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Auteur : Loic RAMIREZ

Guyane, retour sur une colère générale

Loic RAMIREZ

Reportage dans ce territoire français d’Amérique latine 1 an après le mouvement de blocages de 2017. Les militantes et militants de l’époque font le bilan et tirent les leçons d’une mobilisation « historique » qui n’a malheureusement presque « rien changé ». Retour sur une colère générale qui cherche encore son chemin vers la victoire.

Vu depuis l’avion, la Guyane ressemble à un immense brocoli, dit-on. Et c’est vrai. Recouvert à plus de 95% de forêt, le territoire offre sa chevelure verdoyante aux curieux qui le guettent à travers les hublots. Lundi 14 mai 2018, arrivée à l’aéroport Felix Eboué de Cayenne (du nom de l’enfant de Cayenne devenu administrateur colonial au Tchad, qui rallia en 1944 cette possession française à la France libre de De Gaulle). Seuls les taxis peuvent vous amener en ville. Pas de bus, aucun autre moyen de transport, rien. Sur la route goudronnée, nul éclairage, à peine quelques panneaux de signalisation. Seule la forêt tropicale encadre le chemin, à perte de vue. Un paysage brut et sauvage pour un département français de plus de 80 000 kilomètres carrés situé sur le Plateau des Guyanes, au nord-est du continent sud-américain. « Le seul pays non indépendant de la région, une sorte de verrue » formule Fabien Canavy, le secrétaire général du Mouvement de décolonisation et d’émancipation (…) Lire la suite »

Les FARC, entre espoir et Histoire

Loic RAMIREZ

Après avoir déposé les armes et signé un accord de paix avec Bogota, la guérilla des FARC-EP est devenue un parti politique légal. Ses membres subissent désormais une vague d’assassinats qui rappelle la tragique expérience de démobilisation des années 80.

Le dicton dit que l’Histoire se répète ; sans doute que c’est ce que craignent le plus les membres des FARC. En 1984, la plus importante des guérillas de Colombie signait un cessez-le-feu avec le gouvernement de M.Belisario Betancur. Née en 1964, l’organisation insurgée des FARC-EP (Forces armées révolutionnaires de Colombie - Armée du peuple) touchait du doigt la possibilité de participer à la vie politique du pays sans faire usage des fusils. Cette trêve donna naissance à l’Union Patriotique, un parti politique légal désigné comme le réceptacle où devaient atterrir les combattants. De peu, il faillit être leur cercueil. Reconvertis en figures publiques de la politique locale et nationale, les anciens guérilleros étaient devenus des cibles plus faciles à atteindre que lorsqu’ils vivaient dans les forêts. Avec eux, l’ensemble des militants et militantes qui les avaient rejoints dans l’UP, communistes pour la plupart. Au début, il eut un camarade tué. Puis deux, trois, cinq, dix, (…) Lire la suite »

Tanzanie : la forêt qui pousse

Loic RAMIREZ

Élu en 2015, le nouveau président de Tanzanie s’est illustré par une politique audacieuse de redressement national et de lutte contre l’exploitation des ressources du pays.

On ne la pas vu venir. Sous les radars de la plupart des grands médias français, le nouveau gouvernement tanzanien s’est mis au travail et a bousculé le schéma national. En même temps, il faut admettre que l’actualité du continent africain perce difficilement le brouillard médiatique que soulèvent les agissements des groupuscules islamistes dans la région. « L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse » dit un proverbe issu de l’intelligence collective. Cette forêt, c’est John Pombe Joseph Magufuli qui, le 5 novembre 2015, devenait Président de la République de Tanzanie avec 58% des voix exprimées. Âgé de 59 ans, diplômé en mathématiques et en chimie, il a occupé divers postes au sein des gouvernements précédents notamment comme ministre des Travaux ou bien de la Pêche et de l’Élevage. « C’est un pur produit du système, et pourtant John Magufuli ne ressemble à personne » écrit le journal Jeune Afrique [21]. A l’instar de son homologue français Emmanuel Macron qui (…) Lire la suite »
Entretien avec Alexis Castillo, combattant internationaliste dans le Donbass

L’étoile à trois branches

Loic RAMIREZ
Quand on lui demande ce qui lui manque le plus de son ancienne vie Alexis ouvre grand les yeux et répond sans perdre une seconde : « les fruits de mer ». Comme si le souvenir pouvait faire surgir l’aliment convoité, Alexis se met alors à décrire les rues ensoleillées de la ville de Murcia où il vivait, dans le sud-est de l’Espagne, et le délice de savourer les produits frais de la mer les jours de marché. Aujourd’hui, dans l’est de l’Ukraine en guerre, la Méditerranée semble bien lointaine. Alexis est l’un des premiers volontaires internationaux venus rejoindre les milices du Donbass en guerre avec l’armée ukrainienne depuis la chute de l’ancien gouvernement en février 2014. Il vit désormais à Donetsk, capitale de l’autoproclamée République Populaire de Donetsk (RPD). Né en Colombie en 1988, le jeune homme arrive avec sa mère en Espagne à l’âge de dix ans. Plus tard, il commence à militer au sein des Collectifs de jeunes communistes (CJC, organisation juvénile du Parti (…) Lire la suite »
Entretien avec la combattante hollandaise Tanja Nijmeijer alias Alexandra Nariño des FARC-EP à la Havane

L’internationaliste

Loic RAMIREZ
« Face aux conditions matérielles, à la dureté physique de la vie dans la jungle il y en a toujours qui rient et disent ‟heureusement que nous avons avec nous cette folle, cette étrangère qui est venue” » s’amuse à raconter Alexandra sur sa vie dans la guérilla colombienne. Ayant accepté une interview c’est dans un hôtel de la Havane, ce mercredi 4 mai 2016, que la citoyenne hollandaise m’a donné rendez-vous. Membre de la délégation de Paix des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie – Armée du Peuple (FARC-EP), figure médiatique malgré elle de par sa nature d’étrangère, Tanja Nijmeijer, devenue la combattante Alexandra Nariño, a été la cible de plusieurs débats quant à son engagement dans le conflit colombien. « J’ai intégré la guérilla en mai 2003, mais je parle là de mon arrivée dans la jungle car je travaillait déjà comme milicienne en milieu urbain… ça depuis 2002 » résume mon interlocutrice. Travaillant comme enseignante d’anglais lorsqu’elle arrive pour la première fois (…) Lire la suite »

La rose assassinée

Loic RAMIREZ
Vieilles de plus de 50 ans, souvent qualifiées par les médias de narco-terroristes, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), restent avant tout une organisation politique avec des objectifs bien précis. La persistance de la voie armée comme expression ne peut se comprendre qu’à la lumière de l’Histoire du groupe insurgé. En 1985, s’appuyant sur un cessez-le-feu accordé avec le gouvernement, et avec le soutien du Parti Communiste Colombien, les FARC lancent un nouveau parti politique : l’Union Patriotique. Ce front élargi regroupant la gauche colombienne a pour but de réinsérer la guérilla dans la vie politique légale et démocratique du pays. La réponse hostile de l’État et de l’extrême droite colombienne ne tardera pas. Armée, police et groupes paramilitaires vont alors joindre leur force pour anéantir l’Union Patriotique et obliger les FARC à retourner à la lutte armée clandestine. Loïc Ramirez : Journaliste indépendant, titulaire d’un Master d’Histoire (…) Lire la suite »

La Colombie entre chien et loup

Loic RAMIREZ
Les négociations entre les FARC et le gouvernement colombien se poursuivent au milieu d’une trêve unilatérale déclarée par la guérilla. « Ils en veulent à la propriété privée et vont nous exproprier. Et plus encore, ils ont dit que personne ne pourra disposer de plus de 100 hectares » [64] s’inquiète José Felix Lafaurie, président de la Fédération nationale des agriculteurs de Colombie (Fedegan). Interrogé par le journaliste Yamid Amat pour le quotidien El Tiempo, le représentant de cette puissante corporation voit d’un très mauvais oeil les pourparlers entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et la guérilla des FARC. Yamid Amat tente en vain de le rassurer lui expliquant que les faits cités ci-dessus « ne font pas partie d’un accord, c’est une pétition de la guérilla » ; « Oui mais ils ont dit que c’était ce qu’exigeait le peuple ! Voilà pourquoi ils exigent (les FARC) au Ministre de l’Agriculture, de façon irrespectueuse, qu’il se présente aux négociations à la Havane » (…) Lire la suite »
Voyage et réflexions autour de la République Populaire Démocratique de Corée

L’énigme nord-coréenne

Loic RAMIREZ
Par où commencer pour décrire Pyongyang ? La ville apaise les yeux du visiteur. Aucune publicité, aucune enseigne commerciale, aucune affiche vendant tel ou tel produit, aucune agression visuelle. Le calme des rues et des grandes avenues en fin d’après-midi est agréable lorsqu’on connait le chaos des centre villes des grandes cités européennes aux heures de sortie de travail. Par la fenêtre du minibus je regarde les gens qui marchent sur les trottoirs, attendent le tramway, les enfants qui se tiennent par la main, sourient et s’amusent. Des scènes ni plus ni moins banales que celles qui se jouent à Paris, Madrid ou ailleurs. Mais dans cette capitale, sans doute la plus décriée au monde, il semble nécessaire de souligner ce quotidien fait des mêmes petites choses qu’ici. Il faut dire que puisque la Corée du Nord « rend fous ceux qui en parlent » comme le dit le spécialiste Bruce Cummings [77], il est important de raconter les choses à tête reposée. Ce texte revient donc sur un (…) Lire la suite »
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Visite à Paris du Ministre des Relations Extérieures de la République Bolivarienne du Venezuela, M.Elias Jaua.

Venezuela : « La réalité est plus puissante que n’importe quelle campagne médiatique »

Loic RAMIREZ
Conférence de presse de près de deux heures cet après midi du 23 avril 2014 à l’ambassade du Venezuela à Paris. Devant un auditoire d’une cinquantaine de personnes le Ministre des Relations Extérieures de la République Bolivarienne du Venezuela, M.Elias José Jaua Milano, a laissé claire son ambition : « Nous menons une campagne de conscientisation sur les évènements qui ont secoué le pays dernièrement. Nous sommes ici pour vous présenter notre version des faits » [101]. Accompagné de deux jeunes femmes et d’un jeune homme, le Ministre a introduit le débat en critiquant le rôle de grands médias de communication qui ont alimenté, selon lui, une campagne mensongère à l’égard du pouvoir vénézuélien. « Face a ces grands médias, j’ai voulu que vous écoutiez les témoignages de ceux qui m’accompagnent aujourd’hui. Il s’agit de deux étudiants et d’une employée de maternelle. Je leur laisse la parole ». L’un après l’autre les trois invités se sont exprimés sur leur expérience personnelle (…) Lire la suite »

Reprendre le chemin : Renaissance politique de l’Union Patriotique en Colombie.

Loic RAMIREZ
C’est au rythme des secousses que le véhicule parcourt les montées et les descentes d’une route faite de cailloux et qui serpente entre les arbres. Les armes à feu coincées entre le fauteuil et la cuisse, le chauffeur et son second se concentrent sur ce chemin de fortune à travers les vitres blindées du 4x4. A l’arrière, Alirio observe la dense végétation, les mains croisées posées sur les genoux avec, à côté, sur le fauteuil, le journal VOZ (hebdomadaire du Parti communiste colombien). La calvitie grisâtre, les lunettes sur le nez, Alirio Urrego Mesa se repose silencieusement durant les trajets qui le conduisent de meetings en réunions politiques. Candidat à la “cámara” (équivalent du Parlement) pour la ressuscitée Union Patriotique dans la région du Tolima (Sud du pays), Alirio est en pleine campagne politique. Accompagné par une équipe de camarades du PCC et de la jeunesse communiste, il parcourt ce weekend de février 2014 le municipe de Dolores, vieux bastion communiste de (…) Lire la suite »