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The Independent

Révélation d’un plan secret pour maintenir l’Irak sous le contrôle des Etats-Unis.

Bush veut 50 bases militaires, le contrôle de l’espace aérien irakien et l’immunité contre les lois irakiennes pour tous les soldats américains et les sous-traitants.

Un accord secret qui est en train d’être négocié à Bagdad va perpétuer l’occupation militaire irakienne, indépendamment du résultat de l’élection présidentielle états-unienne de novembre (2008).

Les termes de l’accord imminent, dont certains détails ont filtré au The Independent, auront certainement un effet politique explosif en Irak. Des fonctionnaires locaux craignent que le traité, selon lequel les forces états-uniennes occuperont des bases militaires permanentes, pourront mener des opérations et arrêter des irakiens, tout en bénéficiant d’une immunité, déstabilisera la position de l’Irak dans le Moyen Orient et créera les conditions d’un conflit intérieur sans fin.

L’accord menace également de provoquer une crise aux Etats-Unis. Le président George W. Bush fait pression pour que l’accord soit prêt pour la fin du mois prochain afin de déclarer sa victoire militaire et que l’invasion de 2003 fût un succès. Mais perpétuer la présence états-unienne en Irak sapera les promesses de campagne du candidat démocrate virtuel Barak Obama de retirer les troupes s’il est élu en novembre.

De plus, le moment choisi pour cet accord stimulera le candidat républicain, John McCain, qui soutient que les Etats-Unis sont sur le point d’obtenir la victoire en Irak - une victoire qui serait mise en péril, selon lui, si M. Obama retirait le troupes trop tôt.

Les États-Unis ont 151 mille hommes en Irak, et même lorsque se dérouleront les rapatriements programmés le mois prochain, plus de 142 mille hommes séjourneront encore, soit 10 mille de plus qu’avant la « poussée » de janvier 2007. Selon les termes du nouveau traité, les états-uniens conserveront à long terme l’usage de plus de 50 bases en Irak, et ils exigent également l’immunité contre les lois irakiennes pour leurs troupes et leurs sous-traitants et les mains libres pour mener des arrestations et des activités militaires sans consulter le gouvernement de Bagdad.

Les termes exacts des exigences états-uniennes avaient été gardés secrets jusqu’à présent. Ces fuites provoqueront certainement une réaction furieuse en Irak. « Il s’agit d’une violation terrible de notre souveraineté », a dit un politicien irakien, en ajoutant que si l’accord était signé, il délégitimerait le gouvernement à Bagdad qui serait perçu comme un pion des Etats-Unis.

Les États-Unis ont constamment nié qu’ils voulaient des bases permanentes en Irak, mais selon une source irakienne : « Ce n’est qu’un subterfuge tactique ». De plus, Washington veut aussi le contrôle de l’espace aérien irakien au-dessous de 29.000 pieds et le droit de poursuivre la « guerre contre le terrorisme » en Irak, et le droit d’arrêter toute personne et de lancer des opérations militaires sans consulter le gouvernement irakien.

Bush est décidé à forcer Bagdad à signer en l’état le soi-disant « alliance stratégique » d’ici la fin juillet, mais l’accord est déjà rejeté par les iraniens et de nombreux arabes comme une nouvelle tentative des Etats-Unis pour dominer la région. Le puissant leader iranien, Ali Akbar Hashemi Rafsanjani, généralement modéré, a affirmé ce mercredi qu’un tel accord créera une situation « d’occupation permanente », et il a ajouté : « l’essence de ce traité est de transformer les irakiens en esclaves des Etats-Unis. »

On dit que le premier ministre irakien, Nuri Maliki, s’oppose personnellement aux termes du nouveau pacte mais il considère que son gouvernement de coalition ne pourra pas se maintenir au pouvoir s’il perd l’appui des Etats-Unis.

Le traité risque aussi d’exacerber la guerre livrée, via des intermédiaires, entre l’Iran et les Etats-Unis pour étendre leur influence en Irak.

Bien que certains ministres irakiens aient promis de rejeter tout accord qui limiterait la souveraineté de l’Irak, les observateurs politiques à Bagdad estiment qu’ils finiront par signer et qu’ils ne cherchent qu’à se marquer dés à présent comme des défenseurs de l’indépendance irakienne. Le seul irakien qui a l’autorité nécessaire pour mettre fin à l’accord est le leader Spirituel de la majorité chiite, le grand ayatollah Ali Sistani. En 2003, c’est lui qui avait obligé les Etats-Unis à accepter un référendum sur la Nouvelle Constitution irakienne et l’élection d’un Parlement. Cependant, on pense que le leader spirituel croit qu’en perdant l’appui des Etats-Unis, les chiites, qui avaient gagné la majorité parlementaire en 2005, se retrouveraient grandement affaiblis.

Les Etats-Unis sont ouvertement contre la tenue d’un référendum en Irak sur le nouvel accord de sécurité car ils craignent un rejet. L’influent religieux chiite Moqtada Sadr a appelé ses partisans à manifester tous les vendredis contre l’accord en cours en déclarant qu’il constituait une atteinte à l’indépendance de l’Irak.

Le gouvernement irakien veut retarder la signature du pacte mais le bureau du vice-président Dick Cheney fait pression pour un passage en force. L’ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Ryan Cocker, a passé des semaines à tenter de finaliser un accord.

La signature d’un accord de sécurité, en plus d’un accord autorisant le maintien des troupes états-uniennes pour une période indéfinie, a peu de chances d’être accepté par la majorité des irakiens. Mais les kurdes, qui constituent un cinquième de la population, seront probablement favorables à la présence permanente états-unienne, tout comme les dirigeants politiques sunnites qui veulent que les forces états-uniennes éliminent le pouvoir des chiites. La communauté arabe sunnite, qui a largement appuyé la guérilla contre l’occupation états-unienne, pourrait se retrouver ainsi divisée.

Patrick Cockburn

sources :
ENGLISH
ESPAà‘OL

Traduction Esteban, éditée par le Grand Soir

+ corrections mineures apportées le 9 juin 2008

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