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La démocratie : celle qui plaît à Washington et ses alliés.

photo : "Nous le peuple...". Premiers mots de la Constitution des Etats-Unis

Pour faire bénéficier les peuples de la liberté que permet la démocratie, les États-Unis et leurs alliés investissent annuellement des centaines de milliards de dollars, sacrifient la vie de milliers de leurs soldats, absorbent des dizaines de milliers de blessés sans compter les centaines de milliers de civils, femmes, enfants et hommes qui deviennent des victimes innocentes de ces guerres. Il n’est donc pas superflu de regarder de plus près cette «  démocratie » pour laquelle autant de sang y est versé et autant d’argent y est investi.

Dans notre Occident nous avons développé une démocratie qui trouve tout son sens dans le vote des citoyens et citoyennes qui élisent, tous les 4, 5 ou 6 ans, leurs représentants et représentantes pour diriger les destinées de l’État. A première vue, nous pourrions penser que là où il y a vote, il y a démocratie et que là où il n’y a pas de vote, il n’y a pas de démocratie.

Les choses ne sont pas aussi simples. Notre Occident démocratique, pendant qu’il s’accommode parfois de gouvernements dictatoriaux comme ce fut le cas avec les nombreuses dictatures latino-américaines, il lui arrive de plus en plus souvent de s’opposer avec acharnement à certaines «  démocraties » où les citoyens et citoyennes votent, pourtant, pour élire leurs dirigeants et dirigeantes. Le commun des mortels peut penser qu’il y a là une contradiction, mais qu’il s’en garde bien car certains esprits, plus subtils que d’autres, en arrivent à y trouver beaucoup de cohérence.

Augusto Pinochet, ce dictateur qui a renversé par la force des armes le gouvernement démocratique de Salvador Allende et s’est imposé comme Président du Chili, définissait son gouvernement comme une «  démocratie autoritaire ». Tout récemment, au Honduras, le gouvernement légitimement élu a été renversé par un coup d’État militaire sous prétexte de sauver la «  démocratie ». Un simulacre d’élection a consacré le nouveau président en la personne de Porfirio Lobo que félicite sur la présente photo, la Secrétaire d’État des États-Unis, Hilary Clinton. En 2002, au Venezuela, il y a eu un coup d’État militaire qui n’aura duré que quelques heures, mais dont l’objectif était, là encore, de «  sauver la démocratie ». Dans ce dernier cas ce fut toutefois le peuple qui décida de «  sauver sa démocratie ».

Ces exemples nous obligent à repenser un peu plus notre définition de la démocratie et surtout à mieux comprendre la démocratie pour laquelle nos soldats combattent. Le vote des citoyens et citoyennes ne semblent plus être l’élément le plus important. Si c’était le cas, la majorité des conflits que nous retrouvons en Amérique Latine et ailleurs dans le monde n’existerait tout simplement pas. Alors qu’a-t-elle de particulière cette démocratie, celle à laquelle l’Occident tient tellement ?

Une bonne question et pas simple à répondre. Toutefois, pour aller à l’essentiel, certaines constantes permettent d’en circonscrire les principales caractéristiques. Ces constantes se ramènent principalement à quatre.

La première est que les intérêts et la sécurité nationale des États-Unis ont primauté sur toutes les autres valeurs : la vie, les droits de la personne, le droit des peuples, la Charte des Nations Unies, le droit international, les libertés fondamentales. Ces intérêts et cette sécurité nationale sont définis par l’élite dirigeante qui se garde bien d’en faire connaître les avenants et aboutissants. Il suffit de dire, pour justifier toute intervention, qu’il s’agit de l’intérêt et de la sécurité nationale des États-Unis.

La seconde est que le bloc des pays développés, y compris le Vatican, se reconnaissent, en partie, dans ces intérêts et cette sécurité. En ce sens, les États-Unis peuvent compter sur leur solidarité et leur engagement dans les conflits qu’ils provoquent là où ils les jugent pertinents pour leurs intérêts et leur sécurité. En d’autres mots, États-Unis et alliés sont tricotés serrés à l’intérieur d’un même système.

La troisième est l’effort déployé, dans chaque cas, pour mettre à contribution le Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette couverture revêt une grande importance devant la communauté internationale. Toutes les initiatives, pouvant la favoriser, seront prises, mais si elles n’aboutissent pas, ils iront tout de même de l’avant, comme ce fut le cas en Irak et dans d’autres parties du monde. Les Nations Unies sont avant tout une couverture hautement utile, mais non essentielle.

La quatrième est que ces interventions doivent se réaliser, autant faire se peut, sous des vocables qui rejoignent la grande majorité des citoyens et citoyennes qui sont autant d’électeurs et d’électrices. Pour se faire, ils comptent, d’une part, sur un réseau exceptionnel qui met à contribution tous les moyens de communication et, d’autre part, sur les meilleurs spécialistes capables de transformer le vrai en faux, le noir en blanc, et de faire ressortir qu’à travers tous ces conflits c’est la lutte pour la «  démocratie », la «  liberté », le «  respect des droits humains ». Les adversaires deviendront des «  monstres » aux ambitions illimitées et leurs actions seront autant de crimes contre l’humanité. Une bonne partie des 72 milliards $ du budget annuel de la CIA sera utilisée à cette métamorphose de la réalité.

Ralph Steadman, America

Ces constantes permettent de dégager certaines caractéristiques de la démocratie compatible avec les intérêts des États-Unis et de leurs alliés. Je me permets d’en relever cinq :

1. Elle doit assurer en tout temps la primauté de leur pouvoir sur celui du peuple. Advenant un conflit entre ces deux pouvoirs, celui des États-Unis et de ses alliés devra prédominer.

2. Elle doit donner à ce pouvoir toutes les apparences de la démocratie élective de sorte que le peuple puisse s’y reconnaître comme s’il s’agissait du sien et de ses propres intérêts. Elle pourra compter sur la collaboration active de la CIA et de nombreux ONG.

3. Elle doit s’assurer que le néo-libéralisme et le capitalisme règnent en maître sur les destinées du pays. Les oligarchies devront avoir les coudées franches.

4. Elle ne doit pas hésiter à réprimer les contestataires en les transformant en terroristes et en criminels de droit commun. Les magistratures en place devront rendre possibles ces jugements.

5. Elle doit s’abstenir de liens privilégiés avec ceux et celles qui remettent en question ce système de tutelle et de dépendance auquel ils sont soumis. Il y a ceux qui sont avec eux et ceux qui sont contre eux.

Il ne s’agit évidemment que d’un survol rapide qui permet, toutefois, de mieux comprendre ce pourquoi des centaines de milliards $ sont dépensés chaque année et que des centaines de milliers de personnes sont tuées.

Oscar Fortin
http://humanisme.blogspot.com

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