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Auteur : Loic RAMIREZ

Colombie - Le retour des morts

Loic RAMIREZ

Résurgence du parti Union Patriotique en Colombie, après avoir souffert un génocide politique durant les années 80 et 90

C’est une victoire déterrée de la tombe que vient d’arracher la gauche colombienne à l’oligarchie. Le samedi 16 et dimanche 17 novembre 2013 s’est tenu à Bogota le Vème Congrès National du parti de l’Union Patriotique, dont le simple nom résonne comme l’écho d’un espoir assassiné en plein vol. C’est en 1985 que commence l’histoire de cette formation politique qui se crée à l’initiative des FARC-EP qui l’année précédente avait signé un cessez-le-feu avec le président Belisario Betancur. Front politique de gauche qui se veut le plus large possible. L’UP comme on l’appelle englobe des forces de la guérilla bien sûr, mais aussi (et surtout) les communistes, des syndicalistes, des militants civiques, et même des libéraux. L’étendard vert et jaune du nouveau parti s’étend alors dans tout le pays, du Putumayo jusqu’à la côte caribéenne. Le pari prend vie. Face à cet enthousiasme populaire et politique que réveille l’UP toute la machine répressive de l’état colombien et de la bourgeoisie (…) Lire la suite »
« Nous faisons de la politique avec des armes, le but est d’en faire sans elles »

Entretien avec la délégation de Paix des FARC-EP à la Havane (Le Grand Soir)

Loic RAMIREZ
« Elle est timide et n’ose pas te montrer ses blessures de guerre, montre-lui ! ». La jeune femme me dévoile sous son châle bleu d'impressionnantes cicatrices qui se dessinent sur ses bras et son épaule et qui laissent deviner l’intensité d’une guerre qui n’est pas encore terminée. Assis dans le hall de l’Hôtel Habana Libre, à la Havane, Andrés Paris, figure historique de la guérilla et Diana Grajales, jeune combattante insurgée, échangent avec moi leur point de vue sur les perspectives des discussions avec le gouvernement colombien. Divisées en cycles celles-ci abordent actuellement la question de la participation politique du mouvement armé. « Notre participation politique n’est pas une simple participation qui se résumerait à occuper des postes bureaucratiques parlementaires, chose à laquelle ils veulent nous conduire. D’abord pour tenter de nous séduire, d’enflammer les égos, avec l’objectif de nous tendre une embuscade. Ensuite c’est une façon de faire croire que nous ne (…) Lire la suite »
« L’appareil d’état ne peut plus gouverner comme avant »

Entretien avec Jaime Caycedo, secrétaire général du Parti Communiste Colombien

Loic RAMIREZ

En Avril 2012 le mouvement Marche Patriotique fait irruption sur la scène médiatique et rassemble près de 80.000 personnes venues de tout le pays dans le centre de Bogota. Principalement de base rurale, le mouvement est composé également d’étudiants, syndicalistes et de nombreux secteurs de la gauche colombienne. En septembre 2012 s’ouvre le dialogue de paix entre les FARC et le gouvernement colombien afin de trouver une issue politique au conflit qui dure depuis plus d’un demi-siècle. Nombreux sont ceux qui y voient là une volonté de reproduire ce qu’a été l’expérience de l’Union Patriotique, parti de gauche colombien éradiqué dans les années 80 et 90 qui visait, entre autre, à la réintégration institutionnelle de la guérilla.

* * * Quelle différence il y a-t-il entre la Marche Patriotique et l'Union Patriotique ? La Marche Patriotique n'est pas un mouvement politique qui est né avec pour objectif de réintégrer l'insurrection à la vie civile et de trouver une solution à la guerre par la voie de la participation politique. C'est plutôt un mouvement social et politique plus qu'une réplique pacifique du mouvement armé. Elle est avant tout une construction nationale de ce que représente le mouvement social. Celui-ci nait des résistances qui existent dans ces zones ravagées par la violence, par la politique militariste de l'état, par le paramilitarisme mais aussi par ce nouveau phénomène de développement de mines et de projets agricoles menés par des multinationales qui affectent la vie des populations dans ces régions. Expulsion des paysans, déplacement forcé, etc. La Colombie est sans doute le pays où il y a le plus de mouvement de réfugiés internes. La Marche n'a donc rien à voir avec la guérilla (…) Lire la suite »

Colombie : l’art de la paix.

Loic RAMIREZ

Malgré les échos d’avancées positives dans les négociations à la Havane, les adversaires d’une solution pacifiée au conflit se dévoilent dans une Colombie encore sous tension.

Dans son bureau à Bogota, les yeux encore rivés sur son ordinateur portable, Ariel Avila Martinez se veut précis : « Il y a 5 raisons principales pour négocier avec la guérilla » (1). Coordinateur de l'observatoire du conflit Nuevo Arco Iris (créé en 1994), mon interlocuteur m'expose son analyse : « d'abord elles peuvent aider à arrêter le narco-trafic car elles possèdent la base sociale pour le faire, même si ce ne sont pas les FARC qui contrôlent les routes du trafic de drogue, celles-ci sont contrôlées par les cartels, mais la guérilla est présente dans les régions de production. Ensuite, sur le plan humanitaire, la paix avec les FARC peut surtout aider à déminer plus de 400 communes et que cesse le recrutement de mineurs. Troisièmement les FARC ont, à partir des années 80, élaboré toute la structure de l'enlèvement, même si aujourd'hui, comme promis, elles ne le font plus, elles en ont créé les bases et peuvent donc aider à le démonter. La quatrième raison, très importante, (…) Lire la suite »
Célébration d’un meeting internationaliste à Madrid organisé par le Parti Communiste des Peuples d’Espagne

Sortir de la tranchée

Loic RAMIREZ
1.200 personnes sont à l'écoute lorsque, pour conclure le meeting, Carmelo Suarez, secrétaire général du PCPE, prend la parole. « Le temps de l'Histoire s'écoule parfois lentement, et parfois il se précipite en chute libre sans frein. C'est ce qui nous incombe à nous aujourd'hui, cette étape de chute libre et sans frein (...) Nous regardons cinq ou dix ans en arrière et nous ne reconnaissons pas ce pays » (1). Parmi les nations les plus touchées par la crise économique et soumise à la cure d'austérité imposée par l'Union Européenne, l'Espagne dégringole. Manifestations et expressions populaires de colère émaillent l'actualité sociale et politique du pays depuis quelques années. Mouvement des « indignés », grève musclée des mineurs ou encore grèves générales à répétitions ont amené la péninsule ibérique à s'afficher de plus en plus à la une des journaux européens. Les « recortes » (découpes) dans les services publics impulsés par le gouvernement socialiste et ceux, actuels, de (…) Lire la suite »
Bataille médiatique autour de Tanja Nijmeijer à l’heure des pourparlers, cible des critiques et symbole de l’internationalisme

« la Hollandaise »

Loic RAMIREZ
« Tanja Nijmeijer n'est pas seulement un joli visage chez les FARC » titre le journal la Vanguardia sur son site internet. Selon le quotidien elle est également à l'origine de « planifications et exécutions d'attaques sanguinaires » ! (1) Attendue impatiemment par les médias colombiens, la jeune combattante est arrivée à la Havane le lundi 5 novembre 2012. Silhouette athlétique, béret noir marqué de l'écusson de la guérilla, elle est rapidement redevenue sujet de débats dans la presse nationale. « Joyau de la couronne » de l'équipe négociatrice des FARC selon elpais.com.co (2), Tanja Nijmeijer « ne représente rien pour les FARC » selon "l'analyste" Rafael Nieto Loaiza, « elle est seulement un élément de caractère symbolique. Mais les FARC vont profiter du fait qu'elle est étrangère, jeune et belle et bien dressée, pour montrer à l'Europe qu'elle a sacrifié son futur pour venir se battre en Colombie. Tanja est un élément de propagande très fort » (3). Sous la plume de (…) Lire la suite »

Le retour de Tanja

Loic RAMIREZ

Alors que vont démarrer les discussions, à Oslo, entre la guérilla et le gouvernement colombien, le groupe armé a informé de la présence de la jeune hollandaise Tanja Nijmeijer à la table des négociations.

Depuis le documentaire vidéo de Jorge Enrique Botero, réalisé peu avant le bombardement du camp de Mono Jojoy, la jeune combattante Tanja Nijmeijer n'avait donné aucun signe de vie. C'est désormais chose faite. Les médias colombiens ont informé, le 14 octobre 2012, de la future présence dans la capitale norvégienne de la « guérillera hollandaise » (1). Dans un communiqué signé du 15 octobre, la guérilla confirme la désignation de "Alexandra" comme participante au dialogue de paix : « en présence des délégués des pays garants, la Norvège et Cuba, le porte-parole officiel du gouvernement a communiqué que la date d'incorporation de Tanja aux conversations sera donné au cours de la semaine du 21 au 27 de ce mois-ci (octobre) » (2). Rappelons que la « guérillera internationaliste » comme la présentent les Farc est une jeune femme née en Hollande ayant intégré le groupe insurgé en 2002. Médiatisée en 2007 suite à la découverte d'un carnet de notes lui appartenant Tanja a (…) Lire la suite »
De nouvelles négociations, sous tension, sont annoncées entre Bogota et la guérilla afin de mettre un terme au conflit

Les FARC le fusil à l’épaule

Loic RAMIREZ
« Le conflit repose toujours sur le même problème : la répartition des terres. Lorsque le gouvernement fera une réforme agraire alors celui-ci terminera » m'explique Rocà­o Peña, enseignante en droit à l'Université del Rosario, dans un restaurant de Bogota. Tout en finissant la salade qu'elle a commandée elle ajoute, réaliste : « mais les grands propriétaires terriens ne l'accepteront pas » (1). Plus d'un an après cette rencontre s'ouvre une perspective de pourparlers entre les Farc et le gouvernement de Juan Manuel Santos. Révélées par l'hystérique Alvaro Uribe quelques semaines auparavant (2), des rencontres entre les représentants de l'état colombien et ceux de la guérilla se sont réalisées à la Havane. Rendu publique par les deux parties le 4 septembre 2012, un accord a été conclu et débouchera sur des négociations à partir du 8 octobre en Norvège et à Cuba. Comme le veut la situation, c'est à celui qui se présentera comme ayant l'avantage dans le conflit qui pourra peser le (…) Lire la suite »
Colombie

L’arme médiatique

Loic RAMIREZ
Suite à la capture au combat du journaliste français Roméo Langlois, les FARC posent la question du rôle des médias dans le conflit colombien Il aura fallut presque 8 jours d'attente pour qu'enfin le secrétariat des Forces armées révolutionnaires de Colombie-armée du peuple (FARC-EP) annonce publiquement détenir le journaliste français Roméo Langlois. Publié par l'agence d'information Anncol (Agencia nacional nueva Colombia, Agence nationale nouvelle Colombie) sur leur site le 6 mai 2012, le communiqué confirme que M.Langlois est entre les mains d'unités du XV Front de la guérilla [8]. Celui-ci est fait prisonnier le 30 avril 2012 dans la province du Caqueta, dans le Sud du pays, lors d'un accrochage entre l'unité militaire qu'il accompagnait et les forces rebelles. Selon la plupart des témoignages, il semble avoir été blessé durant l'affrontement et s'est alors lui-même rendu aux insurgés [9]. Journaliste à France 24, Roméo Langlois a déjà réalisé des reportages sur le conflit (…) Lire la suite »

Les FARC cachées sous le lit

Loic RAMIREZ

Face à l’irruption d’un nouveau mouvement politique de gauche dans le pays la classe dirigeante colombienne agite l’épouvantail de la guérilla

Des dizaines de milliers de personnes ont envahi la Plaza Bolivar de Bogota le lundi 23 avril 2012, inaugurant ainsi le tout récemment créé mouvement Marcha Patriótica (Marche patriotique). Pas encore une option électorale, bien qu'il aspire à l'être prochainement, le mouvement est une union des différentes forces progressistes et de gauche du pays visant à résoudre les conflits social et armé en Colombie. Rapidement le fantôme de l'Union Patriotique est revenu en mémoire de tous comme l'a souligné l'ancien guérillero et ex secrétaire à la mairie de Bogota Antonio Navarro Wolf, dans une interview donnée à El Espectador : « Cette histoire de Marche Patriotique et d'Union Patriotique me semble la même chose » [23]. Rappelons que l'UP (Unión Patrtiótica) a été une coalition politique de gauche née en 1985 suite aux accords de paix entre le président Belisario Betancurt et les FARC. Celle-ci visait à être un moyen de réintégrer les guérilleros à la vie politique civile et légale à (…) Lire la suite »