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Rejetons la mesure de la diversité éthnique

MESURER LA DIVERSITE & L’EGALITE DES CHANCES (*)

Le danger des statistiques ethniques : la production technico-scientifique de la "race".

La volonté de connaitre le réel, objet de toute démarche scientifique, doit s’accompagner de la conscience des effets sociaux induits de cette connaissance dans son champs et au-delà de son champs. Dans son champs car les scientifiques ne sont pas malgré leur effort sans à priori idéologique. Patrick TORT épistémologue spécialiste de Darwin a pu écrire (1) qu’il fallait distinguer dans le discours de la science et du scientifique ce qui relève de la science et ce qui relève de l’idéologie. La communauté scientifique détermine péniblement la vérité scientifique atteinte alors que l’idéologie répète le même discours puisqu’elle n’a pas d’histoire. Dans son champs mais aussi hors de son champs car les produits de la science sont désormais largement vulgarisés et diffusés et avec des biais déformants. Pire les résultats peuvent être immédiatement instrumentalisés par les administrations policières. Concernant les statistiques dites ethniques l’effet nuisible est antérieur comme inhérent à sa production. En effet, améliorer l’outil statistique dans ce domaine n’est pas une opération technique neutre, elle peut conduire à créer des races et du racisme.

Face à ce danger on trouve plusieurs positions :

Deux "pour" et quatre "contre" pour simplifier. Pour : L’une explicititement politique (réactionnaire) se félicite de ces techniques à des fins sécuritaires dans le cadre du "choc des civilisations" ou d’admission-expulsion du territoire dans le cadre des migrations mondialisées. L’autre déclare produire ces recherches pour résorber les discriminations racistes et/ou faciliter l’intégration. En somme dans cette dernière perspective, on créé la race comme critère de connaissance pour l’effacer comme réalité sociale.

Contre : L’une signale que le ver est nécessairement dans le fruit puisque créer des races c’est d’emblée du racisme. L’autre ajoute qu’une telle production est nécessairement dangereuse. Une telle production va à l’encontre du souhaitable puisque le racisme est un mode de dépréciation et d’exclusion qui vient s’ajouter à celui de la xénophobie et du nationalisme qui sont déjà des modes nuisibles de rejet de l’autre. Enfin, s’ajoute aussi l’objection de "l’assignation à l’identité" issue soit du refus d’être identifié par les dénommés soit par l’impossibilité d’une identification. Ce qui renvoi au plan scientifique au caractère arbitraire des catégories disponibles. Cette quatrième critique boucle le cercle d’effacement de la logique identitaire et raciste.

Ce qui s’est produit entre 1990 et 1995 (2) tend à démontrer qu’une telle initiative de racialisation du monde à des fins antiracistes est dangereuse.

C’est en effet en1991, à l’initiative de Michèle TRIBALLAT qu’un changement important intervient du côté de statisticiens démographes. Elle ajoute deux critères nouveaux à la seule distinction légale antérieure qui portait sur la nationalité (carte d’identité nationale ou passeport étranger) : le critère de la langue maternelle qui détermine une appartenance ethnique et le critère du lieu de naissance des parents qui détermine une origine ethnique. L’apport est vivement critiqué par le démographe Hervé Le Bras ou par Ursula Gauthier (cf "Des dérapages racistes à l’INED ?" in Nouvel Observateur du 19 nov 1998) : "Chez Triballat, les Européens sont classés par nationalité, qu’elle appelle "ethnie" par commodité : elle invente une "ethnie portugaise", une "ethnie italienne", etc. Dès qu’on traverse la Méditerranée, les détails s’affinent, les nations s’effacent : les Algériens : les Algériens, par exemple, sont soit Kabyles, soit Arabes... Quand on parvient en Afrique noire, le souci du détail devient plus extrême encore, et moins pertinent..."

Cet apport ethnicisant des rapports sociaux a été aussi récupéré avec bonheur par l’extrême droite avec Philippe Boursier du Carbon du FN et le Club de l’Horloge avec Henry de Lesquen puis, beaucoup plus tard après le 11 septembre 2001 et en sens inverse par les Indigènes de la République puisque les résultats "ethniques" laissaient apparaitre d’une part une minorité immigrée et des "Français de souches" que la porte-parole des Indigènes nommera "souchiens". Outre le racisme dans un sens ou un autre c’est aussi une vision communautariste qui tend à s’imposer en France après d’autres pays . Ces critères ont permis la prise en charge des intérêts identitaires et communautaires. Ainsi, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a dans cette logique commandé un sondage en 2006 pour connaitre la population noire en France ( voir son site).

Refus et alternative

La réponse passe par le refus des statistiques dites "ethniques" et la promotion de l’égalité de traitement dans la société et dans les entreprises privées (3) telle que précisée par la loi du 6 nov 2001 qui a ajouté de nouveaux critères dans le code du travail : Aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement ou de l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de formation, de reclassement, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses moeurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son patronyme ou, sauf inaptitude constatée par le médecin du travail dans le cadre du titre IV du livre II du présent code, en raison de son état de santé ou de son handicap. (art L 122-45).

Tout principe juridique est susceptible d’assouplissement et d’exceptions. Mais ces exceptions doivent être justifiées. C’est alors aux responsables politiques (ou d’entreprises) de justifier les éventuelles exceptions comme pour le cas du handicap ou de la santé. C’est tout autre chose car ce n’est plus à la victime de présupposer un désavantage qu’elle se cherche et de par exemple révéler son homosexualité ou son "apparence physique" disgracieuse comme motif d’exclusion.

Christian DELARUE

(* ) Pour aller plus loin que cette présentation succincte notamment à la suite du discours du 17 décembre 2008 à Palaiseau de M Sarkozy Président de la République réclamant des outils statistiques et du rapport de M. Yazid Sabeg de mai 2009 on consultera les nombreux liens vers des études, des colloques sur Débats MRAP sur la "diversité des origines ethniques" le 26/9/09 à Paris.

1) Patick TORT in La pensé hiérarchique et l’évolution.

2) Cent ans d’immigration, étrangers d’hier, Français d’aujourd’hui. Apport démographique, dynamique familiale et économique de l’immigration étrangère, Paris, Presses universitaires de France, Institut national d’études démographiques, 1991 et Faire France : une grande enquête sur les immigrés et leurs enfants, La Découverte, 1995.

3) Dans la fonction publique la laïcité impose un principe de neutralité.

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