Cet article est très discutable, à la limite de l’indécence.
Mais qu’en est-il vraiment, sur le terrain ? Que se passe-t-il, en Syrie, depuis deux ans ? Dans la réalité, c’est la souffrance, au quotidien, la mort, au coin de la rue. La réalité, c’est que la Syrie est un pays, qui subit une agression délibérée, de la part d’une coalition, qui ne se cache même plus, sous des faux-semblants.
Ce n’est plus un mystère pour qui que ce soit. Si, au début, il était encore possible, pour certains, d’hésiter ou de croire aux manifestations pacifiques, réprimées dans le sang, au soulèvement spontané, pour chasser une dictature, à la férocité d’un régime opprimant et massacrant son peuple, aujourd’hui, rien de tout cela ne tient plus. Toutes les argumentations qui furent les causes du chaos, apparaissent, pour ce qu’elles ont toujours été : de la propagande.
Y compris, pour ceux qui les brandissent encore, soit pour justifier leur engagement, soit par habitude, soit encore, pour ne pas avoir à reconnaître de s’être fait manipuler, comme des enfants.
L’agression est, désormais, avérée. Les agresseurs se sont démasqués, un à un. Les buts poursuivis semblent se dessiner, même s’il est encore difficile d’en cerner les contours. Mais malgré cela, les gesticulations continuent. Les fausses réunions, les fausses candeurs, les fausses déclarations, battent leur plein, comme aux premiers jours. Ca ne trompe plus personne, mais on fait comme si. Rien d’étonnant alors, si le ministère russe des Affaires étrangères ferme son téléphone à toutes ces simagrées.
Il n’est pas étonnant, non plus, de voir la Syrie et l’Iran, concentrés plus que jamais, sur la fin de cette zizanie. Tous semblent dire : « Assez. On ne joue plus. Si vous voulez discuter, sérieusement, on est prêt ; sinon, " allez vous faire voir".
En effet, tous savent, maintenant, comment ce conflit finira et comment y mettre un terme. Il est évident, pour tout le monde, que les terroristes, quels que soient leur armement et leur financement, ne parviendront jamais à gagner contre tout un peuple, qui, maintenant, fait bloc, autour de son gouvernement et de son armée de conscrits.
Ce ne sont pas quelques exactions de plus ou quelques tueries ou sabotages supplémentaires, qui changeront la donne. Ici, nous ne pouvons que nous remémorer la déclaration de Serguei Lavrov, avant même la déferlante djihadiste : « même si vous les armez jusqu’aux dents, ils ne viendront pas à bout de l’armée syrienne », avait-il dit.
Cela montre bien la détermination russe, depuis le début, et surtout, met en relief une réalité, que, seuls, les aveugles ne pouvaient ou ne voulaient pas voir. Du côté du gouvernement syrien, il est devenu clair que la victoire ne sera jamais militaire, surtout, quand l’argent et les armes continuent à couler à flot, pour entretenir le terrorisme.
Quels que soient les exploits de l’armée, la solution ne pourra se trouver qu’à travers les négociations. En attendant, il faut tenir, rendre coup pour coup et même plus. La Syrie a tout ce qu’il faut pour cela, malgré les tentatives maladroites d’embargo, l’arme suprême des atlantistes. Cette fois, cette arme, autrefois, redoutable, a fait long feu. Même si les Syriens en souffrent, elle n’a pas affaibli l’économie, au point d’influer sur les capacités de résistance du pays. C’est une première, mais une première, qui laisse augurer que les prochains embargos, en tant qu’armes subversives, n’auront plus les effets d’antan, comme ceux constatés, pour l’Irak, par exemple.
La Syrie a donc de quoi tenir. Les agresseurs ont fini par en prendre conscience. Nous n’avons déjà plus cet obsédant refrain « Bachar al-Assad doit partir », refrain chanté, sur tous les tons, et ponctuant chaque discours, rappelant, étrangement, l’obsession de Caton, pour Carthage. La tendance est, désormais, à la sortie de la crise.
Mais comment ? Des sommes énormes et beaucoup d’espoir ont été investis, dans ce conflit. Des dindons de la farce, il y en aura, forcément, mais personne n’a envie d’en être. D’où quelques tergiversations, et même, parfois, de l’animosité entre certains des partenaires.
Le torchon brûle, en quelque sorte. Il ne faudra donc pas s’attendre à un arrêt immédiat du chaos syrien. Il y aura, d’abord, d’âpres discussions et tractations entre les membres de la coalition des agresseurs, pour que chacun puisse retirer ses billes, sans trop de pertes et la tête haute, si possible. Ensuite, seulement, le vrai débat sur la fin des hostilités sera engagé. Pendant ce temps, nous aurons droit à notre lot quotidien de morts, de massacres, d’attentats, de prises et reprises, de nettoyages, de saisies d’armes… Show must go on, pour nous, mais, pour les Syriens, c’est la tourmente et le chaos qui continuent.