Le Courrier, samedi 03 Février 2007.
Le philosophe Daniel Bensaïd, militant de la Ligue communiste révolutionnaire, s'est prêté au jeu de l'analyse engagée de la campagne électorale.
Dans le prolifique panorama de la gauche française, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) occupe indéniablement une place à part. Communiste antistalinien, ce mouvement né de la lutte estudiantine de Mai 68 s'est toujours démarqué de ses coreligionnaires trotskistes par son ouverture aux nouveaux mouvements sociaux et à ceux que l'orthodoxie prolétarienne qualifiait de « petits bourgeois ». Pour autant, le parti d'Alain Krivine et d'Olivier Besancenot est resté ferme sur ses positions anticapitalistes. Pas question de devenir l'appendice de gauche du Parti socialiste, ni de céder à l'air du temps de « la politique sans les partis ». Raideur ? Cohérence ? Quoi qu'il en soit, la LCR du populaire facteur Besancenot se retrouve aujourd'hui quelque peu isolée. Son refus de se joindre à une « (…)Lire la suite »
Le Courrier, mardi 19 Décembre 2006.
Activiste social et leader du parti de gauche SADI, Oumar Mariko se présentera à la présidentielle d'avril 2007. Sans rêves de victoire mais porté par le réveil des mouvements sociaux maliens. Rencontre avec un trublion multicarte.
Au Mali, tous le monde connaît Oumar Mariko. Dans ce pays nomade, pas une lutte, pas une révolte n'éclate aux quatre coins du pays sans que ce sympathique géant ne réponde présent. Défense du secteur public, droit à la santé, grève des mineurs, migrants expulsés, paysans spoliés... l'infatigable Dr Mariko est toujours de la partie. Et avec lui le réseau des radios Kayira qu'il dirige et dont les sept émetteurs relaient quotidiennement la vie d'un mouvement social plus remuant qu'il n'y paraît. Animateur du Forum social mondial de Bamako en janvier dernier, cet ancien leader estudiantin - qui participa activement à la chute de Moussa Traoré en 1991 - trouve encore le temps de s'investir en politique. Au côté du (…)Lire la suite »
Le Courrier, mardi 5 décembre 2006.
Et de quatre ! Pour la quatrième fois depuis 1998, Hugo Chávez a reçu dimanche l'onction du suffrage universel. Bien qu'attendue, cette nette victoire doit être appréciée à sa juste valeur. Rarement un processus de profonde transformation sociale et politique n'a été plébiscité aussi régulièrement par les urnes. Il faut remonter aux révolutions néolibérales de Thatcher et de Reagan, dans les années 1980, pour trouver de pareils phénomènes...
En obtenant dimanche près de 7 millions de suffrages, Hugo Chávez a pratiquement doublé son bassin électoral en huit ans. Mieux : il rassemble aujourd'hui davantage d'électeurs qu'il n'y avait de votants en 1998 ! Pas mal, pour un homme politique volontiers taxé d'« autoritaire », voire de « dictateur ».
On le sait peu, mais l'une des « missions » mises sur pied par son gouvernement consistait à recenser les millions de Vénézuéliens tellement exclus du système qu'ils ne disposaient même pas de papiers (…)Lire la suite »
Le Courrier, mercredi 29 Novembre 2006.
Huit ans de pouvoir n'ont pas usé Hugo Chávez. Le leader de la gauche latino-américaine devrait obtenir dimanche un nouveau mandat. Du « bolivarisme » au « socialisme du XXIe siècle », aperçu d'un phénomène qui bouleverse les rapports de force au sud du Rio Grande.
La tension monte à Caracas et dans toute l'Amérique latine, à l'approche de l'élection présidentielle vénézuélienne. Cet Etat sud-américain de 27 millions d'habitants focalisera dimanche toutes les attentions, tant il symbolise le conflit qui domine, depuis près d'une décennie, la scène politique continentale. Un intérêt qui tient également au rôle central - politique et financier - tenu par Caracas dans la constitution d'un pôle de résistance à l'hégémonie étasunienne. Premier élu, en 1998, de la vague rose-rouge, Hugo Chávez sollicitera ce week-end un nouveau mandat, avec l'ambition déclarée de « construire le socialisme du XXIe siècle ». Démocratie participative, (…)Lire la suite »
Le Courrier, mardi 28 novembre 2006.
En promettant des investissements publics, la renégociation de la dette et une réforme constitutionnelle, l'économiste Rafael Correa a été facilement élu dimanche à la présidence de l'Equateur.
Il n'y a pas eu photo, dimanche, en Equateur, entre l'entrepreneur néolibéral Alvaro Noboa et l'économiste socialiste Rafael Correa. Selon des résultats partiels, le candidat de la gauche à la présidentielle se serait imposé avec plus de quinze points d'avance. Un net succès qui ouvre la voie à l'Assemblée constituante, principale proposition de M.Correa et de son jeune parti Alianza Paàs, chargée de démocratiser en profondeur ce petit Etat sud-américain.
Moins d'un an après la victoire d'Evo Morales en Bolivie, et quelques mois après les fortes poussées de la gauche au Pérou et en Colombie, ce succès vient confirmer l'enracinement du courant progressiste dans les Andes sud-américaines. Bien que non-indigène, le futur chef de l'Etat a été soutenu (…)Lire la suite »
(Si la loi c'est le droit d'avoir faim,
La Révolution est un droit.)
Les dix transnationales qui exploitent les hydrocarbures boliviens ont accepté de nouveaux contrats beaucoup plus favorables à l'Etat. La Paz prend le contrôle de la commercialisation et voit ses revenus exploser.
Le Courrier, mardi 31 octobre 2006.
Dimanche matin, à peine quelques heures après l'échéance fixée par le gouvernement, la dixième transnationale pétrolière active en Bolivie posait à son tour son paraphe. La « nationalisation soft » des hydrocarbures annoncée par Evo Morales le 1ermai dernier devenait réalité. Dès la ratification parlementaire, la société d'Etat YPFB reprendra à son compte leur commercialisation et cogérera l'exploitation des 54 gisements boliviens avec les transnationales devenues « prestataires de service » pour le compte de la puissance publique. Financièrement, la Bolivie annonce une multiplication par huit de ses revenus d'ici 2011. Pour le président bolivien, qui a besoin (…)Lire la suite »
Président au rabais
Le Courrier, mercredi 30 Août 2006.
La présidence s'éloigne pour Andrés Manuel López Obrador. Après avoir refusé, début août, le recomptage complet du scrutin du 2 juillet, le Tribunal électoral mexicain (TEPJF) a porté lundi un coup sans doute fatal au candidat du centre gauche. Après annulation de 140 urnes jugées suspectes, le TEPJF a annoncé que Felipe Calderon n'avait perdu que 4000 de ses 244 000 voix d'avance sur M. Obrador. Le porte-drapeau du Parti d'action nationale (PAN, droite) sera donc très certainement proclamé vainqueur d'ici au 6 septembre.
Cette décision ferme toute voie de recours à M. Obrador. Malgré ses ultimes appels à la résistance, le leader du Parti de la révolution démocratique (PRD) n'a plus guère de marge de manoeuvre. En se présentant à cette élection, M. Obrador en avait accepté les règles. Il n'a dès lors d'autre choix que de ruminer son échec et l'impréparation de son parti. Il se consolera avec le score historique réalisé (…)Lire la suite »
Le Courrier, samedi 19 Août 2006.
Dans l'est de la Bolivie, 3000 familles indigènes vivent sur des haciendas privées dans des conditions proches du servage. Des « communautés captives » emblématiques du gigantesque problème de la terre dont a hérité Evo Morales.
Une trentaine de cahutes émergent de la forêt. De bois et de paille, entre rivière et collines, Itakuatia a des airs de paradis originel. Pourtant, dans ce petit bout de Chaco [7], à cinq heures de Jeep de Camiri, la capitale pétrolière, guaranis et latifundiste [8]. jouent et rejouent un drame ancestral. Comme des dizaines d'autres communautés indigènes de l'est bolivien, les habitants d'Itakuatia vivent sur les terres d'une hacienda. Spoliés de leur territoire, endettés de père en fils auprès de leur karay (seigneur), harcelés par ses sbires, oubliés des autorités, les villageois n'ont d'autre choix que de vendre à vil prix leur force de travail. « On dit que nous sommes une 'communauté captive'... Je n'aime pas. Mais (…)Lire la suite »
Le Courrier, La Paz, mardi, 4 juillet 2006.
Un plébiscite. Les électeurs boliviens ont confirmé dimanche en masse leur soutien au Mouvement au socialisme (MAS) d'Evo Morales, envoyant une majorité d'élus du parti au pouvoir à la future Assemblée constituante. S'il n'a pas transformé en votes les 75% d'approbation populaire du président, le MAS dépasse nettement les 54% obtenus par M.Morales lors de son élection en décembre 2005. Il s'impose en outre comme le seul parti possédant une réelle assise nationale. Avec ses victoires dans les bastions de l'oligarchie bolivienne -Santa Cruz, Tarija et la circonscription résidentielle de La Paz- Evo Morales inflige un magistral camouflet à l'opposition. Agiter l'épouvantail d'une prétendue intrusion du président vénézuélien Hugo Chávez dans les affaires boliviennes ou afficher un mépris plus ou moins marqué envers les peuples andins ne suffit pas à fonder une politique.
A contrario, le succès des candidats du MAS témoigne de (…)Lire la suite »
Le Courrier, samedi 10 Juin 2006.
S'il a manqué la présidence, Ollanta Humala a ouvert la voie à une reconstructionde la gauche péruvienne.
La fin d'un cycle ? En cet automne austral, la victoire du conservateur colombien Alvaro Uribe et la défaite du nationaliste péruvien Ollanta Humala exhalent un parfum de revanche pour les tenants de l'orthodoxie libérale. Le courant progressiste, qui ne cessait de se renforcer dans le sud du continent américain depuis une dizaine d'années, commence-t-il à refluer ? Il est certain que les projets d'Hugo Chávez - qui s'était fortement investi dans la campagne de M. Humala - ont subi un sévère contretemps dimanche, avec la victoire d'Alan Garcàa. Après l'élection d'Evo Morales en Bolivie et le possible succès de la gauche équatorienne en octobre prochain, le président vénézuélien misait sur cet ancien militaire au discours sinueux pour compléter son alliance andino-amazonique. A mi-chemin entre Quito et La Paz, riche en minerais et (…)Lire la suite »