RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Washington veut-il la guerre avec la Russie ?

Washington veut-il la guerre avec la Russie ? Si l’on revient sur les actions récentes des Etats-Unis concernant la crise ukrainienne, alors se pose clairement une question qui, il n’y a pas si longtemps encore, aurait semblé impensable. Le gouvernement Obama joue un jeu très dangereux de roulette russe.

Ces dernières 48 heures, le Pentagone a annoncé le déploiement d’unités de parachutistes américains en Pologne et dans les trois anciennes Républiques baltes de l’Union soviétique, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, amenant de ce fait les soldats américains à la frontière même de la Russie. Un autre navire de guerre américain a été envoyé dans la Mer noire et davantage de forces américaines seront déployées en Ukraine cet été, dans le cadre d’un exercice portant le nom d’Opération Rapid Trident.

Ces manoeuvres militaires de Washington se déroulent dans le contexte d’une crise aigüe au sein de l’Ukraine et qui, du fait des machinations de Washington et ses alliés fantoches, menacent de déclencher une guerre civile de grande envergure.

Moins d’une semaine après la signature d’une déclaration commune entre la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne à Genève promettant de mettre fin à toute violence en Ukraine et de désarmer les groupes illégaux, le régime fantoche des Etats-Unis à Kiev a donné l’ordre à son armée d’organiser une répression « anti-terroriste » contre la population russophone du sud-est industriel du pays. A cette fin, il a envoyé non seulement des soldats, des tanks et des avions de guerre mais aussi des gros bras armés du groupe néo-fasciste Secteur droit.

Le gouvernement Poutine à Moscou qui cherche désespérément à trouver un arrangement avec Washington semble tout juste prendre conscience de la sinistre gravité de la situation. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov a averti mercredi dans une interview en anglais sur la chaîne publique RT télévision que son gouvernement traiterait une attaque contre des citoyens russes en Ukraine comme une attaque contre la Russie. Il a cité, comme précédent, l’offensive d’août 2008 lancée par le gouvernement de Géorgie contre les Russes de l’Ossétie du sud, à laquelle la Russie avait réagi par une intervention militaire afin de repousser les forces géorgiennes.

L’implication que le gouvernement russe interviendrait militairement de la même façon pour empêcher les troupes ukrainiennes de massacrer des civils russophones de la région du Donbass doit être prise avec le plus grand sérieux.

Dans cet entretien, Lavrov a aussi fait remarquer, en référence aux actions du gouvernement de Kiev que « Les Américains sont aux commandes, et de très près. » C’est indiscutable. Le régime de Kiev lui-même est le produit d’une longue intervention américaine dans les affaires internes du pays, avec quelque 5 milliards de dollars de financement d’une soi-disant « promotion de la démocratie » injectés en Ukraine depuis la dissolution de L’Union soviétique en 1991.

Ces efforts ont culminé avec la fomentation, par la violence de rue, d’un mouvement d’opposition de droite pour déstabiliser le gouvernement aligné sur la Russie du président Viktor Ianoukovitch. Quand un accord a été trouvé entre l’opposition et Ianoukovitch, Washington a tout fait pour le saborder et pour que le président élu soit évincé par des forces paramilitaires fascistes.

Arseni Iatseniouk, premier ministre du régime qui a été mis au pouvoir par le coup d’Etat du 22 février conduit par des fascistes, a été rigoureusement sélectionné par des responsables américains qui parlaient de lui en utilisant le terme affectueux de « Iats. »

La personne clé de cette opération a été la sous-secrétaire d’Etat pour l’Europe et l’Eurasie, Victoria Nuland, ex-conseillère en politique étrangère du vice-président républicain Dick Cheney et épouse de Robert Kagan, directeur et fondateur du Projet pour un nouveau siècle américain. Elle a apporté à l’Ukraine et à la Russie la même politique de guerre d’agression qui avait été appliquée lors de l’invasion de l’Irak en 2003.

La manière dont Washington mène la danse a été démontrée de façon encore plus sinistre avec le lancement de la première opération « antiterroriste » avortée dans le Donbass tout juste après la visite secrète à Kiev de John Brennan, directeur de la CIA, puis sa reprise tout juste après la visite cette semaine du vice-président John Biden.

Du début jusqu’à la fin, la crise en Ukraine a été instiguée par l’impérialisme américain. Toutes les mesures prises par Washington ont pour but d’exacerber et d’intensifier cette crise. Plus cette crise dure et plus il devient évident que la politique américaine ne vise pas tant l’Ukraine que la Russie elle-même. Il semblerait que l’Ukraine ne serve qu’à fournir le prétexte d’une guerre avec la Russie.

Sans aller jusque là, cette crise serait utilisée pour contraindre Moscou à une capitulation humiliante qui ne ferait que préparer la voie à une agressivité redoublée visant à démembrer et transformer la Russie en une semi-colonie impuissante.

Ceux qui sont à la Maison Blanche et au Pentagone croient sans doute qu’un tel conflit n’irait pas jusqu’à une guerre nucléaire, mais qui sait ?

La menace d’une guerre des Etats-Unis contre la Russie se voit aussi dans le déluge de propagande de guerre qui est déversé sur la population. Vladimir Poutine est soumis au même type de diabolisation réservé auparavant à Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi, tandis que le Département d’Etat et ses scribes serviles du New York Times apportent des « preuves photographiques » de soldats russes en Ukraine, preuves qui ont toute l’authenticité des « preuves » du même ordre apportées sur les « armes de destruction massive » de l’Irak.

Qu’est-ce qui sous-tend cette campagne américaine pour la guerre ? Durant la période précédant la crise ukrainienne, Washington se révoltait de plus en plus face au rôle joué par Moscou pour bloquer les projets de guerre américains contre la Syrie et l’Iran, sans parler de l’asile accordé par Poutine au lanceur d’alerte de la NSA, Edward Snowden. Avant cela, il y avait eu le fiasco infligé par Moscou à Washington durant la guerre de 2008 lancée par la Géorgie, avec le soutien des Etats-Unis, contre l’Ossétie du sud. Les événements en Ukraine suggèrent que l’impérialisme américain s’est embarqué dans une stratégie visant à éliminer l’obstacle que représente la Russie dans sa campagne pour affirmer son hégémonie sur le Moyen-Orient et plus largement le territoire eurasien.

Il y a aussi des raisons internes qui poussent Washington à la guerre. Les contradictions sociales à l’intérieur des Etats-Unis ont atteint un degré d’intensité dangereux. Des masses de travailleurs continuent de faire les frais de la crise économique capitaliste, alors même que Wall Street récupère ses pertes de l’effondrement de 2008 et s’enrichit plus que jamais. De plus en plus, on montre du doigt les ultra-riches comme étant les responsables des inégalités sociales et de la pauvreté sans précédent qui règnent aux Etats-Unis.

Comme cela a si souvent été le cas par le passé, la guerre fournit un exutoire externe aux pressions sociales internes et au danger d’agitation sociale dans le pays. Dans le contexte d’une écrasante hostilité populaire à une intervention militaire, une chose est sûre : une guerre avec la Russie conduirait rapidement à la destruction de la Constitution, à l’abrogation des droits démocratiques, à l’interdiction de l’opposition politique et à une intensification massive des mesures d’Etat policier.

Le plus grand danger serait de sous-estimer la menace de guerre. Même si elle est évitée ou reportée pour le moment, les contradictions profondes du système impérialiste font de la catastrophe d’une Troisième Guerre mondiale nucléaire non pas juste un danger mais quelque chose d’inévitable.

Bill Van Auken

Article original, WSWS, paru le 24 avril 2014

»» http://www.wsws.org/fr/articles/2014/avr2014/pers-a25.shtml
URL de cet article 25342
   
« Cremada » de Maïté Pinero
Bernard Revel
Prix Odette Coste des Vendanges littéraires 2017 Maïté Pinero est née à Ille-sur-Têt. Journaliste, elle a été correspondante de presse en Amérique Latine dans les années quatre-vingts. Elle a couvert la révolution sandiniste au Nicaragua, les guérillas au Salvador et en Colombie, la chute des dictatures chiliennes et haïtiennes. Elle a écrit plusieurs romans et recueils de nouvelles dont « Le trouble des eaux » (Julliard, 1995). Les huit nouvelles de « Cremada », rééditées par Philippe (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Partout où l’antisémitisme n’existe pas, le sionisme le fabrique »

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.