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Choses vues en Grèce

Reviens, Solon, ils sont devenus fous !

On a tort de s’énerver sur les jeunes immergés dans leurs Smartphones, tablettes et autres écrans accusés de briser les liens sociaux (« De mon temps, on se parlait ! »). En vérité, c’est la calculette du ministre allemand des Finances qui rend autiste et sec.
J’étais en Grèce il y a quelques semaines et j’y ai vu ce que Wolfgang Schäuble ne saurait voir.

Oradour-Sur Glane ? Ils en ont plus de 900, comme Distomo, village exterminé par la 4e division Waffen-SS. Ne remuons pas un passé presque vieux comme Hérode. N’empêche ! Comment ne pas être bouleversés par l’exposition en vitrine (remember !) de centaines de crânes de suppliciés qui ont péri éventrés, déchiquetés, décapités ? Le plus jeune avait un an.

Je me demande si Angela Merkel ne devrait pas rembourser une dette à la Grèce naguère occupée, martyrisée et pillée.

J’ai vu le défilé des Thermopyles. En août de l’an 480 avant notre ère, avec pour mission (glorieusement réussie) de ralentir la marche de l’ennemi pour laisser à l’arrière du front le temps d’organiser la défense, 300 soldats grecs menés par Léonidas 1er y affrontèrent 10 000 Perses dans un combat de légende qui dura trois jours. Je ne voudrais pas faire une fixette sur l’Allemagne, mais il me revient en mémoire que, dans la Résistance, Roger Vailland développa un réseau de renseignements qu’il baptisa (et ce n’était pas un hasard) « Le réseau Thermopyles », lequel s’avéra d’une extraordinaire efficacité contre l’occupant.

J’ai vu le théâtre d’Epidaure, chef-d’œuvre du génie grec (« Souvent imité, jamais égalé »). Assis tout en haut, j’ai entendu ma compagne, minuscule sur la scène centrale, me chanter une chanson grecque. Je l’ai remplacée pour faire résonner un chant des Républicains espagnols dont on sait qu’ils ont été défaits par les franquistes épaulés par les Allemands de la légion Condor qui s’illustra à Guernica. Encouragé, un jeune français me succéda pour offrir aux 13 000 gradins (vides à 99,99 %) un autre chant républicain (anarchiste) espagnol. Emotion.

Avec un petit groupe, nous avons dîné dans la taverne traditionnelle San Stou Psirri à Athènes en compagnie de Farid Fernandez, ambassadeur de la république bolivarienne du Venezuela, inquiet pour la Grèce, ce « Petit pays par sa superficie, mais grand par son Histoire ». Les événements récents autorisent à inverser : « Grand par son Histoire, mais petit... », hélas ! Nous avons fini la soirée dans un festival antiraciste.

En l’an 640 avant notre ère, quelque part dans une rue avoisinante, était né Solon, un des Sept Sages de la Grèce antique, homme d’État, législateur et poète, vénéré par Xénophon, Platon et Aristote. Il est l’inventeur de la démocratie. Il a aboli une partie des dettes privées et publiques, supprimé l’esclavage pour dettes, faisant passer, pour la première fois au monde, l’intérêt général avant l’intérêt particulier.

J’imagine que Wolfgang Schäuble aurait refusé de se trouver dans la même pièce que lui, non pas parce que Solon était Grec comme Yanis Varoufakis, mais parce qu’il avait probablement contaminé Brecht, Engels et Marx.

Maxime Vivas

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