une telle création. En fait, les peuples-classes en Europe subissent depuis longtemps et à tous les niveaux une crise récurrente de la représentation de leurs intérêts matériels et moraux. La conception de la représentation qui prévaut est la plus restrictive, celle qui dit en quelque sorte "les urnes mais pas la rue". Versus syndicalisme cela donne "la négociation pas la mobilisation" Nul ne dit cela explicitement bien sûr. Mais en fait, c’est même plus grave puisque s’agissant de la citoyenneté (les "urnes") c’est la gouvernance (à majorité de non élus) qui tend à supplanter la démocratie.

Contre cette dérive anti-sociale et anti-démocratique, Pierre Bourdieu pointait une distinction et une perspective intermédiaire en vue de l’émancipation : "Si ce scrutin (celui du 13 juin 1999) offre aux citoyens une occasion de sanctionner cet état de choses, nul doute que, pour transformer celui-ci, un véritable mouvement social, à l’échelle de l’Europe, demeure indispensable." Cet "état de chose" n’a fait que s’aggraver depuis.

II - De la crise systémique à la nécessité d’un grand mouvement social européen.

Les peuples-classe d’Europe ne disposent massivement comme citoyens (au plan politique) que des partis sociaux-démocrate ou socio-libéraux ou des partis écologistes ainsi que comme travailleurs salariés (au plan syndical) que de la CES (confédération européenne des syndicats ) mais aucune de ces médiations n’a été en capacité ces dernières années de proposer des résistances conséquentes à la déferlante de la crise anti-sociale. Et encore moins une alternative (2).

Ce qu’il faut bien mettre en avant c’est que 2008 et 2009 sont deux années de crises d’une grande violence mais le monde du travail est toujours l’arme au pied face au capital et aux grands actionnaires. Cela provoque d’ailleurs l’exaspération des couches populaires les plus exposées à la violence économique. Sans tenir à une lecture ethnique des quartiers qui s’enflamme (ex Grenoble) relève de la myopie intellectuelle ou de l’instrumentalisation sécuritaire consciente.

III - De l’importance des Forum Sociaux Européens (FSE) : de Malmö 2008 à Istanbul 2010 ou l’accentuation de la dynamique de convergence des luttes.

A propos du précédent FSE, celui de Malmö en 2008 des altermondialistes (3) pointaient déjà un mérite important : "Ainsi, si les forums n’ont pas impliqué de manière automatique la création de convergences durables ni le développement de luttes d’ampleur concrètes. ils ont par contre eu une influence réellement positive afin de progresser dans cette voie. Le grand mérite du FSE a été de concrétiser un espace de convergence des luttes contre les politiques néolibérales à l’échelle européenne. Malgré ses faiblesses, il a été un point de référence pour la majeure partie des forces sociales opposées à ces politiques." On peut dire que malgré la faible présence des écologistes à Istanbul en ce début juillet 2010 cette volonté de convergence a été encore plus forte, plus explicite, plus surveillée aussi par les activistes présents. Cela est porteur d’espoir.

Face à la guerre du capital contre le travail et face à l’incurie des partis sociaux-démocrates et des syndicats d’accompagnement social de la crise du capitalisme il importe de faire converger les mobilisations nationales en cours vers une manifestation continentale. Le FSE a prévu de faire cela le 29 septembre (date syndicale par ailleurs). C’est un premier pas important pour rendre visible au niveau européen la lutte des travailleurs de chaque pays. Mais dans la foulée il importe de fonder un mouvement social européen articulant les syndicats, les partis de gauches et les partis écologistes ainsi que les mouvement sociaux (comme ATTAC) au sens strict.

Penser l’après 29 septembre 2010 dans la même foulée que ce 29 septembre est une tâche devant nous ! En cas d’échec, c’est une histoire de repli nationaliste qui risque de s’écrire. En cas de succès, l’aube ne va pas succéder immédiatement à la nuit !

Christian Delarue

altermondialiste européen,

1) Pour un mouvement social européen par Pierre BOURDIEU

http://www.monde-diplomatique.fr/1999/06/BOURDIEU/12158

2) FSE d’Istanbul 2010 : Les oppressions et les dominations sont multiples et font système. Nos ripostes aussi ! | The international Attac network

http://www.attac.org/fr/blogs/delarue-christian/1-07-2010/fse-d%E2%80%99istanbul-2010-les-oppressions-et-les-dominations-sont

3) FSE : Les défis du mouvement social européen - Septembre 2008 Par Josep Maria Antentas, Esther Vivas, David Dessers et Léonce Aguirre

http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?view=article&id=1119:fse-les-defis-du-mouvement-social-europeen&option=com_content&Itemid=53

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