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Twitter & Facebook : Armes de démocratie massives

Libres. Réellement libres sont les mots qui vont suivre et se propager à travers cette interface virtuelle qu’est votre écran. Leur unique prétention réside dans l’espoir d’attirer l’attention de celui qui leur insufflera la vie. Car ils se veulent l’écho de ma voix et de celles de leurs lecteurs, conjuguées au présent mais propulsées vers le futur. Peu importe les personnes ou les intérêts qui se cachent derrière les dénominations de "Twitter" et de "Facebook", je les ai choisies pour simplifier et personnifier le raisonnement. Le fait est que c’est grâce à cet espace virtuel que votre lecture anime ces mots auxquels vous faites honneur et permettez d’exister. Le fait est que grâce aux réseaux sociaux, aux sites de partage de vidéos, aux blogs et aux médias participatifs, les vraies informations nous parviennent avant les dépêches de l’AFP, de Bloomberg, de Reuters ou d’autres agences de presse internationales, majoritairement gangrenées par la main mise des pouvoirs exécutifs, qu’ils soient publics ou privés. Le fait est que les peuples qui se sont mobilisés, se mobilisent à l’heure où j’écris ces lignes et se mobiliseront encore lorsque vous les lirez, trouvent dans ces outils leurs armes d’expression, de communication et de libération massives. Le web 2.0 est et sera le vivier des révolutions du 21è siècle.

Les détenteurs historiques du pouvoir d’informer ne dorment pas sur leurs deux oreilles, quoi qu’ils en disent. Leurs sempiternelles tentatives de dénigrement ne feront pas le poids. Les jours de la médiation - si chère aux milieux rédactionnels - sont comptés. Fini l’hégémonie journalistique postmoderne. Les clones de Big Brother ont germé en chacun de nous. Et même si les conservateurs s’assoient sur leur part de marché, le jour viendra où ils auront le cul par terre. Pour l’heure, ils sont déboussolés, pervertis à souhait, ils parlent d’information travestie, convaincus sans doute de la rigueur de leur métier et de leur intégrité. Serviteurs de la pensée unique, c’est de confiance en eux dont ils manquent, celle-ci se dissipe au fur et à mesure que celle que nous leur accordons se perd. Internet est un outil dont les usages sont à l’image de l’humanité, avec ses anges et ses démons. En revanche, il m’apparaît indiscutable que le monopole d’une élite relève de tout sauf de la nature humaine. La différence réside dans sa capacité à manipuler les masses. A l’aube du 21è siècle, à l’heure où la diabolisation, la peur, et la désinformation ravagent plus que jamais le monde - pour ne bizarrement profiter qu’à quelques privilégiés - internet n’est certainement pas un danger, c’est un outil qui a le mérite de permettre l’accès à une conscience collective, quoi que puissent en dire les éternels coincés de la déontologie. La vraie question à se poser, c’est de savoir à qui profite le fait qu’internet, Twitter, Youtube ou Facebook soient soumis à des règlements délimitant le champ d’action des utilisateurs. A croire que ce qui fait peur aux pouvoirs, dans l’état législatif actuel, c’est qu’internet est idéologiquement incontrôlable.

Aujourd’hui, l’info se faufile dans tous les recoins. La multiplicité des témoignages ne peut être que bénéfique. Un envoyé spécial ou un reporter classique ne peuvent pas être partout à la fois et surtout, leurs rapports d’actualité ne seront jamais aussi crédibles que ceux du peuple. Les tweets, les murs virtuels ont également la fonction de servir à diffuser, recevoir, commenter, entrecouper, remettre en question, analyser et vérifier les informations sur les faits que les médias mainstream nous balancent. Lorsque les citoyens d’un pays sont coupés du monde, c’est encore l’ultime moyen de maintenir le contact entre eux et d’avoir une idée plus ou moins proche de la réalité, ce qui est loin d’être le cas avec les adeptes de la propagande ou du silence. Mais on ne peut humainement se résigner car tant qu’il y aura des hommes, il y aura de l’espoir. La vérité est toujours plus forte que l’omerta, l’histoire récente le prouve. Si, par le passé, le délai nécessaire pour la dévoiler au grand jour était parfois très long, aujourd’hui il s’est réduit à ce qu’on appelle l’instant. Ce constat additionné à l’augmentation du potentiel de témoignages est une révolution en soi et nous en sommes tous les acteurs. Bien que la majorité d’entre nous ne publie pas ou très peu d’infos, elle a néanmoins la possibilité de la lire, de la voir, de la critiquer, de la juger et de la partager. Tweeter et Facebook, c’est la possibilité pour chacun de s’exprimer. Dès lors que nous avons accès à internet, ne sommes nous pas égaux face à nos écrans ? La véritable puissance de l’info, c’est tout simplement nous, les utilisateurs.

La démocratie ne consiste t-elle pas à garantir la liberté d’expression ? La réponse semble évidente à première vue, mais elle l’est beaucoup moins lorsqu’on y regarde de plus près. Les 24 et 25 mai dernier par exemple, juste avant le sommet du G8 des 26 et 27 mai, Nicolas Sarkozy a convié les dirigeants des grandes multinationales de la toile à un sommet quelque peu informel, le eG8. Google, Facebook et Wikipedia entre autres y étaient représentés. Officiellement, le but de ce forum était d’entendre leurs propositions et leurs idées sur le futur d’internet. Mais personne n’est dupe, en filigrane ce sont les potentiels de collaboration et de convergence d’intérêt dont il est question. Dans son discours, emprunt d’une rhétorique insipide et provocante au regard des exactions commises en Libye, en Côte d’Ivoire ou ailleurs, Nicolas Sarkozy plaide la non transparence et la réglementation de l’utilisation de la toile. Il défend l’idée du besoin, pour le bien de l’humanité cela va sans dire, d’instaurer un cadre légal, et cela au nom de la défense et de la protection des pauvres internautes en danger. Pour être clair, le Président de la République Française nous annonce, au nom de sa bande de copains du G8 ne l’oublions pas, que la liberté des utilisateurs doit être réduite dans le but d’être garantie. Et le pire, c’est qu’il brandit le drapeau de la protection de la vie privée pour appuyer sa bonne foi. Alors soit nous sommes dangereusement naïfs, soit l’idéologie qui nous gouverne est le pire prédateur que nous ayons jamais connu. Mais peut-être est-il seulement sincère ? Je vous rappelle que le sens du mot "privé" est double. Il peut à la fois désigner le citoyen, comprenez l’état, et la personne morale, c’est à dire une entreprise commerciale. Je qualifierai ce double langage de miroir de l’argumentation. Encore récemment, je le cite : "rien ni personne ne pourra empêcher l’instauration d’un nouvel ordre mondial" , ou encore mieux : "l’homme n’est pas une marchandise comme les autres" . A vous de juger de la pertinence des messages adressés à l’humanité par l’hôte du Club restreint des grandes puissances monétaires de la planète.

Autre exemple révélateur dans l’actualité, l’affaire DSK. Les directs TV ou radio traditionnels ont perdu leur hégémonie médiatique. Lorsqu’il n’y a plus de filtre, le virtuel devient le direct en direct du réel. Plus de présélection ou d’adaptation, plus de silence complice ni de manipulation. L’information est instantanée et imprévisible. Il n’y a qu’à leur prêter l’oreille pour entendre leur gémissements ou leurs plaidoiries hasardeuses : transgression de la confidentialité, médiatisation à outrance, respect et protection de la vie privée, etc. Tout un tas de prétextes pour imposer et légitimer des mesures de répression ou des tentatives de contrôle de la toile. Via Twitter, Facebook, Youtube ou Dailymotion, on apprend l’existence des évènements, ensuite on peut faire nos recherches et s’informer sur les faits. Ce qui dérange les journalistes, les chaînes de télévision et les gouvernements, c’est l’idée de perdre leur pouvoir de contrôle sur les lignes éditoriales mais aussi celui de posséder des sources exclusives et expansives. Serait-ce le début de la fin pour la pensée unique ?

Ce qui accroît la méfiance et le repli sur soi de nos vénérés autorités médiatiques, politiques et économiques, c’est l’arme du suiveur et son incroyable effet boule de neige. C’est le monde et sa pluralité qui se mélangent, des commentateurs non professionnels, des journalistes, des anonymes, Monsieur tout le monde, des gens de toutes origines, de tous pays, de toutes philosophies, cultures, c’est l’ouverture totale. C’est la dispersion de l’information qui rend Twitter, Facebook et internet redoutables et redoutés. La Bête, comme certains l’appellent est devenue indomptable. Les mauvaises langues veulent nous faire croire qu’internet est une jungle, avec des prédateurs et des proies. Ce qui est évidemment une fausse représentation de la réalité. On sait pertinemment que la vérité se galvaude, s’interprète, se dissimule, se travestit, se déforme. Mais on sait aussi que c’est son essence même. Qui ne prêche pas le faux pour s’en rapprocher ? Les secrets du palais ne le sont plus désormais, puisque le sujet y a accès. L’information doit être libre et plus on voudra la maîtriser, plus on voudra la libérer. C’est instinctif, vital même. La conscience a besoin d’air pour s’épanouir. Tenter de l’enfermer dans un enclos idéologique est voué à l’échec. Aujourd’hui c’est le partage, l’échange qui priment. Fini l’unilatéralité de l’information. Le temps et la distance n’ont jamais réellement été contrôlés par l’homme, bien qu’il s’acharne aveuglément. Inexorablement. Perpétuellement. Les volontés politiques de revoir la structure même d’internet, parce qu’elle menace leur capacité de contrôle sur les masses, est tout simplement inhumain. Voilà pourquoi le 4è pouvoir devrait s’atteler à rédiger son testament. Twitter et Facebook, ce sont des milliards de vérités que par essence révèlent des milliards de voix. C’est l’anti pensée unique par définition. De par son pouvoir de partage de visions, de savoir, d’émotions, de témoignages, internet a paradoxalement des vertus, c’est une sorte de réseau en mouvement relatif permanent. Le symbole de l’anti inertie de notre siècle. Le monde bouge et dans le fossé qui se creuse sans cesse entre riches et pauvres, entre gouvernants et gouvernés, une des seules réelles chances qu’il nous reste, c’est paradoxalement la possibilité de s’enrichir et de s’organiser à travers cet outil virtuel et le partage qu’il permet. Twitter, les médias participatifs, les blogs, Facebook et autres supports contribuent à la naissance d’une intelligence collective. Les cerveaux et les consciences se connectent et créent des synergies, des liens, quel que soit la thématique. Cela permet de suivre des gens qui s’intéressent à des sujets qui nous passionnent, ce qui de tweet en tweet, d’article en article, de vidéo en vidéo, etc. nous aide à nous forger une vision critique des enjeux du monde qui nous entoure.

La preuve, c’est qu’internet et les réseaux sociaux ne sont pas épargnés par la censure. Chaque jour, des comptes ou des pages sont supprimées pour éviter que des mouvements non désirables ne se forment. Rien ne sert de crier à la condamnation ou de perdre son temps à se complaire dans la victimisation. Parce que de toute manière, rien ne pourra y faire, la voix du peuple et les milliards de connexions se renforcent et s’organisent un peu plus à chaque seconde qui passent, de telle sorte qu’aujourd’hui un retour en arrière est impossible. La preuve en est l’ampleur des mouvements dans le monde Arabe, en Espagne à présent et, qui sait, en France et ailleurs plus tard. S’agit-il vraiment des prémices d’une révolte envers le projet de nouvelle gestion mondiale de l’ordre du même nom ? Je l’espère. Mon intime conviction est qu’aucun homme, aucun groupe, aucune alliance n’arrivera jamais à dominer l’humanité car la voix du peuple est par essence insaisissable. C’est donc à vous, concitoyens, lecteurs, internautes, que je m’adresse pour relayer ma modeste voix. Nous avons besoin les uns des autres pour défendre et diffuser nos idées, afin de reconquérir notre liberté. C’est pourquoi la dernière goutte que ce buvard va absorber ne peut être que la suivante :

Tweetez et partagez ce manifeste sur Facebook et ailleurs !

Badi BALTAZAR

www.lebuvardbavard.com

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