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Terrorisme : lettre de juillet à Obama

Monsieur le Président,

Une découverte macabre a été faite il y a deux mois dans la commune argentine de Virreyesú. Les ossements humains, retrouvés dans un baril de ciment, ont été identifiés. Il s’agit des restes du diplomate cubain Jesús Cejas Arias, disparu en août 1976 sous la dictature de Jorge Varela. Cet homme avait disparu en même temps que son collègue Galañena Hernández. Les restes de Galañela Hernández avaient été retrouvés et identifiés en 2012. Ils se trouvaient aussi dans un baril de ciment.

Ces deux jeunes diplomates Cubains de 22 et 26 ans avaient été séquestrés dans le centre clandestin de l’Opération Condor de Buenos Aires, Automotores Orletti. Votre concitoyen Guillermo Novo Sampol, membre de la sinistre organisation CORU créée par Orlando Bosch, était venu spécialement des Etats-Unis pour participer à un interrogatoire musclé de ces deux Cubains. Tortures, assassinats, la suite, nous la connaissons, hélas.

Galañena Hernández
Jesús Cejas Arias

Orlando Bosch et son acolyte Luis Posada Carriles sont des terroristes tristement célèbres. Ils ont été les concepteurs du sabotage de l’avion de la « Cubana de Aviación » qui a explosé en vol le 6 octobre 1976, faisant 73 victimes. Ils ont trempé dans de très nombreux attentats.

Orlando Bosch

Toute l’histoire de la révolution cubaine est marquée d’assassinats, de sabotages, ou d’attentats menés par des groupes terroristes anticastristes de Floride, comme la CORU et bien d’autres, encouragés, voire payés par la CIA.

Posada Carriles - un héros à Miami

Les attentats se sont multipliés au début des années quatre vingt dix contre des infrastructures touristiques de La Havane. C’est la raison qui a amené les agents du réseau « Avispa » à venir infiltrer les milieux terroristes de Miami. Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González, « les Cinq » comme on les appelle, faisaient partie de ce réseau « Avispa ».

Les Cinq ont été arrêtés à Miami en septembre 1998 par Hector Pesquera, chef du FBI de Sud Floride.

Lors du Sommet de l’Amérique Latine de 2000, Posada Carriles, avec l’aide de trois complices (l’un d’eux était Guillermo Novo Sampol), avait projeté de faire sauter l’amphithéâtre de l’université de Panama où devait intervenir le Président Fidel Castro. Un effroyable carnage avait pu être évité de justesse, grâce à des agents qui avaient pris la relève des Cinq. Posada Carriles et ses complices avaient été arrêtés puis condamnés à Panama.

Ed Pesquera, agent du FBI, en digne fils d’Hector avait donné l’ordre, en août 2003, de passer à la broyeuse tous les documents originaux du dossier de Posada Carriles conservés dans les locaux du FBI de Miami. C’était peu avant le jugement de ce dernier à Panama. Les tribunaux exigent en effet les originaux des documents, et non des copies ou des fac-similés.

La présidente du Panama Mireya Moscoso avait fait scandale en 2004, en graciant Posada Carriles et ses trois complices dont six jours avant la fin de son mandat. Ils s’étaient enfuis de Panama à bord de deux jets privés avec la complicité de l’ancien directeur de la Police Nationale, Carlos Barés, du sous-directeur du Service d’Immigration Javier Tapia, et du chef de la Direction d’Intelligence et d’Information de la Police (DIIP), Arnulfo Escobar.

Orlando Bosch est mort en homme libre il y a deux ans à Miami, Luis Posada Carriles se pavane toujours librement sous le soleil de cette ville, mais quatre des Cinq sont toujours emprisonnés aux Etats-Unis.

La situation des Cinq est une injustice qui révolte les humanistes du monde entier. Au début du mois dernier vous avez dû entendre, Monsieur le président, cinq jours durant, résonner à Washington les voix de vos compatriotes réclamant leur liberté. Parmi elles, celle de Dolores Huerta. Cette femme courageuse, que vous avez décorée l’an dernier de la médaille de la Liberté, défend les droits des immigrants.

La révérente Joan Brown Campbell, qui représente le Conseil Général des Eglises des Etats-Unis, le 31 mai dernier, s’est déplacée à La Havane. Elle souhaite aider à un dénouement heureux de l’affaire des quatre Cubains, comme de celle de votre compatriote Alan Gross. Après avoir rencontré les familles des Cubains, elle a déclaré qu’il était temps de mettre un terme à cette histoire.

Vous ne pouvez plus attendre pour libérer ces Cubains, Monsieur le Président. Vous avez le pouvoir de tourner cette page de l’histoire de vos deux pays. Cuba et les Etats-Unis doivent vivre dans le respect mutuel, la paix et la fraternité.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie

à

Monsieur le Président Obama
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
USA

Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Kathryn Ruemmler, Janet Napolitano, à Messieurs. Joe Biden, John F. Kerry, Harry Reid, Eric Holder, Denis MacDonough, Pete Rouse, Rick Scott, et Charles Rivkin, ambassadeur des Etats-Unis en France.

EN COMPLEMENT

Message au peuple des Etats-Unis

Nous sommes cinq Cubains loyaux envers notre peuple. Pendant 33 mois et 5 jours nous avons supporté l’enfermement rigoureux dans les cellules d’une prison d’un pays étranger dont les autorités sont hostiles au nôtre. Nous avons été jugés au terme d’un long et scandaleux procès, au cours duquel ont été utilisé des procédés, méthodes et objectifs à caractère éminemment politiques, le tout sous un déluge de propagande mal intentionnée et frauduleuse. Aussi, avons nous décidé de nous adresser directement au peuple Nord américain pour lui faire savoir que nous avons été victimes d’une colossale injustice.

Nous avons été accusés d’avoir mis en péril la sécurité des Etats-Unis, on nous a imputé de lourdes charges, y compris des délits comme la conspiration en vue d’assassinat, lesquels, du fait de leur fausseté, n’ont été ni ne seront jamais prouvés, et pour lesquels nous avons été condamnés à des décennies de prison, voire à perpétuité.

Un jury constitué à Miami, ceci explique cela, nous a déclarés coupables de toutes les charges qui nous ont été imputées.

Nous sommes des patriotes cubains qui n’avons jamais eu la moindre intention de nuire aux valeurs du peuple nord américain, ni de porter atteinte à son intégrité ; toutefois, notre petit pays, qui héroïquement a survécu pendant 40 années à des agressions et des menaces contre sa sécurité, à des plans de subversion, des sabotages, et à la déstabilisation interne, a le droit de se défendre de ses ennemis qui depuis le territoire nord américain planifient et financent de violentes actions terroristes, violant leur propres lois internes qui interdisent de tels actes.

Nous avons droit à la paix, au respect de notre souveraineté et de nos intérêts les plus sacrés.

Nous avons vécu dans ce pays plus de quatre ans, et nous nous sommes toujours demandé pourquoi nos deux peuples ne pouvaient vivre en paix, pourquoi les intérêts mesquins d’une extrême droite, voire de groupes ou organisations terroristes d’origine cubaine, pouvaient raréfier l’atmosphère entre nos deux peuples qui, par leur proximité géographique ont la possibilité d’entretenir des relations de respect mutuel et d’égalité.

Pendant nos jours passés en prison, nous avons réfléchi à notre conduite dans ce pays, et nous réaffirmons notre plus intime conviction qu’à travers notre attitude et nos actions nous n’avons pas transgressé ni mis en péril la sécurité du peuple nord américain, mais qu’au contraire, nous avons contribué d’une certaine manière à mettre à jour des plans et actions terroristes contre notre peuple, évitant la mort de citoyens innocents, cubains et nord américains.

Pourquoi faut-il que des patriotes cubains soient obligés d’accomplir l’honorable devoir de protéger leur pays loin de leurs familles et des êtres qui leur sont les plus chers, et dans l’impossibilité de jouir de la convivialité quotidienne de leur peuple ?

Pourquoi les autorités des Etats-Unis tolèrent-elles les atteintes contre notre pays, ne recherchent ni n’adoptent de mesures contre les plans terroristes que Cuba a dénoncés, ni n’évitent les nombreux plans d’attentats contre nos dirigeants ?

Pourquoi les auteurs avoués de l’un ou l’autre de ces actes terroristes circulent-ils librement au sud de la Floride, comme cela a été prouvé au cours du procès ?

Qui sont les instigateurs et ceux qui autorisent ces plans ?

Qui sont ceux qui portent véritablement préjudice à la sécurité des Etats-Unis ?

Ce sont les groupes terroristes d’origine cubaine et leurs mentors économiques et politiques nord américains, ceux qui érodent la crédibilité de ce pays, ceux qui donnent de cette nation une image de sauvagerie et à ses institutions un comportement inconséquent, préjudiciable et peu sérieux, incapable de se conduire avec discernement et de façon sensée face aux problèmes qui touchent Cuba.

Ils veulent maintenir d’actualité l’histoire des invasions, des sabotages, des agressions biologiques ou autres du même genre. Ils luttent pour créer des situations qui provoquent de graves préjudices à notre peuple.

Le résultat de ces agressions dans notre pays entre 1959 et 1999 a été que 3478 personnes ont trouvé la mort, 2099 sont restées handicapées, sans compter le coût matériel élevé.

Ils continuent à développer des campagnes de propagande pour discréditer l’image de Cuba aux Etats-Unis, et essaient d’empêcher sous divers prétextes, au moyen de lois et de régulations, que les Nord américains ne voyagent librement à Cuba et n’ évaluent la situation réelle du pays. Ils font aussi obstacle à la coopération sur des sujets d’intérêts mutuels comme la lutte contre l’émigration illégale ou le trafic de drogues qui affecte tant la population des Etats-Unis.

A cela s’ajoute la constante demande de fonds nouveaux et toujours plus importants pour financer les activités contre Cuba, au grand dam des contribuables. D’énormes sommes d’argent sont allouées à des transmissions de radio, de télévision, et à leur financement pour émettre dans l’île, au détriment de leur utilisation pour affronter les problèmes sociaux qui affectent les propres citoyens nord américains.

Il y a des indices récents de l’influence et des pressions que ces groupes exercent sur la communauté de Miami, ses agences gouvernementales, y compris le système judiciaire.

Le plus grand service que l’on puisse rendre au peuple nord américain est de le libérer de l’influence de ces extrémistes et terroristes qui font tant de mal aux Etats-Unis en conspirant contre ses propres lois.

Nous n’avons jamais rien fait pour de l’argent, nous avons toujours vécu modestement et humblement, à la mesure du sacrifice que réalise notre peuple.
Un fort sentiment de solidarité humaine, d’amour envers notre patrie et de rejet pour tout ce qui ne respecte pas la dignité humaine a été notre guide.

Nous, accusés dans cette cause, ne regrettons pas le sacrifice réalisé pour défendre notre pays. Nous nous déclarons totalement innocents. Ce qui nous soutient est le sentiment du devoir accompli envers notre peuple et notre patrie. Nos familles comprennent la portée des idées qui nous ont guidés et se sentiront fières de notre apport à l’humanité dans cette lutte contre le terrorisme et pour l’indépendance de Cuba.

René Gonzalez, Ramón Labañino, Fernando Gonzalez Llort, Antonio Guerrero, Gerardo Hernández.

Documents joints
Déclassifié : Orlando Bosch, l’auteur de l’attentat contre un avion de ligne cubain...
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Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

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