Le Courrier, samedi 12 Novembre 2005.
Cinq ans après les avoir privatisés, le Mali étatise ses réseaux d'eau et d'électricité. Un cuisant échec pour le FMI et de la Banque mondiale.
La nouvelle est passée presque inaperçue en Europe. Elle ne manque pourtant pas de piquant : le Mali, l'un des pays les plus pauvres de la planète, vient de se débarrasser avec fracas du géant français Bouygues, qui pèse plus de 23 milliards d'euros. Autrement dit, vingt fois plus que le budget national ! En cause, selon les mots du ministre des Mines, de l'Energie et de l'Eau, Hamed Diane Semega : « l'échec de la privatisation » d'Energie du Mali (EdM). Propriété depuis cinq ans d'un consortium dirigé par SAUR International, une filiale du bétonneur français, EdM n'est jamais parvenue à remplir les objectifs fixés par contrat, soit le développement des réseaux d'eau et d'électricité et la baisse des tarifs.
Formellement, c'est Bouygues qui a librement décidé, le 14 octobre dernier, de vendre ses (…)Lire la suite »
Les mouvements sociaux : résistants et producteurs
Le Courrier, samedi 8 Octobre 2005.
L'Amérique latine à la recherche d''alternatives économiques et sociales.
Du sud de l'Argentine jusqu'aux confins du Mexique, mouvements de base, paysans et ouvriers, redonnent ses lettres de noblesse à l'économie solidaire. Des initiatives complémentaires au rejet des politiques néolibérales par les urnes.
Le continent latino-américain vit une période inédite. Aujourd'hui, 280 millions de ses habitants (sur un total de 513 millions) vivent dans des pays avec des gouvernements révolutionnaires, progressistes ou relativement « ouverts » aux problématiques posées par les mouvements sociaux. Parallèlement, ceux-ci mettent en oeuvre de plus en plus des projets économiques créatifs.
Le développement de ces alternatives, conçues depuis la base, ne semble plus connaître de frontières : depuis la toujours rénovée expérience zapatiste au Chiapas (Mexique) jusqu'au mouvement piquetero en (…)Lire la suite »
Le Courrier de Genève, 30 septembre 2005.
« Détournement », « violence », « rapt », « terroristes », « pirates », « flibustiers »... Depuis l'action, mardi, des marins syndicalistes de la SNCM, certains médias sont intarissables. C'était prévisible : le halo mythique entourant la mer et ses marins ouvre la voie à tous les fantasmes. On aurait presque envie de s'en amuser, mais l'affaire n'est pas drôle : quatre syndicalistes français sont sur le point d'être inculpés et risquent, comme se plaisent à le souligner certains, « vingt ans de prison ».
Il est bon de rappeler quelques faits. La trentaine de travailleurs qui a tenté d'amener le Pascal-Paoli vers la Corse a agi pacifiquement. Il n'y a pas eu détournement : personne n'a été retenu en otage. Les prétendus « pirates » n'ont livré aucune résistance aux gendarmes qui ont donné l'assaut. Ils n'agissaient pas non plus par appât du gain, simplement dans le cadre d'une lutte syndicale. Leur revendication ? S'opposer au bradage (…)Lire la suite »
Le Courrier de Genève, mardi 20 septembre 2005.
Argentine - Dans le quartier populaire de Chacarita, à Buenos Aires, l'association Mutual Sentimiento mise sur le lien social pour déjouer l'ordre établi. Ses pharmacies populaires soutenues depuis Genève sont exemplaires.
Le bâtiment est immense. En cette veille de pont, les six étages de ce massif immeuble du quartier de Chacarita paraissent désertés. Il n'en est rien. Au premier, les bureaux de Mutual Sentimiento (MS) bruissent : la veille, l'association a inauguré sa deuxième pharmacie populaire, c'est l'heure du débriefing. Surtout, on s'active pour accueillir une centaine d'indigènes qui doivent arriver de tout le pays pour fêter, ce week-end, la Pachamama en plein coeur de Buenos Aires...
Depuis sa création en 1998, Mutual Sentimiento s'est toujours nourri de ces mélanges ; rhapsodie sociale plus cohérente qu'il n'y paraît. Son fief, ancien siège d'une compagnie ferroviaire liquidée durant les années Menem, témoigne de la (…)Lire la suite »
Le Courrier, samedi 10 septembre 2005.
Reportage - Krach de 2002, crise structurelle et Etat social quasi inexistant... le cocktail uruguayen a plongé des centaines de milliers de personnes dans la misère. La lueur d'espoir provient du travail acharné d'ONG, tel le Centre d'éducation populaire, à Las Piedras, qui travaille avec les enfants des nouveaux pauvres.
Appuyés à la clôture ou virevoltants, une cinquantaine de gamins piaffent d'impatience. Il est 13h05 et les portes du Club d'enfants de Las Piedras restent closes. Animateurs, enseignante, coordinatrice et psychologue s'accordent une minute de repos supplémentaire avant l'entrée des « fauves ».
Dans cette banlieue grise de Montevideo, le Club d'enfants géré par le Centre d'éducation populaire (CEP) est un précieux îlot. Pour les bambins (5-13ans) des nouveaux pauvres, entassés à deux pas de là dans un Cantegril [13], un espace de jeu et d'attention vaut tout l'or du monde. D'autant que chacun des nonante gamins (…)Lire la suite »
Le Courrier, mercredi, 24 août 2005.
Argentine - Ecrasés militairement en 1879, les Mapuches de la Patagonie argentine ont traversé le XXesiècle comme des ombres. Parqués, acculturés, réprimés, appauvris, nombre de Mapuches voient dans l'Etat argentin et la société occidentale au mieux un corps étranger au pire un implacable ennemi. Sous l'impulsion de mouvements sociaux déterminés, les Mapuches tentent depuis une vingtaine d'années de reprendre en main leur destinée. Notamment en reprenant le contrôle de leurs terres ancestrales. Rencontre avec Hermenegildo « Chacho » Liempe, l'un des dirigeants du CAI, important mouvement basé dans la province du Rio Negro.
Chapeau de feutre sur ses boucles grisonnantes, la démarche assurée dans son habit de travail, Chacho Liempe est exact au rendez-vous. Dans cet élégant café du centre d'El Bolson, le charpentier mapuche n'est, à l'évidence, pas sur des terres familières. Mais il n'a pas l'habitude, non plus, de se laisser impressionner. (…)Lire la suite »
Vérité et justice, les clés d'un nouvel Uruguay ?
Le Courrier de Genève, samedi 2 octobre 2004.
Lille Caruso de Balbi place de grands espoirs dans les élections nationales du 31 octobre prochain. Selon la coordinatrice de la Commission des familles d'assassinés de la dictature, l'Uruguay du Frente Amplio ne peut admettre que se perpétue l'impunité des ex-tortionnaires.
Nous sommes sur le point d'arriver au pouvoir ! » Le regard brillant de Lille Caruso de Balbi trahit l'émotion de toute une génération. A mesure que s'approchent les scrutins présidentiel et législatif du 31 octobre, comme des milliers de victimes de la dictature, la veuve du syndicaliste Alvaro Balbi vit l'espoir chevillé au corps. Si l'on en croit les sondages, les trois millions d'Uruguayens semblent déterminés à élire un président et un Parlement progressistes (lire ci-dessous). Une première pour ce petit pays coincé entre l'Argentine et le Brésil, à l'histoire pourtant jalonnée de luttes sociales (…)Lire la suite »
– Pour bien juger des révolutions et des révolutionnaires, il faut les observer de très près et les juger de très loin. (Simon Bolivar)
Jeudi 12 Août 2004
La transformation de la société vénézuélienne engagée depuis 1998 par le président Hugo Chavez passera un test décisif dimanche. Pour « Le Courrier », quatre spécialistes du Venezuela donnent leur éclairage sur le processus bolivarien.
Photo : Venpres
Le Venezuela vit des heures historiques. A quelques jours d'un scrutin décisif, pro et anti-Chavez s'accordent au moins sur un point : le référendum du 15 août marquera durablement le futur du pays... voire du continent ! En jeu : le maintien ou la révocation de celui qui incarne le processus de réformes sociales, politiques et économiques le plus ambitieux qu'a connu l'Amérique latine depuis le Nicaragua sandiniste ; la dite « Révolution bolivarienne ». Depuis son élection en 1998, et surtout sa réélection de 2000, le charismatique président Hugo Chavez a multiplié (…)Lire la suite »
Les Amérindiens se placent au coeur du Forum social
QUITO - En créant dimanche une véritable Internationale amérindienne, les délégués de soixante-quatre peuples autochtones ont donné le meilleur coup d'envoi possible au premier Forum social des Amériques qui se tient jusqu'à vendredi en Equateur.
Mardi 27 Juillet 2004
"Du coeur du monde, lieu du soleil droit (l'Equateur, ndlr) [...], les peuples et nationalités indigènes d'Abya Yala (Amérique, en langue kichwa, ndlr) [...] ont décidé de créer un espace permanent de liaison et d'échange, où convergeront expériences et propositions, pour que nos peuples et nationalités affrontent unis les politiques de globalisation néolibérale." L'acte de naissance de la future Internationale amérindienne, publié dimanche à l'issue du second Sommet continental indigène, est appelé à faire date. En deux pagesA4, la Déclaration de Quito brosse à grands traits une "maison commune", moins refuge ethnique que base avancée dans le combat, au côté (…)Lire la suite »
– Et pendant ce temps, le PS vote contre Chavez .... Voir ci-dessous.
Avec Barrio Adentro, l' Etat réinvestit les cités et promeut la santé avant la thérapie.
Depuis un an, le Gouvernement du Venezuela bâtit un nouveau système de santé public destiné en priorité aux populations les plus démunies.
Les explications du ministre de la Santé et du Développement social, Roger Capella, de passage à Genève.
Samedi 22 Mai 2004, Le Courrier
Depuis le plébiscite, en 1999, de sa nouvelle Constitution, le Venezuela vit au rythme des bouleversements socioéconomiques et des résistances acharnées qu'ils entraînent. Nationalisation des revenus pétroliers, réforme agraire, campagnes d' alphabétisation, développement des médias communautaires... le Gouvernement d' Hugo Chavez affiche un volontarisme social qui fait tâche à l' heure de la toute-puissance du marché.
Son dernier grand projet n' est pas le moins ambitieux ni le moins controversé. Lancée il y a un peu plus d' un an, la mission Barrio Adentro (« au centre du quartier ») entend, dans un même (…)Lire la suite »