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Lettre à Reporters Sans Frontières

Monsieur le Secrétaire de RSF,

Selon que vous serez Cubain ou…

Je viens de lire l’article de Reporters Sans Frontières, « Cuba / Orlando Zapata : un mort et après ? », daté du 24 février dernier, et signé de vous-même et de Benoît Hervieu.

Cet article a été écrit après le regrettable décès du prisonnier Cubain Orlando Zapata.

Votre mauvaise foi est évidente.

Dès la première ligne, la nature de la détention du cubain est incomplète. Il est en effet écrit, avec raison :

Membre d’une organisation civique illégale - le Directoire démocratique cubain -, il avait été arrêté en 2003 et condamné pour « désordre public ».

C’est cependant très incomplet, car en fait, Zapata a toujours été considéré comme un détenu de droit commun. Son casier judiciaire ne comporte aucun délit d’ordre politique. Son passé judiciaire est lourd puisque dès juin 1990, il avait été arrêté et condamné à plusieurs reprises pour « troubles à l’ordre public, dégradations, rébellion à agent de la force publique, escroquerie, exhibitionnisme, voies de fait et détention illégale d’armes de 6° catégorie ».

En 2000, il avait fracturé le crâne du citoyen Leonardo Simón d’un coup de machette.

Ce n’est que plus tard qu’Orlando Zapata a rejoint (ou été récupéré par ?) la dissidence qui ne l’a pas encouragé, d’ailleurs, à cesser sa grève de la faim alors qu’il mettait sa vie en danger.

En continuant la lecture de l’article, j’ai été particulièrement scandalisée en lisant :

Tandis que les autorités de La Havane mobilisent à tout va pour cinq de leurs fonctionnaires détenus aux Etats-Unis, après les avoir oubliés pendant neuf ans.
Les bras m’en sont tombés ! Je suis allée pour la première fois à Cuba en avril 2003, il y a donc sept ans si je sais encore compter, et c’est là -bas que j’ai appris l’histoire des cinq Cubains emprisonnés aux Etats-Unis. Leurs portraits étaient affichés partout dans le pays, et c’est d’ailleurs ce qui m’a amenée à m’intéresser à leur sort.

Reporters Sans frontières n’a, à ma connaissance, jamais levé le petit doigt pour défendre ces cinq Cubains qui croupissent depuis presque douze ans dans des prisons des Etats-Unis alors qu’ils infiltraient les groupes mafieux qui multipliaient les attentats et sabotages contre leur pays. L’un des Cinq, Gerardo Hernandez était pourtant un caricaturiste qui publiait dans la presse cubaine. Leur procès a été une parodie de justice, et le 27 mai 2005, le Groupe de Travail de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU sur les Détentions Arbitraires a déclaré « arbitraire et illégale » leur détention « car le procès n’a pas eu lieu dans le climat d’objectivité et d’impartialité requis par l’article 14 de la convention internationale des droits civiques et politiques ».

En continuant la lecture de l’article de RSF, il est écrit à propos des prisonniers enfermés à Cuba : les prisonniers de l’île attendent… ou meurent.

Les prisonniers Cubains attendent ou meurent !!!!Quelle image noire de Cuba inspire cette phrase horrible… et il ne s’agit pas de ceux de Guantanamo ! Il serait intéressant que RSF fasse une étude comparée, sérieuse pour une fois, des conditions de détention des prisonniers de France et de Cuba ! Pour 2010, nous en sommes déjà à 26 suicides dans nos prisons françaises, et en 2009 ce nombre a largement dépassé la centaine.

Je vis dans les Pyrénées Atlantiques, et je connais un peu l’histoire des prisonniers Basques. Ils s’estiment pour la plupart prisonniers politiques, et ne font pourtant pas la une des articles de reporters sans Frontières. Cette association ne s’est pas émue lorsque Lorentxa Guimon a fait quarante jours de grève de la faim, et a mis sa santé en péril, elle aussi pour ses conditions de détention.

Le reste de l’article est une diatribe contre Cuba, ce qui ne nous étonne guère de la part de cette association qui n’en est pas à son coup d’essai.

Il est plus facile pour reporters Sans Frontières de voir la paille dans l’oeil de Cuba que de voir la poutre dans le sien !

Veuillez croire, Monsieur le Secrétaire, en mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie
xxxx

Le 21 mars 2010

Jean-François Julliard,
Secrétaire de Reporters sans frontières
47, rue Vivienne
75002 Paris - France

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