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Sur les Grands Boulevards de la Solidarité

tableau : Van Gogh

Il fait bon flâner sur les Grands Boulevards de la Solidarité. Les rencontres que l’on y fait sont d’une qualité et d’une intensité rares. Individus ou groupes, nos chemins se croisent, se séparent, se retrouvent un peu plus loin...

Quand il fait beau, il arrive qu’il y ait du monde sur les boulevards. Alors c’est la foire et on y trouve de tout : couvertures médiatiques, discours en bois massif patinés "moderne". Tout ceci a un charme fou mais gare à l’arnaque ! Tiens, aujourd’hui c’est la solidarité avec les SDF. Hier, c’était l’Afghanistan en alternance avec la Somalie. Pour la Palestine, c’est prévu, mais bon, c’est compliqué.

Légèrement à l’écart, nous restons plantés là comme des lampadaires à observer tout ce remue-ménage. C’est toujours dans ces moments-là que surgit un maître à penser qui promène son toutou. Celui-ci, instinctivement, lève aussitôt la patte sur nous pour soulager sa (bonne) conscience. "Faudrait leur apprendre le caniveau !" râle Jojo (un copain).

Jojo, pour ça, il est très propre.

Quand le temps se gâte, les boulevards redeviennent calmes. Alors nous nous faisons tout beaux, tout propres et tentons un petit porte-à -porte idéologique. "Bonjour, c’est pour la solidarité avec Cuba..." Et Vlan ! la porte qui claque. Nos bonnes manières nous interdisent de répéter le propos de Jojo dans ces cas, mais sachez toutefois qu’il est passé maître-ès-bras d’honneur.

Jojo, pour ça, il n’est pas très cool.

Il arrive que parfois, après une bonne cuite de rêves et de promesses, nous fassions une virée sur ces satanés Grands Boulevards. Mais là , nous l’avouons, nous manquons de tact : poings levés et gorges déployées, nous vendons la mêche. Alors, derrière les rideaux gras des idées toutes faites, des yeux emplis de méfiance nous épient. Derrière les portes blindées de certitudes, des messes basses vont bon train. "T’en fais pas, s’exclame Jojo, faudra bien un jour qu’ils sortent de leurs tanières !".

Jojo, pour ça, il est toujours optimiste (tendance têtue).

Alors, vous comprenez, lorsqu’il s’agit de la solidarité avec Cuba, il ne faut pas s’attendre à de la dentelle. Alors que les Puristes nous pardonnent, que les Historiens nous excusent. Nous ne prétendons pas tout connaître de l’histoire de Cuba, ni même faire oeuvre d’objectivité. C’est juste pour dire que ceux qui apprennent à lire et à écrire à leurs enfants ont raison. Et que ceux qui prétendent qu’interdire de vendre des médicaments est le meilleur moyen de promouvoir la démocratie ont tort. C’est juste pour crier au Président des Etats-Unis : "Arrête un peu tes conneries, tu veux ?".

Longtemps après que le soleil s’est couché, on peut encore apercevoir quelques fenêtres qui restent éclairées d’une lumière autre que celle, saccadée, des téléviseurs. Alors nous reviennent à l’esprit les paroles de ces camarades latinos qui nous disaient, juste avant de disparaître : "Tu sais, camarade, même dans la nuit, dans la nuit la plus profonde, il y a toujours, quelque part, des gens qui sont encore debout.."

- "Hep ! vous là -bas, circulez ! Vous ne voyez donc pas que vous empêchez les gens de dormir ?"

Mais nous on s’en fiche : on est là pour ça.

Viktor Dedaj

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Viktor Dedaj

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