Silence, on tue !

On vient de tuer froidement une femme de 41 ans, déficiente mentale, juste après la tombée de la nuit jeudi 23 septembre 2010.

"Il n’y a pas eu de complication", a dit le porte-parole des autorités pénitentiaires. L’injection mortelle s’est très bien passée !...

Les journalistes qui ont assisté à cette exécution ont dit que Teresa Lewis « semblait effrayée » !

Ils ont dit également que son dernier repas, était constitué de « poulet, haricots verts, gâteau au chocolat et tarte aux pommes » ! Quel humanisme !

Cette exécution ne s’est pas passée en Iran, ni à Cuba, ni au Vénézuela etc. mais aux États-Unis, pays qui exporte la lumière, la civilisation, les droits de l’homme, la démocratie... à travers toute la planète.

C’est pour cela peut-être que Teresa Lewis n’a pas mérité les indignations de nos philosophes, artistes, hommes et femmes politiques.

Pas de mobilisation, pas de pétitions, pas de lettres, pas de manifestations pour Teresa Lewis.

Leur émotion et leur indignation très sincères n’ont d’égales que leur silence sur l’exécution de Teresa Lewis.

Il est vrai aussi que Teresa l’américaine n’est pas Sakineh l’iranienne.

L’universalité des émotions s’efface devant les intérêts de la bourgeoisie et de ses serviteurs.

La grandeur de nos intellectuels, artistes etc. et leur capacité à s’émouvoir sont proportionnelles à leur degré de soumission aux puissants.

Peut être pensent-ils que l’injection létale, qui a empêché les poumons de Teresa Lewis de respirer et son coeur de battre, par des américains civilisés est plus raffinée et plus moderne que les pierres jetées par ces grands méchants iraniens, barbus cruels et barbares.

Mohamed Belaali

COMMENTAIRES  

26/09/2010 07:06 par Bernard Gensane

"Il n’y a pas eu de complication". Ils sont vraiment merveilleux !

Les deux auteurs du meurtre avaient, quant à eux, été condamnés à la prison à perpétuité. La justice étatsunienne a exécuté une débile légère qui n’avait tué personne et a laissé en vie deux assassins.

Face à cette loterie morbide, on sait qu’Obama est sur la même ligne que Bush, ou encore Clinton.

Ce deux-poids-deux-mesures m’a remis en mémoire l’exécution de Buffet et de Bontemps en 1972. Après avoir assassiné une femme pour lui voler son sac à main, Buffet avait été condamné à la prison à perpétuité. A son grand désarroi car il voulait en finir avec la vie. Il fut incarcéré à la centrale de Clairvaux et partagea sa cellule avec Roger Bontemps, ancien para, père de famille, condamné à vingt ans de prison et pour vol et agression (il était armé d’un revolver factice). En prison, sous l’influence de Buffet, il se rend complice d’une prise d’otages (un gardien et une infirmière mère de deux enfants) et assiste à leur assassinat par Buffet qui tranche la gorge de ses victimes.

Buffet et Bontemps sont condamnés à la peine de mort. Bontemps intente, en vain, un recours en cassation, ce que refuse Buffet, qui veut en finir avec la vie.

Nous sommes à une époque de grande contestation sociale et de dure répression policière. La droite va se servir du crime horrible de Buffet pour donner du grain à moudre à la majorité de l’opinion publique, favorable à un État fort et à la peine de mort.

Le grand humaniste Georges Pompidou, Président de la République, laissera « la justice suivre son cours » et fera exécuter un homme qui, comme Theresa Lewis n’avait jamais tué et qui, avant le drame de Clairvaux, avait volé deux voitures.

Robert Badinter, avocat de Bontemps, très ébranlé par la mort de son client, publiera un livre magnifique sur le procès et la mise à mort, L’Exécution.

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