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À la jeunesse, cette oubliée

Vous avez pu noter que la jeunesse de France a été l’une des grandes oubliées lors de l’allocution présidentielle, lors de ce discours enregistré à un « moment historique ». Pour combler ce terrible oubli, voici ma modeste contribution, puisée à la meilleure source, enfin je l’espère. N’oublions pas que la sélection est le principe même de la « start-up nation ».

« C’est à vous, jeunes Français, que je m’adresse aujourd’hui, vous qui représentez l’avenir de la France et à qui j’ai voué une attention et une sollicitude particulières.

Vous souffrez dans le présent, vous êtes inquiets pour l’avenir. Le présent est sombre en effet, mais l’avenir sera clair, si vous savez vous montrer dignes de votre destin. [...]

Vous avez en vous le sens et l’amour de l’effort. C’est une face essentielle de la dignité de l’homme et de son efficacité. L’effort porte en lui-même sa récompense morale avant de se traduire par un profit matériel qui d’ailleurs arrive toujours tôt ou tard. Lorsque vous aurez à faire le choix d’un métier, gardez-vous de la double tentation des gains immédiats et du minimum de peine. Visez de préférence aux métiers qui exigent un long et sérieux apprentissage. Lorsque vous aurez choisi votre carrière, sachez que vous aurez le droit de prendre place parmi les élites. C’est à elles que revient le commandement, sur les seuls titres du travail et du mérite. [...]

Pour conquérir tout ce que la vie comporte de bonheur et de sécurité, chaque Français doit commencer par s’oublier lui-même. Qui est incapable de s’intégrer à un groupe, d’acquérir le sens vital de l’équipe, ne saurait prétendre à servir, c’est-à-dire à remplir son devoir d’homme et de citoyen.

Il n’y a pas de société sans amitié, sans confiance, sans dévouement. Je ne vous demande pas d’abdiquer votre indépendance, rien n’est plus légitime que la passion que vous en avez. Mais l’indépendance peut parfaitement s’accommoder de la discipline, tandis que l’individualisme tourne inévitablement à l’anarchie, qui ne trouve d’autre correctif que la tyrannie.

Le plus sûr moyen d’échapper à l’une et à l’autre, c’est d’acquérir le sens de la communauté sur le plan social et sur le plan national. Apprenez donc à travailler en commun, à réfléchir en commun, à obéir en commun, à prendre vos joies en commun, en un mot, à cultiver parmi vous l’esprit d’équipe et vous préparerez ainsi le solide fondement du nouvel ordre français qui vous permettra d’affronter allègrement l’œuvre immense du redressement national. » (Pétain, 1)

Pourquoi choisir ainsi des mots de Pétain ?

Euh ! ... Eh bien ! ... En souvenir du philosophe, Paul Ricœur, qui reconnut sa participation aux ‘‘cercles Pétain’’ en 1940-41 (2), et en souvenir de l’élève, Emmanuel Macron, qui a récemment dit : « Je ne fais aucun raccourci. Mais je n’occulte aucune page de l’Histoire. Et le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi un grand soldat. Voilà, c’est une réalité de notre pays. » (3)

Alors, dites à l’ancien élève, dites à cet ignorant que Pétain a été frappé d’indignité nationale selon l’ordonnance du 26 décembre 1944 (publiée au Journal Officiel du 25-26-27 décembre, page 2076 ; archive numérisée par la BNF). À son article 21, il est écrit : « l’indignité nationale est punie de la dégradation nationale. La dégradation nationale est une peine infamante qui comporte : 1° la privation du droit de vote, d’élection, d’éligibilité et, en général, de tous les droits civiques et politiques et du droit de porter aucune décoration ; [...] 3° la perte de tous grades dans l’armée de terre, de l’air et de mer ; [...] ».

Bien sûr, les nostalgiques rétorqueront que maréchal n’est pas un grade : c’est seulement la plus haute distinction militaire qui confère une dignité dans l’État. Donc c’est forcément incompatible avec une indignité nationale, avec une peine infamante.

Pourquoi « à cet ignorant » ?

« C’était, je dois l’avouer, à cause de ma complète ignorance : Ricœur ne m’impressionnait pas, puisque je ne l’avais pas lu. La nuit tombait, nous n’allumions pas la lumière. Nous restions à parler dans une complicité qui avait commencé à s’installer. [...] On est ce que l’on apprend à être aux côtés de ses maîtres. Ce compagnonnage intellectuel m’a transformé. C’était cela Ricœur. Une exigence critique, une obsession du réel et une confiance en l’autre. J’ai eu cette chance et je la sais. » (Révolution, C’est notre combat pour la France, Macron)

À l’évidence, les jeunes, les retraités, les chômeurs, les précaires, les salariés, les handicapés, et tant d’autres encore ont la malchance d’avoir Macron comme président et ils le savent.

Personne

(1) Message à la jeunesse de France du 29 décembre 1940, Philippe Pétain. Á retrouver sur le site de la BNF en demandant : Le maréchal Pétain a parlé aux jeunes (c’est le titre de l’affiche qui reprit le message radiodiffusé).

(2) http://www.fondsricoeur.fr/uploads/medias/doc/note-sur-certaines-paroles-de-prisonnier-octobre-1994.pdf

(3) à écouter (durée 1’20’’) sur http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/11/07/25001-20181107ARTFIG00121-macron-petain-a-ete-un-grand-soldat-pendant-la-premiere-guerre-mondiale.php

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La laïcité séduit au XIXe siècle une bourgeoisie soucieuse de progrès et d’efficacité. Les socialistes en font également leur cheval de bataille. La séparation de l’Église et de l’École puis de l’Église et de l’État en 1905 en est le symbole, mais ce fragile compromis est bientôt remis en cause. Face à une contestation grandissante, la bourgeoisie et l’Église s’allient pour maintenir l’ordre social, politique et moral. Depuis les années 1920, leur offensive conjointe reprend une à une les (…)
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