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Un terrorisme d’état pire qu’un 11 Septembre.

Triste bilan pour le Proche-Orient en ce premier mois de l’année 2009. Jours et nuits, durant trois semaines, un déluge de feu s’est abattu sur le Camp concentrationnaire de Gaza, et le sang de ses habitants terrorisés est venu inonder un peu plus une parcelle de territoire qui en est déjà gorgé…

Les derniers jours de cette meurtrière agression, la gravité de la perversion qui anime la soldatesque israélienne et ses commanditaires aura été à son comble. Les cas de dérives se sont multipliés et attestent, s’il le fallait encore, du degré d’inhumanité qu’entretient tout esprit guerrier. Loin des cibles du Hamas comme se plaisent à l’ânonner les dirigeants israéliens et les hyènes qui leur tournent autour, tout ce qui bougeait et entrait dans le champ de vision des soldats, était pris pour cible. Selon le chef des services d’urgence à Gaza, sur les quelques 1330 victimes déclarées, plus des deux tiers se révèlent être des enfants, des femmes et des personnes âgées. Le nombre de blessés avoisine les 5300. Et des corps continuent à être découverts sous les ruines.

Bien qu’elle ait pris soin de renseigner les responsables militaires israéliens, l’UNRWA (l’agence de l’ONU en charge des réfugiés) a été visée à diverses reprises à travers ses écoles et ses bâtiments officiels servant d’abris aux familles dont l’habitation avait été détruite par les bombardements ; ses convois humanitaires, ses ambulances et son personnel médical ont été pris pour cibles ; quelques jours avant le cessez-le-feu, c’est carrément son quartier général et un précieux entrepôt de denrées alimentaires et de médicaments qui sont partis en fumée. Même la Croix Rouge dont on connaît l’habituelle retenue, a dénoncé le drame humanitaire sans précédent rencontré dans ce moignon de territoire, et expliqué les multiples obstacles posés par l’armée pour empêcher de secourir les blessés. Ainsi de ces quatre enfants retrouvés après plusieurs jours, gisant sur un matelas, hagards et affamés, incapables même de se lever seuls, accrochés aux corps de leurs mamans respectives, toutes, mortes…

Les plus hauts représentants du gouvernement israélien n’ont cessé de baver à la presse avec une indifférence proche de l’autisme qu’il n’y avait aucune crise humanitaire à Gaza, quand l’ONU déclarait que 750.000 personnes étaient sans eau et 1.000.000 privés d’électricité, après un blocus qui dure depuis près de deux ans. Le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU a adopté une Résolution à Genève qui « condamne vigoureusement l’opération israélienne » à Gaza se traduisant par des « violations massives du Droit humanitaire ». Même la trêve de trois heures par jour, acceptée sous la pression internationale après le début de cette déferlante n’a été respectée par l’armée israélienne qu’une poignée de jours, et du personnel médical international arrivé via la frontière égyptienne confirmait que les bombardements étaient incessants.

Le pire est probablement venu du témoignage accablant d’un enfant d’une dizaine d’années - corroboré par d’autres - allongé sur une civière et dont le visage blessé et contusionné balbutiait les conditions dans lesquelles un massacre (de plus !) s’était perpétré. Témoignage confirmé aussi par l’OCHA (l’office de l’ONU pour la coordination humanitaire). Le lundi 4 janvier à Zeitoun, l’armée israélienne a rassemblé en les battant 110 habitants d’un quartier (dont la moitié était des enfants) pour les enfermer dans une pièce, sans nourriture, sans eau et sans électricité. Le lendemain, ils les ont bombardés à plusieurs reprises. Trente d’entre eux sont morts. Les autres pour la plupart, sont blessés, parfois gravement au point de rester handicapés à vie. Le gouvernement coupable de tels crimes pourra toujours tenter d’expliquer à un tribunal international qu’il s’agissait-là de cibles du Hamas. Si nos valeurs ont encore un minimum de fondement, et si le mot justice représente encore un timide espoir pour l’humanité, les responsables de tels actes doivent être jugés et condamnés pour crimes contre l’humanité. Outre le fait de nous rappeler de sombres souvenirs, ces pratiques nous indiquent que les allégations du gouvernement israélien sont, comme toujours, fausses et mensongères quant aux objectifs poursuivis.

Israël a voulu démontrer la puissance des frappes chirurgicales de son armée exemplaire… Les images que nous en retiendrons nous auront surtout montré son désarroi face à une résistance dont elle n’arrive pas à bout. Et même si les plus hauts responsables israéliens se gargarisent du succès de l’opération PLOMB DURCI - ce qui n’est pas le cas puisque la résistance palestinienne peut toujours envoyer ses roquettes vers Israël - nul doute que cette opération ratée aura sérieusement et définitivement pris du PLOMB DANS L’AILE sur le terrain médiatique tant elle participe à l’écoeurement et au dégoût de l’ensemble des peuples de la planète.

Nos plus hautes instances toujours très sûres d’elles-mêmes dans la distribution des bons et des mauvais points devraient peut-être méditer quelques chiffres pour prendre toute la mesure du massacre qui vient de se produire à Gaza, en le transposant simplement à l’échelle des USA : les 1330 victimes palestiniennes correspondraient à 265.000 Américains tués, et les 5300 blessés, à plus d’un million ! Autrement plus grave que le 11 septembre qui a remué la planète de fond en comble par ses lois anti-terroristes et ses pratiques liberticides, et a fait dire aux plus aliénés que nous étions « tous Américains » ! On aimerait entendre les mêmes dire aujourd’hui que nous sommes tous Palestiniens, et les voir agir de manière ferme et déterminée pour contraindre Israël à se conformer au Droit international par tous les moyens.

Si les dirigeants européens avaient le courage et l’honnêteté de regarder la réalité en face, l’évidence d’avoir un langage et un comportement clairs leur apparaîtrait d’emblée comme les meilleurs garants de la pérennité même de nos démocraties, et leur indiquerait d’arrêter toute compromission avec les criminels, quels qu’ils soient. C’est ce double langage de ceux-là mêmes qui martèlent tout faire pour éviter d’importer le conflit chez nous, qui y participe. Et autorise aujourd’hui les responsables israéliens à déclarer le plus naturellement du monde que la prochaine réaction de l’armée « sera disproportionnée » alors même que le décompte des victimes précédentes n’est pas encore achevé ! Encore et toujours, ce sont bien nos comportements politiques ambigus qui sont coresponsables du drame palestinien.

Daniel Vanhove
Observateur civil
Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes - 2004
La Démocratie Mensonge - 2008
Aux Ed. Marco Pietteur - Coll. Oser Dire

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Si vous détruisez nos maisons vous ne détruirez pas nos âmes
Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos (…)
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Le fait est que les slogans du type "soutenons nos soldats" n’ont aucun sens... Et c’est tout l’objectif d’une bonne propagande. Il vous faut créer un slogan auquel personne ne s’oppose, et tout le monde y adhérera. Personne ne sait ce qu’il veut dire parce qu’il ne veut rien dire. Son importance réside dans le fait qu’il détourne l’attention d’une question qu’il aurait fallu poser : soutenez-vous notre politique ? Mais ça c’est une question qu’on n’a pas le droit de poser.

Noam Chomsky

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