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La fable du chien riche et du chien pauvre

Il était une fois un chien riche qui entra chez le boucher pour se procurer des os.

 Il m’en faut 1000, lui dit le chien riche.

Le boucher abasourdis, se gratta le crâne, puis il cessa, voyant le chien bavant.

 Pour les os, Monsieur Chien, il faut décarcasser toute une bête... Ce n’est pas simple. Et pourquoi 1000 ?

 Il m’en faut 500 pour manger, 200 pour mes vieux jours, et 300 pour investir.

 Avez-vous une idée comment procéder ?

 C’est simple.

Et il lui donna la recette.

Pendant les semaines qui suivirent, une foule de chiens cherchant des os pour manger et à enterrer pour leurs vieux jours demandèrent au boucher des os.

 Je n’en ai pas, répondit le boucher. Mais j’ai de la chair...

 Mais elle flétrit très vite et ne se garde pas ni ne s’enterre. Qu’est ce qu’on a comme avenir ?

La meute se mit à japper, affichant des pancartes.

La retraite, c’est important !

chien

 Revenez la semaine prochaine, j’ai des arrivages de moutons...

Quelques jours plus tard, le chien revint à la boucherie pour tous les os.

 Combien en as-tu ?

 666

 Pardon ? 666 ? Mais ça ne suffit pas... Tu dégraisses trop ta viande. Alors, ils sont repus.

 Je suis un chien-boucher, mais pas un chien...

 Combien vaut ton commerce.

 Bof ! 200,000 $

 Si je t’en donne 5 fois le prix tu pourras avoir tous les os que tu veux pour tes vieux jours.

 5 fois le prix, sursauta le chien-boucher.

 Oui, 5 fois. Même 1,000,000 $.

***

Ils passèrent le contrat chez le notaire, et le chien-boucher en sortit tout heureux et souriant.

Quelques mois plus tard, le chien-boucher voulant acheter des os pour ses vieux jours alla chez son ancienne boucherie.

Il y avait là trois travailleurs : un chien pauvre, devenu boucher, un chien renifleur et un chien de garde.

 Je voudrais 100 os. 50 pour manger et 50 pour enterrer.

Le chien-boucher se mit à rire.

 Je suis chien-boucher et je ne peux même pas m’offrir quelques os à enterrer.

L’ancien chien-boucher fut atterré.

 J’ai de la chair de renard, de poulet, et quelques carcasses de vaches malades. Mais guéries...

 Mais où sont les os de moutons ?

 Je ne sais pas, répondit-il en lorgnant le chien de garde.

Le lendemain, le chien-boucher fut licencié. On lui offrit un poste dans un pays lointain, à un salaire moindre. Il vit passer le même camion qui venait chercher les os derrière l’ancienne boucherie dans laquelle il travaillait et sur lequel était inscrit : FUTURE ARE OS.

Peu à peu, les petites boucheries disparurent, achetées par la compagnie FUTURE ARE OS.

Des chiots et des chiens amaigris travaillaient désormais dans une énorme usine située dans un pays où les chiens ne trouvaient pas d’os. Au moins, ils pouvaient se payer la chair des carcasses.

Les chiens des autres pays durent désormais acheter quelques os et chair congelés.

Ils devinrent lentement édentés, et ne purent se rebeller.

On les avait savamment désarmés.

Gaëtan Pelletier

février 2014

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