Je l’ai visitée. J’ai vu aussi bien d’autres choses au Xinjiang que nos médias ne peuvent écrire parce que Trump a demandé de parler plutôt du génocide des Ouïghours.
Mais, mister président, la population ouïghoure a plus que doublée en quarante ans et ils n’ont jamais été concernés par la politique de l’enfant unique. Trump donne un coup de poing sur la table et rugit entre ses dents : Ouïghours, génocide. Hong Kong, pro-démocratie. Toujours associer ces mots, compris ?
Chef, oui chef ! But, mister président, s’informent nos journaleux les plus fayots, on peut aussi parler de viol à la matraque électrique, de stérilisation forcée, de disparitions, de camps de concentration, de prélèvement d’organe sur des enfants, de cannibalisme ?
Yes, yes, very good, sauf cannibalisme, c’est trop tôt. On le garde pour le futur épisode des Ouïghours brûlés vifs, des nourrissons empalés pour le tourne-broche des barbecues des Han.
Digression
Vous ai-je déjà raconté qu’un jour, à l’époque où l’actuel maire de Béziers passait pour un défenseur de la liberté de la presse, je parlais de lui avec deux journalistes ? Je venais de publier mon livre-enquête « La face cachée de Reporters sans Frontières ». Les deux rivalisaient de vacheries sur Ménard. C’est à qui m’en dirait le plus de mal. Au bout d’un moment, je leur ai dit « Vous me racontez ça à moi, mais je le sais déjà ! Dites-le à vos lecteurs ».
Personne ne sait aussi bien que moi le bruit que fait un ange qui passe. Sur le Xinjiang, nous pourrions avoir la même discussion. Car nombre de journalistes, off the record, ne sont pas fâchés avec la vérité.
Revenons donc à nos Ouïghours et à la servilité de nos journaleux. Lequel va, le premier (et quand ?), dire que les médias « se sont emballés » sur le Xinjiang et que « certaines informations auraient mérité d’être vérifiées ? » (1).
En attendant, et pour dédramatiser, je vous propose ces photos dont la dernière nous montre une patrouille de policiers géants. Le plus grand est hilare, devant des fourmis qui sortent d’un mini bâtiment, une sorte de maison de poupée jaune. Ha !
Ainsi, nous apprenons ensemble les avantages de la contre-plongée et autres artifices photographiques pour qui veut mentir sans écrire.
Maxime VIVAS (Kamikaze).
Note (1). Je m’apprêtais à mettre cet article en ligne sur legrandsoir.info quand mon informateur préféré m’a téléphoné pour me dire qu’il m’avait envoyé un mail qui devrait m’intéresser. En effet, c’était un article (signé Mathilde Cousin) du quotidien 20 minutes (décembre 2019) qui dénonçait et démontait un faux grossier : une vidéo d’un policier chinois tabassant un Ouïghour, sauf que le policier n’était pas chinois et la victime n’était pas ouïghoure.
Cette vidéo est suivie d’une autre ou une jeune américaine récite sur TikTok les âneries (les « éléments de langage ») made in USA (1). C’est gros. Trop. Enfin on appréciera comment 20 minutes parle du Xinjiang : « Un million de Ouïghours, une ethnie turcophone musulmane de la province du Xinjang, se trouveraient dans des camps de « rééducation... » Admirons le conditionnel (« se trouveraient ») qui confesse que l’auteure a des doutes.
Donc « se trouveraient ». Et selon qui ? « Selon Amnesty International, ONG américaine [anti-chinoise, pro-dalaï lama. Note de MV]), Human Rights Watch, ONG contestée et suspecte et des défenseurs chinois des droits de l’homme ». Ces derniers sont des nébuleuses dont les dirigeants on trouvé un filon.
Au crédit de l’auteure, versons encore cette phrase : « Le gouvernement chinois conteste ce chiffre d’un million et parle de « centres de formation professionnelle » afin de lutter contre l’islamisme, le séparatisme et le terrorisme ». Non seulement elle donne aussi le point de vue chinois, mais elle indique à quoi est confronté le gouvernement de Beijing sous l’appellation officielle des « trois fléaux » : l’islamisme, le séparatisme et le terrorisme.
Il arrive parfois que la presse gratuite informe mieux que la presse vendue.
Maxime VIVAS
Note (1). La jeune fille parle (en fait, elle récite, plutôt bien, une leçon) de kidnappings, viols, assassinats, de conversions forcée à une autre religion, d’obligations de boire de l’alcool sous peine d’être tués. Certains de ceux qui sont mis dans des camps n’en ressortent pas vivants, c’est un autre holocauste. Quand, comme moi, on a vu la mosquée de Kashgar, une école coranique, un boutiquier prier dans son échoppe, on se dit qu’une telle litanie, de tels "éléments de langage" laissent penser que ces gens-là mentent sur tout.